Cela fait quelques semaines qu’une poignée d’ultra-riches menacent de quitter le pays. Non pas à cause de l’initiative de l’UDC «Pas de Suisse à 10 millions», dont le départ de quelques milliardaires serait la seule conséquence réjouissante, mais à cause de l’initiative pour l’avenir. Car seule une politique climatique socialement juste pourra nous garantir un environnement viable pour notre génération et celles qui viennent.
Pour ce faire, l’initiative de la Jeunesse socialiste suisse propose un impôt de 50% sur la part des successions dépassant les 50 millions de francs. Les recettes fiscales ainsi générées, estimées à environ 6 milliards de francs par année, devront être investies dans la transformation écologique de l’ensemble de notre économie: nous pensons par exemple aux reconversions professionnelles pour les personnes travaillant dans des domaines polluants, au développement massif des énergies renouvelables et des transports publics, ou encore aux rénovations énergétiques des logements.
Tout faire pour ne pas parler de climat
Est-ce que vous savez combien de personnes pourront léguer un héritage de plus de 50 millions de francs? Environ 2’000 personnes en Suisse, soit 0,035% des contribuables. C’est donc une poignée d’ultra-riches qui pleurent bien fort ces derniers temps et dont le but est actuellement de détourner l’attention de la réelle question posée par l’initiative: quelle politique climatique voulons-nous? Et qui doit payer pour celle-ci?
Car les ultra-riches ont une responsabilité accablante dans la crise climatique: le 1% le plus riche de la population mondiale pollue donc autant que les 60% les plus pauvres. En Suisse, la situation n’est pas meilleure: alors qu’une personne moyenne émet 13 tonnes de CO2 par année, Ernesto Bertarelli, 7e fortune de Suisse, en émet 770 fois plus!
Et ce n’est pas fini: le mode de vie luxueux des ultra-riches n’est que la pointe de l’immense iceberg de leur responsabilité dans la crise climatique. La grande majorité des émissions de CO2 du 1% le plus riche sont dues à ses investissements, notamment dans les carburants fossiles. Les riches ont beaucoup d’argent, qu’ils et elles investissent là où les profits sont garantis. Et l’or noir ne s’appelle pas comme ça pour rien. Résultat: on estime que les 15 familles les plus riches de Suisse sont responsables d’autant d’émissions que 99% de la population.
Mais les Bertarelli, Spuhler, Blocher et autres ultra-riches comptent bien tout faire pour le rester. Et pour cause: c’est le système à l’origine de la crise climatique – le capitalisme – qui leur a permis d’accumuler cette richesse indécente. Chaque heure, les 300 personnes les plus riches de Suisse voient leur fortune augmenter de 2,4 millions de francs. Cet argent ne tombe pas du ciel, il est issu du travail de la majorité de la population et d’exploitation de nos ressources naturelles et est capté par les ultra-riches.
L’éternel chantage des ultra-riches
Pourtant, c’est avec cet argent que les ultra-riches s’achètent des campagnes médiatiques, avec le soutien de leurs fidèles serviteurs, les partis de droite. Ces derniers appellent d’ailleurs à invalider l’initiative sans même que la population suisse puisse se prononcer. Elle est belle, notre démocratie.
Dans tout ce remue-ménage des dernières semaines, rares ont été les mentions d’une politique climatique socialement juste alors même que c’est le sujet de l’initiative. À la place, une poignée de multi-milliardaires montrent leurs larmes de crocodiles dans les médias.
Mais combien de fois avons-nous déjà entendu que «c’est mauvais pour l’économie», que «les riches vont partir», que «les PME vont souffrir»? Combien de votations ont été gagnées par la droite grâce à ce chantage? Combien d’avancées sociales ont été refusées par une population à qui on avait fait peur, se retrouvant ainsi à voter contre ses propres intérêts?
Heureusement, il n’en a pas toujours été ainsi. Parce que si à travers l’histoire nous avions cru chaque mensonge du patronat, nous en serions encore à travailler 14 heures par jour, sept jours sur sept, et sans vacances. Et on l’a vu le 3 mars dernier avec la 13e rente AVS: lorsque la population cesse de croire aux annonces apocalyptiques de la droite, alors des améliorations de la vie des gens sont possibles.
Nous avons urgemment besoin d’une politique climatique sociale
Maintenant, il y a urgence climatique! Les laves torrentielles, crues et éboulements de cet été ne sont qu’un avant-goût de ce qui pourrait se produire ces prochaines années. Alors cessons d’écouter les jérémiades des ultra-riches car c’est le moment qu’elles et ils passent à la caisse. Tournons le dos à la politique climatique inefficace et injuste de ces dernières années. Et construisons ensemble une politique climatique sociale qui garantira notre avenir.
(Cette chronique a été co-écrite avec Thomas Bruchez, militant de la Jeunesse socialiste)