Stupeur au Palais fédéral! Lors du débat sur le plan de sauvetage des entreprises électriques, le conseiller national UDC Christian Imark a menacé ce mardi la conseillère fédérale PS Simonetta Sommaruga.
«Madame la conseillère fédérale: si vous devez appliquer cet hiver les scénarios d’urgence annoncés, les gens descendront dans la rue et ils exigeront bien plus que votre démission», a déclaré le Soleurois. Avant de s’insurger encore: «Vous et votre parti, qui avez défendu pendant des années les dogmes des lobbyistes gauchistes de la transition énergétique dans cette salle, vous vous êtes complètement trompés de calcul!»
Christian Imark ne dit certes pas explicitement ce que Sommaruga doit craindre exactement. La déclaration parle toutefois d’elle-même: ce n’est pas seulement la démission de Sommaruga qui serait demandée, mais «bien plus». Pour plusieurs auditeurs présents, la déclaration de Christian Imark doit être considérée comme un appel à la violence.
Christian Imark a «dépassé les limites»
Les politiciennes et politiciens de gauche réagissent avec indignation. Que l’UDC attaque frontalement la ministre de l’Energie n’a rien de nouveau. Mais pour le coprésident du PS Cédric Wermuth, avec cette déclaration, l’adversaire politique va clairement un peu trop loin. «Il y a des limites à ce qui peut être dit, même dans une démocratie», a tweeté l'Argovien. Selon lui, la campagne de l’UDC a «dépassé les limites».
La cheffe du groupe des Verts, Aline Trede, reproche à l’UDC d’avoir complètement perdu toute décence: «Des excuses, ça serait la moindre des choses!» Le conseiller national PLR Christian Wasserfallen rejoint également Cédric Wermuth sur Twitter en affirmant que Christian Imark est allé trop loin avec ses déclarations.
Il fait toutefois remarquer que les présidents du PS, Cédric Wermuth et Mattea Meyer, tous deux anciennement actifs au sein de la Jeunesse socialiste, ne sont pas les bonnes personnes pour critiquer le «trumpisme» en politique.
Dans la salle du Conseil national, la déclaration de Christian Imark n’a eu aucune conséquence. La présidente du Conseil national, Irène Kälin, a renoncé à une réprimande – et continue de le faire, du moins publiquement. Interrogée par Blick, la Verte n’a pas souhaité commenter cette déclaration polémique.
Le conseiller national UDC se défend
Christian Imark, quant à lui, ne veut pas que ses paroles soient interprétées comme une menace, mais comme un «pronostic», explique-t-il à Blick: «On a vu avec le Covid ce qui peut arriver quand on prive les gens de leur liberté. Si on leur coupe l’électricité, les conséquences seront plus graves. C’est ce que je voulais souligner.»
Selon lui, le PS est responsable de la débâcle de l’électricité. La raison: le parti aurait largement influencé la stratégie énergétique prétendument coupable d’avoir catapulté la Suisse dans la crise. «Maintenant, le PS essaie de détourner l’attention en comprenant volontairement mal ce que j’ai dit», avance-t-il. Il ne s’agirait pas de mettre le feu aux poudres, mais simplement de tendre un miroir à la gauche, dit-il.
Christian Imark se défend également contre le reproche de la gauche de n’avoir livré aucune proposition constructive dans le débat sur le plan de sauvetage: «L’UDC a de nombreuses propositions pour éviter le pire. Mais au lieu de cela, les casinos des barons de l’électricité doivent être sauvés avec l’argent des contribuables. Nous n’y participerons pas.»
Multiples attaques verbales
C’est pourtant un conseiller fédéral UDC qui s’est récemment rangé derrière le deal Axpo: le ministre des Finances, Ueli Maurer. Celui-ci est convaincu que le plan de sauvetage est une bonne affaire pour la Confédération. Axpo gagne tellement d’argent que l’entreprise le remboursera, a-t-il récemment déclaré dans une interview à Blick.
Lors de la pandémie de Covid-19, l’UDC avait déjà joué un rôle peu glorieux en lançant des attaques verbales en dessous de la ceinture contre des conseillers fédéraux et des fonctionnaires. Le parti avait par exemple provoqué l’émoi lorsque le ministre de la Santé, Alain Berset, avait été traité de dictateur.