«Mieux vaut un bon terrain synthétique qu’un champ de patates», lance en préambule Gaëlle Thalmann, gardienne de l’équipe de Suisse aux 94 sélections. Après 15 ans au haut niveau, la Fribourgeoise relève l’importance d’une surface en bon état: «Pour notre style de jeu, il est crucial d’avoir un terrain de qualité, qu’il soit en gazon ou en pelouse synthétique. C’est ça qui nous permet de mettre notre système tactique en place.»
Depuis plusieurs années, l’équipe de Suisse féminine évolue presque exclusivement sur synthétique à domicile: les joueuses à croix blanche ont ainsi disputé sept de leurs neuf dernières rencontres officielles sur les terrains artificiels de Thoune et Schaffhouse. La Nati a exceptionnellement joué deux matches sur le gazon du Letzigrund en octobre dernier en prévision de l’Euro 2022, que la Suisse disputera cet été en Angleterre sur des pelouses entièrement naturelles.
Un risque de blessure plus important
Un choix qui a de quoi surprendre, car il n’est pas sans danger. Le gazon artificiel expose davantage les organismes aux blessures. «Le synthétique est plus dur. Les articulations subissent donc un nombre plus grand et plus fréquent de vibrations et d’impacts prédisposant à des tendinites ou des périostites», explique Sylvia Bonfanti, médecin du sport à la Clinique La Colline à Genève.
Les femmes encourent même un risque accru: «Le valgus du genou, la plus petite taille des os et du ligament croisé, ainsi que le manque de force et de contrôle neuromusculaire jouent un rôle important», ajoute la spécialiste, précisant que les lésions aux ligaments croisés sont jusqu’à huit fois plus nombreuses chez les footballeuses.
Jongler avec les surfaces
Avant de pouvoir penser à l’Euro, les joueuses de la Nati abordent actuellement une période décisive pour la qualification à la Coupe du monde 2023. Elles s’y préparent notamment au GC Campus, en banlieue zurichoise. Dans la fraîcheur coutumière du mois d’avril, une évidence a sauté aux yeux en début de rassemblement: lors du premier entraînement matinal, les joueuses évoluaient sur un terrain tout en naturel, alors qu’elles joueront leur match décisif contre l’Italie sur le synthétique de la Stockhorn Arena.
La raison se trouvait du côté de Bucarest, où la Nati a affronté la Roumanie vendredi sur un gazon classique (match nul 1-1). Une alternance qui ne semble pourtant pas déranger les joueuses: «Ce n’est pas un problème. Des différences existent entre surfaces artificielles et naturelles, c’est vrai, mais l’équipe s’adapte facilement», assure l’arrière Luana Bühler.
Le synthétique avantagerait la Suisse
«Notre philosophie de jeu se base notamment sur la vitesse», ajoute Nils Nielsen, le sélectionneur de l’équipe de Suisse. Le synthétique se différencie en effet du gazon entre autres par la rapidité de circulation du ballon, d’où l’avantage sur cette surface.
Cette situation crée un certain paradoxe: la majorité des footballeuses de la Nati évoluent à l’étranger, où le gazon artificiel n’est pratiquement pas utilisé en match. Un temps d’adaptation est ainsi nécessaire lorsque les joueuses rejoignent l’équipe nationale. «Elles ont besoin de prendre leurs marques et c’est parfois difficile, confirme Dominik Erb, le chef de presse de l’équipe de Suisse. Au début, il faut gérer l’intensité des entraînements.»
L’équipe de Suisse n’attire pas encore les foules. Seules 3’803 personnes étaient présentes au Letzigrund lors du dernier match officiel à domicile. Contrairement à l’enceinte zurichoise, dont la capacité avoisine les 30’000 spectateurs, beaucoup de stades helvétiques à la capacité d’accueil plus restreinte sont munis d’une pelouse synthétique. Si la taille de l’infrastructure avait pu expliquer le choix de l’ASF, le type de terrain représente bien le critère principal de la fédération suisse, selon ses explications. Et ce, malgré les risques existants.
Cet article a été réalisé par des étudiants de l'Académie du journalisme et des médias (AJM) de Neuchâtel. Ces derniers sont allés à la rencontre de l'équipe de Suisse durant leur préparation dans la région zurichoise. Un atelier organisé par Ugo Curty, notre journaliste spécialiste football.
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- Nati féminine: en vingt ans, peu de changement
Cet article a été réalisé par des étudiants de l'Académie du journalisme et des médias (AJM) de Neuchâtel. Ces derniers sont allés à la rencontre de l'équipe de Suisse durant leur préparation dans la région zurichoise. Un atelier organisé par Ugo Curty, notre journaliste spécialiste football.
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