«La situation financière de l’AVS se détériore de plus en plus»: c’était écrit noir sur blanc dans le livret de la Confédération pour la votation sur AVS21. La réforme, acceptée en septembre 2022 à 32’000 voix d’écart, a augmenté l’âge de la retraite des femmes et la TVA. La droite et le Conseil fédéral s’en étaient donné à cœur joie pour effrayer la population à coup de «l’AVS va mal» par là, «l’AVS va mal» par-ci.
Sauf que voilà, l’AVS n’a pas l’air d’aller si mal que ça: l’Office fédéral des assurances sociales (OFAS) vient de découvrir qu'il s'est massivement trompé dans le calcul des dépenses à long terme de l'AVS. En 2033, elles devraient être d'environ 4 milliards de francs inférieures à ce qui avait été articulé jusqu'ici. Le 22 septembre 2022, la population suisse a donc pris une décision sur la base de fausses informations.
On a l'air bien connes
On a l’impression qu’on se fout un peu de notre gueule. Tout est devenu plus cher ces dernières années. Les salaires réels, en tenant compte de l’inflation, baissent depuis trois ans. Une femme sur cinq vit dans la pauvreté une fois âgée et la rente moyenne des femmes à la retraite est de 3’000 francs (contre 4’440 francs pour les hommes).
Et en 2022, on nous a demandé «de faire encore un petit effort» et de travailler une année de plus parce que les finances de l’AVS n’étaient pas reluisantes. On a bien l’air connes maintenant: 4 milliards de francs, c’est plus que ce que l’augmentation de l’âge de la retraite des femmes et l’augmentation de la TVA réunis étaient censés faire «économiser» chaque année.
Surtout que ça fait un moment que la droite annonce la faillite prochaine de l’assurance-vieillesse. Dans les années 2000, la Confédération prévoyait des déficits de plusieurs milliards pour l’AVS. Sauf que voilà, jamais une seule prévision alarmiste sur l’état des finances de l’AVS ne s’est réalisée: il y a aujourd’hui 50 milliards de francs dans les réserves de l’AVS. Par contre, ce qui s’est bien réalisé, ce sont les réformes antisociales sur le dos des femmes et des classes populaires justifiées par ces mêmes prévisions mensongères.
Un tort qui doit être réparé
Avec la réforme fiscale et du financement de l’AVS (RFFA), on coupe les budgets de la formation et de la santé pour compenser la baisse de l’imposition des entreprises. Avec AVS21, on a fait payer les pauvres en augmentant la TVA: quand on a moins d’argent dans le porte-monnaie, chaque taxe proportionnelle nous touche de façon disproportionnée. On a volé 7 milliards de francs de rentes aux femmes en augmentant l’âge obligatoire de leur retraite et on a récemment supprimé les rentes de veuves et veufs.
Ce n’est pas un hasard si la droite attaque constamment l’AVS: contrairement à l’épargne privée, il n’est pas possible de faire des profits avec l’argent de l’assurance-vieillesse. Alors autant tout faire pour empêcher un renforcement de l’AVS. La droite défend ainsi les régressions sociales les unes après les autres alors qu’elle n’aura jamais à se soucier d’avoir une rente de misère, à se réveiller tous les matins avec le mal de dos ou à craindre de mourir avant la retraite.
Les femmes et les classes populaires, si. Et ce sont elles, c’est nous qui tenons ce pays debout. Alors quand on a été mises à genoux le 22 septembre 2022 sous prétexte que les finances de l’AVS allait mal, c’était à tort. Ce tort doit être maintenant réparé: c’est pourquoi les Femmes socialistes ont déposé cette après-midi un recours contre la votation sur AVS21. On ne joue pas avec la vie des gens sur la base de prévisions mensongères.