Chaque matin, Blick plonge dans le volcan politique français que la dissolution de l’Assemblée nationale par Emmanuel Macron est en train de faire exploser. Après le carton plein pour le Rassemblement national au premier tour des législatives, à quoi va ressembler le second, dimanche 7 juillet? Un voyage quotidien dans les coulisses du grand jeu du pouvoir, vu de Suisse. Des rires. Des larmes. De l’espoir. Et pas mal de chaos. Bienvenue sur la crête du volcan français.
A la «Une» ce mercredi 3 juillet: Macron pense avoir la solution miracle mais…
Notre suivi du premier tour
La solution de la cohabitation? Un sport de combat
Marine Le Pen a donné le ton sur France Inter mardi 2 juillet: après avoir dénoncé un «coup d’État administratif» de la part du président de la République – accusé de nommer à la pelle des hauts fonctionnaires présumés hostiles au Rassemblement national (RN) – la députée réélue au premier tour du Pas-de-Calais a de nouveau remis en question le rôle d’Emmanuel Macron comme «Chef des armées». Le chef de l’État est donc prévenu: s’il devait le nommer premier ministre, Jordan Bardella, 28 ans, ne serait pas son élève docile. Le locataire de l’Élysée pourrait-il néanmoins s’imposer, fort de ses prérogatives constitutionnelles, et devenir ainsi un «rempart républicain». Macron y pense. Il consulte. Mais s’engager sur cette voie le conduira à une impasse: il ne peut pas se représenter en 2027. Et toute nouvelle dissolution de l’Assemblée, possible dans un an, risquerait de renvoyer dans les urnes une majorité encore plus forte pour le RN. Donc de l’obliger à la démission.
En résumé: Cohabiter exige du sang-froid, et Macron n’en a pas.
La solution du gouvernement anti-RN? Un mirage
Gabriel Attal la croit encore possible. L’actuel Premier ministre multiplie les appels à la recomposition du paysage politique, en vue de former au sein de la nouvelle Assemblée nationale une majorité anti-RN. Celle-ci pourrait donc, en théorie, rassembler tous les autres partis. Sauf que cette hypothèse a trois défauts majeurs. Le premier est qu’elle ne tient pas debout, sur le plan du nombre de sièges (majorité absolue à 289 députés) sans inclure La France Insoumise (LFI) de Jean-Luc Mélenchon qu’Emmanuel Macron accuse de fomenter la «guerre civile». Le second est que les autres forces de gauche apparaîtraient comme traîtres si elles lâchaient LFI. Le troisième est, une fois encore, que Macron n’a rien à offrir. Son camp politique devrait au second tour arriver en troisième position derrière le RN et le Nouveau Front populaire. En clair: il n’est plus aux commandes.
En résumé: Une coalition «arc-en-ciel» n’apparaît pas jouable.
La solution du cabinet technique? Elle ne règle rien
On entend beaucoup cette formule ces temps-ci à Paris. Emmanuel Macron, reclus dans son palais présidentiel de l’Élysée, envisagerait de nommer un gouvernement «technique» dirigé par une personnalité respectée, par exemple l’ancien président de la Cour des comptes Didier Migaud. Celui-ci nommerait à son tour des hauts fonctionnaires, ou des personnalités issues de la société civile, ou d’anciens politiques à la retraite, au sein d’un gouvernement soutenu par une majorité relative de députés. La France deviendrait alors une entreprise dont Emmanuel Macron préside en quelque sorte le Conseil d’administration. La formule pourrait lui plaire. La justification de cette formule serait l’incapacité des partis à s’entendre sur tout autre type de gouvernement. Sauf que les personnalités en question prendront tous les risques. Et qu’à n’importe quel moment, les partis représentés à l’Assemblée pourront s’entendre pour censurer ce cabinet et le faire tomber.
En résumé: Un rêve macroniste sans doute sans issue.
La solution des «affaires courantes»? Pas si impensable
Attention, accrochez-vous: c’est le scénario que la Belgique a connu en 2010-2011, lorsque les partis ne parvenaient pas à s’entendre sur une coalition gouvernementale. Le Premier ministre fédéral Yves Leterme, flamand, était alors resté en fonction pendant 541 jours, sans rien faire d’autre que de reconduire le budget du pays, et d’assumer ses fonctions protocolaires. Les ministres étaient restés en poste. L’administration gérait le pays au quotidien. La Belgique n’était pas à l’arrêt, mais en mode pause. Aucune nouvelle loi ne fut votée pendant cette période, mais le Parlement fonctionnait tout de même, en tant qu’instance de contrôle du gouvernement. Imaginez maintenant ce scénario en France: Gabriel Attal reste en fonction. Plus rien ne bouge. Emmanuel Macron attend au moins un an pour dissoudre à nouveau l’Assemblée.
En résumé: Le pays serait géré, pas gouverné.
La solution de la démission? L’hypothèse explosive
Emmanuel Macron a officiellement reçu mardi Gérard Larcher, le président du Sénat. Pourquoi? Pour parler de la situation politique évidemment. Mais cette rencontre revêt un caractère particulier. C’est le président du Sénat qui remplace le chef de l’État si le président démissionne. C’est lui qui a la charge d’organiser la prochaine élection présidentielle. Il peut aussi, dans l’intervalle, se déclarer candidat. Et si ce sujet était au menu de la rencontre à l’Élysée? On ne peut pas l’exclure. Macron a répété qu’il restera jusqu’au bout de son mandat. Mais une majorité absolue pour le Rassemblement national serait bien plus qu’un désaveu.
En résumé: Après un premier saut dans l’inconnu, le plongeon.