Qui parle à l’oreille d’Emmanuel Macron dans le secret du palais de l’Élysée? Plus que jamais, le sort de la France politique est suspendu aux paroles de ces conseillers que le président français est obligé d’écouter. Oui, obligé! Car dans un pays divisé, où le Chef de l’État concentre l’essentiel des décisions sans avoir de majorité absolue à l’Assemblée nationale, rien n’est simple. Il faut ménager toutes les tendances.
Emmanuel Macron, super DRH du gouvernement? Pas tout à fait juste. Ces hommes et femmes auront leur mot à dire. Mieux: un rôle déterminant à jouer dans l’éventuelle nouvelle phase du second quinquennat, centré autour de l’attractivité économique et de l’image de la France, à quelques mois des Jeux Olympiques d’été 2024.
François Bayrou, le grand manitou
Il est l’ombre d’Emmanuel Macron depuis le début de son premier mandat. Le leader centriste de 72 ans, agrégé d’histoire, pense avoir «créé» l’actuel président, en se ralliant à sa candidature en 2017, et en renonçant lui-même à se présenter. François Bayrou, empêtré dans une affaire de présumés emplois fictifs d’assistants de députés européens pour son parti le Modem, sera fixé sur son sort judiciaire le 5 février. Il est aussi le Haut-commissaire au Plan. Ses conseils à Macron? Éviter à tout prix de basculer vers la droite. Garder le cap du «en même temps». Tout miser sur les élections européennes du 9 juin 2024 pour éviter une trop nette victoire du Rassemblement national. Et attendre la fin des JO avant de renverser la table.
Julien Denormandie, le complice
Celui-là est un vrai proche. Il a en plus un avantage colossal pour Emmanuel Macron: il se tait et boude les médias. L’ancien ministre de l’Agriculture de 43 ans, ingénieur et haut-fonctionnaire, a la confiance de ce président dont il a toujours été un fantassin loyal. Autre originalité: Denormandie a pris ses distances avec la politique en juin 2022. Contrairement au ministre de l’Éducation Gabriel Attal, star de la Macronie, il ne cherche pas en permanence à briller. Résultat: Emmanuel Macron l’écoute et pourrait lui confier les rênes du gouvernement. Problème toutefois: Denormandie n’a pas une réputation de «cogneur». Or à l’Assemblée nationale, sans majorité absolue, les pugilats sont la règle.
Richard Ferrand, le cardinal
A 61 ans, l’ancien député socialiste du Finistère a réussi l’essentiel: sauver sa peau politique malgré sa défaite aux législatives, en restant conseiller du président, aux côtés d’un alter-ego de droite, lui aussi ancien député: Thierry Solère. Ferrand a aussi réussi à faire oublier un autre boulet: c’est lui qui a pesé pour la nomination de l’ancienne ministre de la Transition écologique Élisabeth Borne à la tête du gouvernement en juin 2022, au lieu d’une ex-députée de droite, Catherine Vautrin. Ministre durant quelques semaines en mai et juin 2017, il pourrait reprendre un portefeuille, après eu quelques soucis avec la justice dans une affaire de conflits d’intérêts. Ce «cardinal» laïque est redouté dans les couloirs du palais présidentiel.
Brigitte Macron, l’indispensable
L’épouse du président français, 70 ans, est omniprésente. C’est elle, dit-on, qui a imposé son ancienne collaboratrice Rima Abdul-Malak comme ministre de la Culture en juin 2022, pour remplacer la populaire et charismatique Roselyne Bachelot. Brigitte Macron fonctionne main dans la main avec l’animateur de télévision Stéphane Bern, défenseur du patrimoine, souvent consulté par le couple présidentiel, par exemple sur la restauration de Notre-Dame de Paris qui sera achevée début décembre 2024. Brigitte Macron, ancienne professeure, s’est beaucoup investie sur les questions d’éducation. Elle en a fait «son» chantier, et son tandem avec le jeune ministre Gabriel Attal fonctionne bien. Peu probable, dans ces conditions, qu’elle laisse ce dernier quitter son poste.