Emmanuel Macron est persuadé que la chance finira toujours par lui sourire. C’est ainsi. Ce président français né le 21 décembre 1977 a passé sa vie personnelle et politique à déjouer les pronostics et à imposer sa loi autour de lui. Alors, pourquoi changer de registre à la veille d’une année 2024 sur laquelle il a décidé de tout miser?
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C’est donc une année «quitte ou double» que le locataire de l’Élysée vient de lancer, dans sa traditionnelle allocution des vœux, longue de douze minutes. En tête de gondole? Les moments forts de ces douze prochains mois, assurés de placer la France au premier rang de la grande vitrine mondiale.
Il y aura, d’abord, le 80e anniversaire du débarquement allié de 1944 en Normandie. Il y aura, bien sûr, les Jeux Olympiques d’été, suivi des Jeux paralympiques. Le sommet de la francophonie suivra en novembre, dans le nouveau centre international de la langue française de Villers-Cotterêts (Aisne). Puis viendra le moment ultime: la réouverture de Notre-Dame de Paris, annoncée pour le 8 décembre. «Nous sommes une nation de compagnons et de bâtisseurs. En cinq années, comme promis, nous aurons rebâti et accompli l’impossible» a lancé le Chef de l’État.
Pas de nuances
Ne comptez pas sur Emmanuel Macron pour faire dans la nuance, voire pour exprimer des regrets, ou pour ouvrir la porte à des compromis. Ce président sait qu’il a le dos au mur, compte tenu de l’absence de majorité absolue à l’Assemblée nationale.
Alors il fonce, en revendiquant d’être dans le mouvement, «pour rendre la France plus juste, libérer, protéger et unir». Ceux qui lui reprochent de ne pas avoir de boussole auront entendu les quelques mots suivants: «Tel est le cap». Un cap pour l’essentiel centré sur la France, sa réindustrialisation, son retour au plein-emploi, et son «réarmement», au sens propre comme au sens figuré.
Macron aime le vocabulaire guerrier. Il présente comme un succès le fait d’avoir contribué à doubler le budget des forces armées depuis dix ans. Objectif avoué: faire passer ses détracteurs et ses opposants pour des tenants d’un conservatisme dépassé. «L’action n’est pas une option. L’action est notre devoir. Je suis du côté de ceux qui agissent» a-t-il affirmé, évoquant, à l’inverse, ceux qui «cèdent au mensonge qui sème le chaos» en vue des élections européennes de juin 2024.
Un président hors-sol?
Un pari fou? Un président hors-sol? Non. Ce rendez-vous du 31 décembre 2023 nous a montré un Emmanuel Macron tel qu’il est: convaincu contre toute évidence de sa capacité à transformer le pays, même si une grande partie de sa population ne le veut pas.
Voilà pourquoi il joue «quitte ou double». Il sait qu’il ne pourra pas se représenter pour un troisième mandat en 2027. Il doit entretenir le suspense jusqu’à ses prochaines annonces, prévues à la mi-janvier. Il doit, surtout, ne pas montrer de signes de faiblesse.
C’est cette méthode Macron qui divise et fracture. Mais tant pis: dans un pays divisé par nature, ce jeune chef de l’État n’a pas choisi d’être rassembleur. Il n’y croit plus. Il parie sur la mémoire courte de ses concitoyens et sur leur goût de la fierté, que cette année 2024 flattera si elle est réussie.
Macron est seul
Macron est seul. Et il dit «assumer». Cela le place aux antipodes d’un dirigeant politique suisse, ou d’un premier ministre d’un régime parlementaire. En France, le «je» présidentiel est accepté, voire souhaité par de nombreux électeurs. La fibre autoritaire pointe, et ce Chef de l’État en joue.
Quitte ou double. Car si 2024 n’est pas un succès, et si ses promesses conduisent de nouveau le pays à la rupture, comme lors des manifestations contre la réforme des retraites, ou lors des émeutes de juillet dans les banlieues – dont il n’a pas dit un mot ce 31 décembre – le roi Républicain sera nu. Sans atouts en main, à part la solidité des institutions, pour achever ce mandat supposé transformer la France. Que pourra-t-il alors promettre, le 31 décembre 2024?