Chaque matin, Blick plonge dans le volcan politique français que la dissolution de l’Assemblée nationale par Emmanuel Macron est en train de faire exploser. Après le carton plein pour le Rassemblement national au premier tour des législatives, à quoi va ressembler le second, dimanche 7 juillet? Un voyage quotidien dans les coulisses du grand jeu du pouvoir, vu de Suisse. Des rires. Des larmes. De l’espoir. Et pas mal de chaos. Bienvenue sur la crête du volcan français.
A la «Une» ce mardi 2 juillet: Bardella Premier ministre, c’est plié, sauf si…
Sauf si les électeurs changent d’avis…
Les 49,5 millions d’électeurs français sont de nouveau conviés aux urnes ce dimanche 7 juillet, pour le second tour des législatives. Ils devront désigner 499 députés, puisque 76 ont été élus dès le premier tour après avoir recueilli 50% des suffrages. Et l’on saura ce mardi à 18h combien de «triangulaires» seront organisées entre le RN (souvent arrivé en tête) et deux autres candidats. 308 étaient possibles à l’issue du vote dimanche soir. Plus de 150 ne se concrétiseront pas en raison des désistements du 3e pour faire barrage au RN.
Deux questions dès lors: la participation record de 65,8% va-t-elle encore augmenter compte tenu de l’enjeu? Et va-t-on assister à une démobilisation des électeurs du Rassemblement national, après ce premier tour réussi en forme d’avertissement?
En résumé: Une élection reste une surprise
Sauf si ses candidats échouent…
Les candidats du Rassemblement national ont passé le premier tour dans 485 des 577 circonscriptions. C’est énorme. C’est ce qui justifie les prévisions en sièges des instituts de sondage, pour lesquels le RN pourrait, au final, disposer d’une fourchette de députés située entre 220 (le minimum) et 280 (le maximum, soit neuf sièges de moins que la majorité absolue de 289). Attention toutefois au facteur personnel. Beaucoup de ces candidats sont des parachutés dans des territoires qu’ils ne connaissent pas, comme la sœur aînée de Marine Le Pen, envoyée dans la Sarthe conquérir la circonscription de François Fillon, l’ancien candidat à la présidentielle. Il est possible aussi que le barrage républicain au RN fonctionne, après le désistement des candidats arrivés en 3e position.
En résumé: Le RN a des faiblesses électorales
Sauf si la droite refuse ses offres…
Le Rassemblement national de Jordan Bardella a engrangé un allié, désormais invité au premier rang à toutes les manifestations médiatiques: le député de Nice et président en titre des Républicains Éric Ciotti. Problème: un seul parlementaire sortant l’a rejoint, et le gain en suffrages par rapport aux Européennes est faible: 33,15% pour le RN contre 31,85% le 9 juin. S’il n’obtient pas la majorité absolue de 289 sièges à l’assemblée, le Rassemblement national devra donc débaucher des soutiens, a priori à droite, moyennant des promesses de portefeuilles ministériels par exemple. Le RN va aussi écarter certains de ses candidats pour aider la réélection de députés conservateurs qui lui devront ensuite une fière chandelle. Mais cela suffira-t-il?
En résumé: La droite ne s’est pas (encore) couchée
Sauf si Macron fait exploser la gauche…
C’est ce que voulait Emmanuel Macron. C’était même la condition primordiale pour réussir son pari de la dissolution. Il fallait qu’une partie de la gauche (centriste) et de la droite (centriste) le rejoigne pour créer ce bloc central capable de réunir une majorité absolue. Est-ce encore imaginable? Très difficile à croire, surtout si le président continue de tenir à l’écart La France Insoumise de Jean-Luc Mélenchon.
Regardez les chiffres: le Rassemblement national et ses alliés pourraient obtenir dimanche 7 juillet, entre 230 et 280 sièges. Le Nouveau Front populaire entre 125 et 165, dont 70 pour LFI, le camp présidentiel aurait entre 70 et 100 sièges, Les Républicains/divers droite entre 41 et 61, divers gauche entre 11 et 19 sièges. Une dernière catégorie regroupe les indépendants capables de récolter entre 22 et 30 sièges. Dans tous les cas de figure, une majorité absolue apparaît impossible. Le RN, en revanche, pourrait se retrouver devancé par une coalition plus nombreuse.
En résumé: L’artificier Macron a encore des grenades
Sauf si Jordan se dérobe devant l’obstacle
Un terme existe en français pour désigner le quotidien du chef du gouvernement: «L’enfer de Matignon». Ce bel hôtel particulier du 7e arrondissement de Paris, à proximité de l’ambassade de Suisse, est en effet la gare de triage de toute la haute administration républicaine. Le Premier ministre est sur tous les fronts, bien moins protégé que le président qui peut le congédier à tout moment.
Jordan Bardella, 28 ans, est-il taillé pour cette fonction cruciale dans l’administration du pays? Beaucoup en doutent. Ils ressortent son surnom de «Perroquet». Et s’il se dérobait in extremis devant l’obstacle? A moins, bien sûr, qu’Emmanuel Macron ne refuse sa candidature et propose de nommer quelqu’un d’autre.
En résumé: La politique, ce n’est pas qu’une campagne électorale