Chaque matin, Blick plonge dans le volcan politique français que la dissolution de l’Assemblée nationale par Emmanuel Macron est en train de faire exploser. Après le carton plein pour le Rassemblement national au premier tour des législatives, à quoi va ressembler le second, dimanche 7 juillet? Un voyage quotidien dans les coulisses du grand jeu du pouvoir, vu de Suisse. Des rires. Des larmes. De l’espoir. Et pas mal de chaos. Bienvenue sur la crête du volcan français.
A la «Une» ce vendredi 5 juillet: Une guerre civile en France après le second tour, c’est sérieux?
La violence électorale, c’est sérieux?
Malheureusement oui. Au point que le jeune Premier ministre français Gabriel Attal a lancé jeudi un appel au calme, à «l’unité et la fraternité», alors que la porte-parole de son gouvernement, Prisca Thévenot, candidate dans son département des Hauts-de-Seine, a vu plusieurs membres de son entourage pris à partie. Des agressions similaires se sont produites dans d’autres circonscriptions, notamment en Isère. «Je cherche l’apaisement. On ne va pas pointer du doigt une responsabilité», a poursuivi celui qui, de facto, joue le rôle de chef du camp présidentiel. La radicalisation du climat politique est pointée du doigt. Selon un sondage réalisé par la chaîne CNews, prompte à relayer les faits divers et la montée de l’insécurité, 61% des Français ont peur de gestes violents durant les derniers jours de campagne et redoutent des manifestations violentes après le second tour.
En résumé: La polarisation du débat peut dégénérer.
La révolte anti RN, c’est sérieux?
Le Rassemblement national est le premier parti politique français. C’est indéniable. Son score de 33% obtenu à l’issue du premier tour des législatives, ses 39 députés élus dès le premier tour le 30 juin, et les prévisions qui lui accordent toutes le plus grand nombre de sièges à l’Assemblée nationale ce dimanche sont là pour le prouver. Toutes les cartes électorales du pays montrent combien sa présence géographique s’est étendue. Résultat: le RN, bien que normalisé, fait encore plus peur, surtout dans les métropoles et dans les quartiers où sont regroupées les populations immigrées. La peur d’une explosion des paroles racistes est réelle, ainsi que le risque d’actions violentes à l’initiative de groupuscules d’extrême-droite. A l’opposé, toute une partie de l’extrême gauche radicale, «antifa», rêve d’en découdre. Il faudrait juste une étincelle…
En résumé: Le pays est sous haute tension, c’est incontestable.
Le troisième tour dans la rue, c’est sérieux?
L’expression «troisième tour» désigne d’ordinaire les négociations politiques qui ont lieu après le scrutin, pour former un gouvernement. Mais beaucoup d’observateurs pensent que les discussions au sein de la future Assemblée nationale, qui entamera sa législature le 18 juillet, ne seront pas le seul facteur à prendre en compte. Au sein du parti de gauche radicale La France Insoumise, l’idée de faire monter les tensions sociales dans le pays pour influer sur l’exécutif et sur le président est souvent évoquée. La mobilisation des syndicats, hostiles au Rassemblement national, peut aussi être une source de manifestations. Quand aura lieu ce troisième tour? Plutôt à la rentrée, car les universités joueront aussi un rôle. Le calme de l’été pourrait bien être trompeur.
En résumé: Pour le troisième tour, il faudra peut-être attendre.
Les JO en danger, c’est sérieux?
Oui, la question se pose. D’autant que le gouvernement et le comité d’organisation des Jeux Olympiques et paralympiques 2024 ont choisi une cérémonie d’ouverture hors les murs, sur la Seine, devant 400'000 personnes. L’enjeu sécuritaire sera maximal ce jour-là, dans une capitale où la nouvelle Assemblée nationale sera peut-être en session, et alors que les tractations auront lieu pour la formation d’un gouvernement. Emmanuel Macron avait évoqué, avant sa décision de dissoudre l’Assemblée, «une trêve olympique». Sera-t-il entendu? Pour le moment, personne n’en parle et les JO passent d’ailleurs au second plan. Il faut savoir que le centre de Paris est désormais hérissé de barrières et de matériel d’échafaudages pour les tribunes, etc... En cas de manifestations violentes, tout cela posera problème.
En résumé: La grande fête des JO est déjà un peu gâchée.
La police sur les dents, c’est sérieux?
30'000 policiers seront déployés dans les rues le soir du second tour. Et d’une manière générale, la mobilisation sécuritaire sera maximale tout au long du mois de juillet. Difficile en revanche d’imaginer ce qui se passerait si les banlieues venaient à exploser, comme ce fut le cas il y a pile un an après la mort du jeune Nahel à Nanterre. Il faut aussi avoir en tête que des effectifs de police nombreux ont été dépêchés en Nouvelle-Calédonie, à 17'000 kilomètres de l’hexagone, où une situation de quasi-guerre civile prévaut. Comment faire face? Et quels seront les risques de violences policières si le RN est majoritaire, compte tenu du soutien sans conditions que ce parti apporte traditionnellement aux forces de sécurité?
En résumé: La police est aujourd’hui une force et une fragilité républicaine.