Tout schuss! L’offensive de la France au Forum économique mondial de Davos s’annonce, cette année, comme une descente de ski à pleine vitesse pour son président. Dans la neige de la station des Grisons, où Emmanuel Macron sera présent les 16 et 17 janvier, le drapeau tricolore va enfin rimer avec attractivité industrielle, capitalisme et profits pour les investisseurs.
«En sept ans, l’économie française a rattrapé son retard, corrigé ses faiblesses majeures, affirmé ses ambitions» a d’emblée annoncé ce lundi 8 janvier le ministre des finances Bruno Le Maire, lors de sa traditionnelle cérémonie de vœux. C’est entendu: la «start-up nation» vantée par Macron en 2017 n’est peut-être pas encore celle qu’il espérait, mais venir à Davos n’est plus tabou.
Cette campagne de séduction tous azimuts est logique. Paris accueillera, à partir du 26 juillet, les Jeux Olympiques d’été 2024, vitrine autant sportive qu’économique et touristique. Une campagne est même prête, en anglais: «Make it iconic» (Faites l’inoubliable), préparée par le consortium Choose France chargé d’organiser, chaque année, un sommet pour les investisseurs internationaux au Château de Versailles. Emmanuel Macron, qui adore s’exprimer en anglais, a balayé les objections de ceux qui ne trouvaient pas habile de vanter les mérites de son pays dans la langue de Shakespeare, alors que celle de Molière est l’une des langues officielles du CIO. C’est à Frédéric Michel, son ex-conseiller en communication, qu’est revenue l’idée de cette campagne «iconic». Mais l’intéressé, formé à Londres, ne sera plus à l’Elysée pour en mesurer l’impact. Il vient de quitter ses fonctions pour rejoindre MCH Group, la firme suisse qui organise notamment Art Basel.
La nation la plus attractive
Retour sur les chiffres qu’Emmanuel Macron va bien sûr répéter à Davos, où il s’était pour la première fois rendu en 2016, comme jeune ministre de l’Économie, avant d’y retourner en 2018 comme président. «Nous avons engagé la réindustrialisation de la France. Nous avons créé 100'000 emplois industriels, ouvert 300 usines, réhabilité des sites, relancé le nucléaire» a plaidé Bruno Le Maire. Pour celui-ci, l’affaire est conclue: «Nous sommes devenus la nation la plus attractive pour les investissements en Europe» a poursuivi le ministre des Finances. A charge, pour le Chancelier Olaf Scholz qui sera aussi présent dans les Grisons, de démontrer que l’Allemagne n’est pas en panne, malgré ses difficultés économiques.» «Macron est bien plus Davos-compatible que Scholz juge un de ses conseillers. Il a pris des risques. Il a imposé la réforme des retraites. Les patrons savent qu’ils peuvent compter sur lui.»
L’objectif du plein-emploi
L’enjeu de Davos n’est toutefois pas qu’économique. Dans les Grisons, le président français parlera aussi de social, en réitérant son objectif du plein-emploi en France d’ici la fin de son mandat. Il se fera aussi le défenseur d’une transition écologique modèle et d’une réforme du système financier mondial, comme il s’y est engagé dans une tribune publiée par Le Monde le 29 décembre 2023. «Nous devons accélérer en même temps sur le plan de la transition écologique et de la lutte contre la pauvreté avait-il écrit. Nous devons créer les conditions d’un choc financier pour aider les pays les plus vulnérables à financer leur transition, à accéder aux technologies vertes, qui sont les nouveaux facteurs de croissance, et à s’adapter au changement climatique». A Davos, le Chef de l’État français vient aussi tester sa stature de leader international, mise à rude épreuve par ses difficultés à faire actuellement entendre et respecter la voix de la France au Moyen-Orient.
Plaidoyer pour une Europe forte
Davos, tout schuss? Pour réitérer aussi son plaidoyer pour une Europe forte et davantage souveraine, comme il l’a fait en Suisse le 16 novembre, lors de son «appel aux jeunes européens» lancé à l’université de Lausanne aux côtés d’Alain Berset. L’histoire ne dit pas si Emmanuel Macron, familier des stations des Pyrénées, chaussera les skis durant son séjour alpin. Il devrait toutefois arriver dans la station grisonne après avoir négocié un nouveau virage dans son slalom politique: la nomination d’un nouveau gouvernement, destiné à incarner le nouveau cap de sa présidence.