Le taux d'approbation de l'initiative a atteint un niveau record
Les cœurs battent pour l'initiative pour l'initiative des soins infirmiers

Le soutien aux travailleurs de la santé est plus populaire que jamais. La crise sanitaire aura au moins eu le mérite d'offrir un cadre favorable à des réformais attendues depuis longtemps dans le secteur.
Publié: 24.10.2021 à 12:25 heures
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Dernière mise à jour: 24.10.2021 à 12:55 heures
Lorsque l'initiative sur les soins a été déposée en novembre 2017, presque personne n'aurait parié qu'elle passerait auprès des électeurs.
Photo: keystone-sda.ch
Sven Zaugg

Lorsque l'initiative sur les soins infirmiers a été déposée en novembre 2017, presque personne n'aurait parié cinq centimes qu'elle passerait auprès des électeurs.

La dernière initiative sur la santé, de portée similaire, a échoué il y a sept ans, avec 71% d'opinions défavorables – lorsqu'il s'agissait encore du régime d'assurance maladie unique. Aujourd'hui, selon un récent sondage de la SSR, le taux d'approbation atteint le chiffre sensationnel de 78%. Seuls 15% des électeurs seraient contre.

Cela signifie que la réforme des soins a de bonnes chances d'être la première initiative lancée par un syndicat à être acceptée. Et elle pourrait même rafler un autre record: le plus haut pourcentage de «oui» dans l'histoire de la Suisse moderne a été enregistré en 1993 pour l'initiative populaire pour un 1er août sans travail (83,8%) – en deuxième position se trouve une initiative de 1921 avec un pourcentage 71,4% de «oui». Cette dernière pourrait être détrônée par l'initiative santé à venir.

Un tiers des professionnels tournent le dos au métier

Il reste cinq semaines avant le scrutin. Pour Yvonne Ribi, directrice générale de l'Association suisse des infirmières et infirmiers (ASI), l'essentiel est de ne pas laisser tomber la balle. «Il est important que tous ceux qui disent oui aujourd'hui votent également. Et nous avons également besoin de la majorité des cantons.»

Le fait que le peuple suisse prenne soudainement parti pour les soignants n'est pas sans lien avec la pandémie. En effet, les images d'infirmières de soins intensifs en pleurs et épuisées sont gravées dans la mémoire collective. Néanmoins, ce n'est pas seulement le sentimentalisme provoqué par le virus qui a donné de l'élan au projet. Un facteur plus pragmatique a aussi fait pencher la balance: si les choses continuent sur la même lancée, il y aura une pénurie de 65'000 professionnels des soins infirmiers dans dix ans, selon l'Observatoire suisse de la santé.

Selon Jobradar, plus de 11'700 emplois d'infirmiers étaient vacants au troisième trimestre de cette année. Autre chiffre inquiétant: peu après la fin de leur formation, un tiers des professionnels tournent le dos au métier.

Débat cynique au Parlement

Le SonntagsBlick s'est entretenu avec une douzaine d'infirmiers et d'infirmières. En somme, ils critiquent les «conditions de travail précaires», la «mince couverture du personnel», et le fait qu'il ne reste pratiquement plus de temps pour la formation. Ils mettent en garde contre le risque d'une augmentation du taux d'erreurs dans les traitements, mettant en danger «le bien-être et la sécurité des patients».

L'infirmière en chef d'un grand hôpital de Suisse orientale se plaint surtout du manque d'autonomie: si elle veut passer une pommade sur un patient, lui mettre des bas de contention ou le soutenir d'une autre manière, elle a besoin du consentement d'un médecin. Un exemple de signe de mépris auquel se confronte le personnel infirmier de façon générale. Si l'initiative est acceptée, le corps de métier se verrait accorder davantage de compétences.

Néanmoins, le Conseil fédéral et le Parlement rejettent l'initiative - principalement pour des raisons de politique réglementaire. Le fait que les préoccupations d'un groupe professionnel individuel ne devraient pas être réglementées par la constitution fédérale peut encore être un argument acceptable. Mais le cynisme de certaines parties du débat parlementaire ne l'est certainement pas.

Une victoire historique en vue

En pleine pandémie, en juin de l'année dernière, Hannes Germann (UDC), conseiller aux Etats de Schaffhouse, a répondu à l'alerte sur l'indispensabilité des infirmières en déclarant de manière désinvolte: «Il y a beaucoup de professions indispensables pour le système. Peut-être que même nous, les politiciens, finirons par être considérés comme vitaux.» Son collègue conseiller municipal zougois Peter Hegglin (Centre) a estimé quant à lui: «Aujourd'hui, ni la situation du personnel ni les salaires ne peuvent être une raison pour revaloriser les soins infirmiers.»

Entre-temps, le vent a sensiblement tourné, notamment pour ce qui est du Centre et des Vert'libéraux (PVL). Au Parlement, le PVL ne voulaient rien entendre de l'initiative. Mais il y a une semaine, le parti a changé de tactique: il soutient désormais officiellement l'initiative. La situation est similaire pour l'ex-PDC: à l'exception de deux voix, les conseillers nationaux du Centre avaient initialement refusé de soutenir l'initiative. Entre-temps, les délégués du parti ont décidé d'opter pour l'abstention.

Les infirmières et infirmiers peuvent déjà se targuer d'avoir donné tort à l'establishment politique. Ils sont en passe de remporter une victoire historique.

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