Soutien à l'Ukraine
L'Europe de la défense avance avec Zelensky, Orban recule

Le Premier ministre hongrois est reparti bredouille du sommet européen extraordinaire consacré à la défense. Les conclusions sur l'Ukraine ont été adoptées par les 26 autres pays de l'Union. L'ami de Trump et de Poutine est le dos au mur.
Publié: 06.03.2025 à 22:36 heures
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Dernière mise à jour: 00:09 heures
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Volodymyr Zelensky était présent au sommet européen extraordinaire. Ici avec Viktor Orban.
Photo: AFP
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Richard WerlyJournaliste Blick

Le veto hongrois est un mirage. Volodymyr Zelensky vient de remporter, à Bruxelles, une belle victoire politique et personnelle contre Viktor Orban. Si les 27 pays membres de l’Union européenne avaient achevé leur sommet extraordinaire consacré à la défense et à l’Ukraine sans conclusions, le Premier ministre hongrois aurait prouvé qu’il reste le meilleur allié de Donald Trump et Vladimir Poutine.

Or c’est l’inverse qui s’est produit. L'Europe de la Défense a avancé. Et sur l'Ukraine, les 26 autres pays de l’UE ont décidé de laisser la Hongrie sur le bord de la route. Leur soutien à Kiev a donc été avalisé dans la soirée du 6 mars par 26 pays sur 27, y compris la Slovaquie d’un autre premier ministre pro-russe, Robert Fico.

En présence de Volodymyr Zelensky, deux textes de conclusions ont été adoptés à l’issue de ce sommet convoqué pour donner enfin corps à une défense européenne autonome par rapport à Washington. Il ne s’agit pas encore de bâtir une alternative à l’OTAN, l’Alliance atlantique dirigée par les Etats-Unis qui demeure en place (23 pays de l’UE en sont membres). Mais un cap européen est fixé.

800 milliards d'euros

Le premier porte sur l’effort que les pays de l’Union européenne s’engagent à faire, à hauteur de 800 milliards d’euros, pour investir dans leur industrie de défense. Ce programme volontariste porte un nom «Rearm EU». Les 800 milliards sont un objectif. Le chiffre nécessaire, selon les experts, est de 350 milliards d’euros par an, pour permettre aux 27 de rattraper son retard sur l’industrie militaire américaine. Attention donc: le chemin reste compliqué. Pour le moment, une seule somme sera bientôt disponible: les 150 milliards d’euros de prêts, garantis par le budget de l'Union, que la Commission va proposer aux États-membres pour s’armer. S'y ajouteront environ une partie des fonds de cohésion non encore dépensés. Ce plan a été avalisé par 27, y compris la Hongrie. Il sera complété le 19 mars par la présentation d’un livre blanc sur la défense par le commissaire lituanien Andrius Kubilius.

Point intéressant pour la Confédération, le Chancelier allemand Olaf Scholz a ouvert les portes de ces 150 milliards d'euros aux partenaires de l'UE: «Il est très important pour nous que les projets qui peuvent être soutenus avec cet argent soient également ouverts à ceux qui n’ont pas accès à de tels prêts, comme l’Allemagne, mais aussi à des pays qui ne font pas partie de l’Union européenne mais qui travaillent en étroite collaboration avec nous, comme la Grande-Bretagne, la Norvège, la Suisse ou la Turquie».

Le second texte adopté par 26 pays sur 27 porte sur le soutien à l’Ukraine. Il liste 5 principes pour entamer une négociation.

  1. Il ne peut y avoir de négociations sur l’Ukraine sans l’Ukraine.
  2. Il ne peut y avoir de négociations qui affectent la sécurité européenne sans la participation de l’Europe. La sécurité de l’Ukraine, de l’Europe, la sécurité transatlantique et la sécurité mondiale sont étroitement liées.
  3. Toute trêve ou tout cessez-le-feu ne peut avoir lieu que dans le cadre du processus menant à un accord de paix global.
  4. Tout accord de ce type doit s’accompagner de garanties de sécurité solides et crédibles pour l’Ukraine, qui contribuent à dissuader toute nouvelle agression russe.
  5. La paix doit respecter l’indépendance, la souveraineté et l’intégrité territoriale de l’Ukraine.

En clair: la balle est renvoyée dans le camp de Donald Trump. Lequel vient, coïncidence de calendrier, de faire marche arrière sur l’augmentation des taxes douanières sur les produits mexicains et canadiens. L’accord sur les terres rares ukrainiennes exigé par la Maison-Blanche n’est pas mentionné. Point important en revanche: le déploiement d'une future coalition militaire européenne n’est plus tabou. « Notre demande est claire a confirmé Emmanuel Macron. Nous voulons d'abord une trêve dans les airs sur mer et sur les infrastructures civiles, pour discuter des garanties de sécurité par des forces européennes ou non européennes». Une réunion des Chefs d'Etat-Major des pays intéressés aura lieu à Paris ce 11 mars.

Paix globale, juste et durable

Au final ? «À la lumière des négociations en vue d’une paix globale, juste et durable, l’Union européenne et les États membres sont prêts à contribuer davantage aux garanties de sécurité sur la base de leurs compétences et capacités respectives (...). Les garanties de sécurité devraient être mises en place avec l’Ukraine, ainsi qu’avec des partenaires de l’OTAN partageant les mêmes idées».

Ces mots sont suffisamment vagues pour permettre à chacun de conserver une marge de manœuvre. Mais la proposition franco-britannique d’un déploiement futur de soldats sur le terrain devient possible.

Viktor Orbán était jusque-là la meilleure carte européenne de Trump et de Poutine. Sa valeur d’usage, face à 26 pays membres prêts à le marginaliser, est aujourd'hui en baisse. L'effet Trump s'avère à double tranchant pour Moscou. «La Russie constitue dans la durée une menace existentielle a répété Emmanuel Macron, après son allocution télévisée de la veille. Et de répliquer à Vladimir Poutine qui l'a mis en garde en évoquant Napoléon. «Poutine peut trahir les accords qu'il signe et nous avons démasqué son jeu. Il fait en plus un contresens historique. Napoléon menait des guerres de conquêtes. Or la seule puissance impérialiste, c'est la Russie
L'Union européenne est une puissance de paix et d'équilibre».

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