«Inflation»: un mot qui fait peur à beaucoup de Suisses à mesure que la pression sur leur porte-monnaie augmente. Jusqu'ici, les bénéficiaires de l'aide sociale, les rentiers AVS et les bas salaires étaient habitués à compter chaque sou à la fin du mois, même dans un pays aussi riche que le nôtre. Voilà que la classe moyenne doit s'habituer à cette nouvelle réalité: il faut se serrer la ceinture.
À quel point le budget d'une famille «normale» va en pâtir? C'est la question à laquelle Blick a voulu répondre. Prenons une famille avec deux enfants et un revenu net de 7500 francs, les Rochat (nom choisi au hasard). Est-il toujours possible de vivre un mois avec ce budget tout en mettant de côté pour les vacances et les imprévus?
La Suisse, pas habituée à l'inflation
En Suisse, l'inflation s'élève à 3,5%, selon les chiffres de l'Office fédéral de la statistique. C'est peu, en comparaison internationale, mais exceptionnellement élevé pour le pays. «La majorité de la population peut encore faire face à ce renchérissement général, estime Philipp Frei, directeur de l'association faîtière Conseil budget Suisse. Mais les postes fixes que sont le logement, la caisse maladie et l'électricité bondissent.»
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De plus, l'augmentation prochaine des primes d'assurance maladie n'est pas prise en compte dans le calcul de l'inflation par l'OFS. Le panier de consommation courant a augmenté de presque 6% ces derniers mois, selon une société de conseil. Cela représente des coûts supplémentaires de 56 francs chaque mois pour notre famille Rochat.
Les loyers vont augmenter
Mais la majeure partie du budget continue d'être consacrée au logement. Avec la hausse des taux hypothécaires, de nombreux loyers vont augmenter, au plus tard au printemps prochain. D'ici là, ce sont les charges qui vont prendre l'ascenseur, parfois jusqu'à un tiers. Pour notre famille, cela représente 7,7%, soit 147 francs par mois.
Ajoutez à cela l'électricité, à la hausse en moyenne de 27%. Soit 27 francs par mois. Au micro de notre télévision Blick TV, une Argovienne explique qu'elle s'inquiète beaucoup pour les bas salaires. «J'ai dû augmenter la température de mon frigo et je fais plus attention en faisant ma lessive», explique Ursula Abegglen, de Zofingue.
Mais ces espoirs d'une réduction des coûts sont douchés par Philipp Frei. «Il est difficile de faire diminuer sa facture de façon à compenser la hausse des prix, prévient-il. Les plus mal lotis sont les Suisses qui se chauffent au mazout ou au gaz.» En un an, ces deux sources d'énergie ont augmenté respectivement de 86% et 58%.
«Franchement, si ça continue comme ça...»
Après le logement, le poste budgétaire le plus important est celui des primes d'assurance maladie. Selon une étude de Santésuisse, celles-ci pourraient augmenter jusqu'à 10% — et grever ainsi le budget mensuel de notre famille de 90 francs supplémentaires.
Mr et Mme Rochat dépensent 420 francs pour les vêtements et les chaussures de la famille. Des biens qui ont augmenté de 3,7% par rapport à la même période de l'année dernière. Comptons donc 15 francs de plus pour leur budget.
Andreas Rogenmoser, lui aussi habitant de Zofingue, partage l'inquiétude de ses voisins. «Ce sont quelques francs par-ci par-là, mais en additionnant toutes ces petites augmentations, j'en suis à 335 francs de plus chaque mois, explique cet homme de 35 ans. Franchement, si ça continue comme ça, je serai vraiment inquiet pour l'avenir. Ces hausses sont un problème pour nous tous!»
Les vacances de ski en danger
Jusqu'à présent, la famille Rochat comptait 1000 francs pour «le reste». Cela mêle la garde des enfants, le menu de midi au travail, la nourriture pour les animaux de compagnie et les appareils électroniques de la famille. C'est sur ce budget là qu'il fallait rogner pour «libérer» de l'argent pour les vacances et l'épargne.
Mais, problème, un autre poste a fortement augmenté: la voiture. Avec la hausse du prix de l'essence de 26% en moyenne sur un an, ce sont encore quelques francs supplémentaires qui s'envolent du budget familial.
Verdict: l'augmentation des coûts de la famille Rochat sur une année s'élève à 4020 francs. Un sacré montant, qui représente bien davantage que ce qui était dévolu aux vacances. Il va falloir se serrer la ceinture ou sacrifier les vacances de ski. «Beaucoup vont commencer à devoir faire des choix», conclut Philipp Frei. Et espérer que la situation internationale se détende pour faire diminuer la pression, de plus en plus étouffante.