Les Français ont fait un rêve: celui de se réveiller en 2024, débarrassés de leurs fractures, de leurs colères et des accès de violences qui défigurent les métropoles de l’Hexagone. Ce rêve, personne n’ose l’évoquer en cette fin 2023, alors que les souvenirs des protestations massives contre la réforme des retraites, ou ceux des banlieues en flamme, sont toujours dans les esprits. Et pourtant: les mois prochains pourraient bien, pour la France, être porteurs de (très) bonnes nouvelles.
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La première est que les réformes les plus douloureuses, et celles qui ont le plus fracturé le pays, sont a priori bouclées. La réforme des retraites qui a reporté l’âge légal de départ à 64 ans (au lieu de 62) est entrée en vigueur le 1er septembre 2024, et s’appliquera par paliers aux Français nés entre 1962 et 1968. Le projet de loi sur l’immigration, qui durcit la législation pour les demandeurs d’asile et veut faciliter les expulsions, a été voté le 20 décembre. La transformation de «Pôle emploi» (le guichet pour les chômeurs) en «France Travail» est actée pour le 1er janvier, avec une conditionnalité accrue entre les aides sociales et la recherche effective d’un travail.
Chacun de ces textes de loi a divisé et fracturé l’opinion. Mais l’on sait aussi que les Français ont la mémoire courte. Une accalmie est donc envisageable pour 2024. D’autant que la priorité sera, pour le gouvernement, l’organisation des Jeux olympiques d’été qui s’ouvriront à Paris le 26 juillet 2024.
Rendez-vous aux urnes le 9 juin 2024
La seconde bonne nouvelle est que les 48,7 millions d’électeurs français auront, le 9 juin 2024, l’occasion de s’exprimer en votant aux élections européennes. Ce scrutin désignera les 81 députés européens qui représenteront la France au parlement de Strasbourg (qui en compte 720, élus dans les 27 pays membres de l’Union européenne). Pourquoi est-ce une bonne nouvelle? Parce que le paysage politique se trouvera «clarifié».
Les sondages donnent aujourd’hui une nette avance à la future liste du Rassemblement national (extrême droite) de Marine Le Pen. L’on verra alors aussi ce que pèsent encore dans les urnes la majorité présidentielle, la droite traditionnelle et la gauche, pour l’heure désunie. Il y a bien sûr des risques à ce scrutin. Mais il redonnera de l’oxygène démocratique au pays, qui en a besoin.
La troisième bonne nouvelle est que les Jeux olympiques d’été, s’ils sont réussis, seront un motif de fierté pour un pays qui adore se regarder dans le miroir du monde. L’on peut regretter que ce grand moment sportif accapare tant les énergies. L’on peut aussi déplorer l’abandon de promesses faites au Comité international olympique (CIO) en matière de transports urbains ou d’utilisation des infrastructures existantes.
Le nord de Paris, où se déroulera l’essentiel des épreuves, est par ailleurs un vaste chantier qui rend la vie des habitants très compliquée. Gare, aussi, au danger terroriste lors de la cérémonie d’ouverture prévue sur la Seine le 26 juillet. Mais avec les Jeux paralympiques qui suivront, les Français ont, en 2024, l’occasion de montrer le meilleur d’eux-mêmes. Et en général, ils savent faire. Une autre vitrine internationale permettra à la France de se mettre en scène : le sommet de la Francophonie à Villers-Cotterets (Aisne) le 4 octobre 2024.
Investissements étrangers
Quatrième bonne nouvelle: les investissements étrangers en France, pays le plus attractif d’Europe, commencent à se concrétiser et à redonner des couleurs à l’économie nationale. 6,7 milliards d’euros d’investissements ont été promis en 2023, lors du sommet «Choose France» qu’Emmanuel Macron va rééditer au début 2024, au château de Versailles.
Le chiffre de 4000 emplois pérennes pèse bien peu, certes, face aux faillites de marques emblématiques comme celle, récente, de l’enseigne d’ameublement Habitat. Mais dans le nord du pays, la filière industrielle «batteries électriques» prend forme dans la région de Douai. La relance du programme nucléaire va aussi s’accompagner de créations d’emplois. Pour rappel, et c’est un succès à mettre au crédit de la présidence Macron, 7,2% des travailleurs français sont aujourd’hui au chômage, contre près de 11% en 2017. L’emploi a été remis sur les rails.
Le pays fonctionne
Cinquième bonne nouvelle: la crise politique larvée que connaît la France depuis les législatives de juin 2022 (qui ont privé le président d’une majorité absolue de députés) bute heureusement sur la solidité des institutions. Le président de la République est critiqué pour son autoritarisme. Le recours fréquent à l’article 49.3 de la constitution pour faire adopter les budgets sans vote est, à juste titre, dénoncé par l’opposition.
Mais le pays fonctionne. L’hypothèse d’un remaniement gouvernemental significatif dès la rentrée de janvier est avancée. La première page de ce second mandat d’Emmanuel Macron pourra donc être tournée.
Paris, Notre-Dame et le débarquement
Sixième raison de parier sur la France en 2024 enfin: Paris reste incontournable en Europe, pour faire avancer des dossiers clés, comme celui de l’industrie de défense. Emmanuel Macron, aussi contesté soit-il, demeure une boîte à idées pour des réformes internationales d’ampleur, qui permettront d’associer davantage les pays du sud. Le 26 janvier 2024, le Chef de l’État français sera d’ailleurs l’invité d’honneur du Premier ministre Indien Narendra Modi pour la fête nationale de ce géant asiatique.
Et l'on termine par une septième raison d'espérer une France en forme en 2024. Une raison double. Deux festivités annoncées, toutes deux centrées sur un moment d'histoire. Le 6 juin 2024 sera le 80e anniversaire du débarquement allié en Normandie, occasion à coup sûr de raviver l'alliance transatlantique dans ces temps tumultueux. Le mois de décembre 2024 devrait voir l'achèvement des travaux de restauration de la cathédrale Notre Dame de Paris, cinq ans après l'incendie du 15 avril 2019. Sa flèche sera bientôt reconstruite à l'identique. C’est un symbole. Mais cela compte.
La France aime être au premier rang. 2024 va lui en donner l’occasion.