Le sujet est éminemment émotionnel, la polémique ne désenfle pas. Depuis mardi soir, de nombreux membres du personnel soignant sont très remontés et partagent leur fiche de paie sur les réseaux sociaux en identifiant la RTS.
La raison? Les salaires bruts de la branche dévoilés à l’antenne durant le «19h30» seraient, d’après eux, largement surestimés. En pleine campagne de l’initiative «pour des soins infirmiers forts», certains ciblent le service public, l’accusant même de «désinformation».
Écrivons-le tout de suite: la RTS n’a manipulé personne. Dans son très complet sujet sur l’initiative qui sera soumise au vote le 28 novembre, le «19h30» publie une infographie. Voici ce qu’elle indique, sous le titre de «salaires bruts par mois»:
- Infirmier/ière diplômé/e: 7429 francs
- Personnel soignant: 5433 francs
- Aide-soignant: 5120 francs
Le média commet une seule erreur, qu’il a par la suite corrigée sur son groupe Facebook Info Verso. La voix off commente ces chiffres issus de l’Office fédéral de la statistique (OFS) pour l’année 2018 en parlant de salaires moyens, alors qu’il s’agit de salaires médians.
La différence est importante: le salaire moyen d’une branche est la moyenne par personne de l’ensemble des salariés considérés. Le salaire médian, quant à lui, est une valeur qui indique que 50% des salariés gagnent davantage que ce niveau de rémunération tandis que l’autre moitié se situe en dessous.
Sur le site internet de la Confédération, l’OFS apporte des précisions. «Le salaire médian des infirmiers/ères diplômés est d’environ 7400 francs brut par mois pour un équivalent plein-temps (1/12 du 13e salaire y compris; selon les estimations de l’OFS portant sur l’année 2018).»
Et de compléter: «Le salaire médian évolue avec l’expérience professionnelle. Selon les estimations de l’OFS (2018), le salaire médian des infirmiers/ères diplômés/ées au début de leur vie professionnelle est d’environ 6600 francs brut par mois pour un équivalent plein-temps (1/12 du 13e salaire y compris). Après 20 ans et plus d’activité, il est d’environ 8700 francs brut par mois.»
«La vérité est bien loin»
D’après Isabelle Lehn, la directrice des soins du CHUV, les statistiques ont mal été contextualisées au «19h30» et ne seraient pas fidèles à la réalité de la profession. «Les chiffres annoncés par la RTS sont un salaire médian à 100% et non annoncé ainsi, écrit-elle sur LinkedIn. Ce qui signifie d’y inclure toutes les infirmières, expertes en anesthésie, soins intensifs, urgences… et non expertes, et toutes avec un taux à 100% et en y incluant les indemnités de nuit et le 13e salaire. La vérité est bien loin de cela.»
De son côté, la section Neuchâtel/Jura de l’Association suisse des infirmières et des infirmiers (ASI) tient à rappeler, toujours sur le réseau social professionnel, que «le salaire d’un infirmier débute à environ 5000 francs brut et peut aller jusqu’à 7000 francs en fin de carrière. De plus, l’initiative demande un financement différent des prestations infirmières et non une revalorisation salariale immédiate».
Alberto Mocchi, secrétaire général de la branche vaudoise de l’ASI et président des Verts vaudois, partisan du oui à l’initiative du 28 novembre, critique lui aussi les chiffres de l’OFS qui restent malgré tout une réalité statistique. «Il y a de grandes disparités dans les salaires en fonction de l’employeur — public ou privé — et des cantons, assure-t-il. En outre, dans cette profession qui est épuisante, très peu de gens travaillent toute leur carrière à 100% et les paliers indiqués en référence ne sont ainsi que rarement atteints.»
Le Vaudois donne un exemple: «Une infirmière sans spécialisation qui travaille au CHUV touchera jusqu'à 10% de plus que dans le parapublic. Il faut maintenant être clair: les gens ne quittent pas la profession à cause des salaires mais à cause des conditions de travail. C’est cela qui doit changer et un oui à l’initiative le permettrait.»
Que demande l'initiative populaire sur les soins infirmiers? Le texte veut que la Confédération et les Cantons se mouillent: davantage de places de formation et des indemnisations de formation plus élevées doivent permettre d’augmenter l’attractivité du métier qui peine à attirer suffisamment de personnel.
Par ailleurs, l'objectif est d’éviter que trop de salariés abandonnent la profession, analyse «24 heures». Pour améliorer les conditions de travail, la proposition demande des horaires fiables, des structures favorables aux familles et des possibilités de faire carrière, mais aussi une revalorisation salariale. Enfin, pour assurer la qualité des soins, l’initiative exige un nombre suffisant de soignants, ce qui passe par une rémunération plus importante des soins.
Un contre-projet dans la balance
Pour les opposants à l’initiative, dont le Valaisan Philippe Nantermod, il faut toutefois préférer le contre-projet. Celui-ci entrerait en vigueur en cas de non le 28 novembre. Il met sur la table jusqu’à 1 milliard de francs à engager dans la formation et la formation continue. Il offre aussi la possibilité aux infirmières et infirmiers de facturer directement certaines prestations à l’assurance obligatoire des soins, moyennant un contrôle.
«L’initiative est dans une logique à la française», estime le conseiller national PLR, toujours dans le grand quotidien vaudois. «D’un hôpital à l’autre, les conditions de travail et les salaires ne sont pas les mêmes, ce qui est logique et compréhensible. On ne peut pas pousser la Confédération à intervenir sur le marché du travail.» Concrètement, il estime que les conditions de travail ou de rémunération n’ont rien à faire dans la Constitution. La population a pile-poil un mois pour mûrir sa réflexion.
Que demande l'initiative populaire sur les soins infirmiers? Le texte veut que la Confédération et les Cantons se mouillent: davantage de places de formation et des indemnisations de formation plus élevées doivent permettre d’augmenter l’attractivité du métier qui peine à attirer suffisamment de personnel.
Par ailleurs, l'objectif est d’éviter que trop de salariés abandonnent la profession, analyse «24 heures». Pour améliorer les conditions de travail, la proposition demande des horaires fiables, des structures favorables aux familles et des possibilités de faire carrière, mais aussi une revalorisation salariale. Enfin, pour assurer la qualité des soins, l’initiative exige un nombre suffisant de soignants, ce qui passe par une rémunération plus importante des soins.
Un contre-projet dans la balance
Pour les opposants à l’initiative, dont le Valaisan Philippe Nantermod, il faut toutefois préférer le contre-projet. Celui-ci entrerait en vigueur en cas de non le 28 novembre. Il met sur la table jusqu’à 1 milliard de francs à engager dans la formation et la formation continue. Il offre aussi la possibilité aux infirmières et infirmiers de facturer directement certaines prestations à l’assurance obligatoire des soins, moyennant un contrôle.
«L’initiative est dans une logique à la française», estime le conseiller national PLR, toujours dans le grand quotidien vaudois. «D’un hôpital à l’autre, les conditions de travail et les salaires ne sont pas les mêmes, ce qui est logique et compréhensible. On ne peut pas pousser la Confédération à intervenir sur le marché du travail.» Concrètement, il estime que les conditions de travail ou de rémunération n’ont rien à faire dans la Constitution. La population a pile-poil un mois pour mûrir sa réflexion.