Chaque matin, Blick plonge dans le volcan politique français que la dissolution de l’Assemblée nationale par Emmanuel Macron est en train de faire exploser. Après le carton plein pour le Rassemblement national au premier tour des législatives, à quoi va ressembler le second, dimanche 7 juillet? Un voyage quotidien dans les coulisses du grand jeu du pouvoir, vu de Suisse. Des rires. Des larmes. De l’espoir. Et pas mal de chaos. Bienvenue sur la crête du volcan français.
À la «Une» ce samedi 6 juillet: Les stratégies cachées de Bardella, Attal, Le Pen, Macron et Mélenchon
Chaque jour, 5 infos
Jordan Bardella, ne pas gouverner seul
Les derniers sondages disponibles vendredi soir en France, avant l’instauration du silence électoral jusqu’à l’ouverture des bureaux de vote dimanche matin à 8 heures, montrent une dégringolade du nombre de sièges à la portée du Rassemblement national (RN). Selon Harris Interactive et IPSOS, le RN pourrait plafonner à 210 députés sur 577. Jordan Bardella, candidat au poste de Premier ministre travaille donc sur un plan B: une coalition marquée à droite, avec le soutien des «Républicains» et d’une poignée d’indépendants. Cela permettrait au jeune leader du RN d’éviter ce qu’il redoute: devoir gouverner seul et risquer de perdre tout son crédit en trois ans de cohabitation jusqu’à la fin du mandat d’Emmanuel Macron, en mai 2027.
Chances de succès: Très faibles, mais cela montre que le RN veut le pouvoir
Gabriel Attal, jouer la montre
Le jeune Premier ministre français se voit déjà demeurer à Matignon jusqu’à la fin des Jeux Olympiques et paralympiques, c’est-à-dire à la mi-septembre. Logique et souhaitable? Non, car cela voudrait dire que la France est politiquement en panne, malgré la tenue des élections législatives. Un argument plaide en revanche en faveur de ce scénario, jouable si l’intéressé est réélu dimanche dans sa circonscription des Hauts-de-Seine: l’ordre public. Emmanuel Macron, à qui l’on reproche toujours d’aller trop vite, ouvrirait une phase de consultations. Une obligation pour jouer la montre: avoir un bloc central suffisamment fort, c’est-à-dire environ 120-140 députés (alors qu’il en avait 250 dans la précédente assemblée).
Chances de succès: Réelles si les trois blocs finissent dans un mouchoir de poche
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Marine Le Pen, la révolte démocratique
La candidate déclarée du RN à l’élection présidentielle de 2017 a commencé à orchestrer la révolte. Elle a d’abord jugé «honorifique» le titre de «Chef des armées» qui est celui du président de la République. Elle a ensuite dénoncé «un coup d’État administratif de la part du locataire de l’Élysée», soupçonné de multiplier les nominations de Hauts fonctionnaires loyaux. Marine Le Pen va maintenant abattre une autre carte, le déni démocratique constitué par l’alliance de tous ses adversaires contre les candidats de son parti. Plus de 200 triangulaires ont disparu pour faire place à des duels qui pourraient tourner en défaveur du RN. Il reste une centaine de circonscriptions où trois candidats se disputeront les suffrages. L’angle d’attaque de Marine est limpide: les élites sont en train de voler cette élection au peuple.
Chances de succès: Plutôt bonnes, avec pour objectif la présidentielle de 2027
Emmanuel Macron, la redissolution
Cap sur juillet 2025. Emmanuel Macron a compris, depuis la conclusion de l’alliance électorale à gauche, qu’il avait perdu son pari de la dissolution express annoncée le 9 juin, au soir de la défaite de son camp aux élections européennes. Pas question pour autant, pour ce président si jupitérien, de dissoudre son pouvoir dans un parlementarisme qui donnerait l’initiative politique aux partis représentés à l’Assemblée. Si aucune majorité solide n’est possible, Macron va slalomer, en confiant les rênes du gouvernement à une personnalité respectée. Il soignera pendant ce temps la seule arme qui lui reste: dissoudre à nouveau l’Assemblée dans un an. En pariant sur l’envie de stabilité des Français.
Chances de succès: Toute dissolution rendra furieux (et plus nombreux) les électeurs du RN
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Jean-Luc Mélenchon, démissionner l’Élysée
Le leader de la France Insoumise (gauche radicale), principale composante du Nouveau Front Populaire, est dans une situation inédite. Il n’est pas candidat aux législatives. Il est mis de côté par ses alliés qui lui reprochent de faire fuir les électeurs centristes. Mais il demeure un stratège hors pair et il garde la main sur son parti. Mélenchon va faire ce qu’il maîtrise à la perfection: semer le désordre et la défiance, en répétant que ces élections ont accouché d’une crise de régime. Il continue de vouloir une VIe République, mais ce qu’il souhaite avant tout est une présidentielle la plus rapide possible. Si Macron démissionnait avant l’échéance de son mandat, il saisirait sa chance. Un second tour présidentiel Mélenchon-Le Pen? Le but de sa vie.
Chances de succès: Assez bonnes. LFI disposera à coup sûr d’une forte capacité de nuisance