Vendredi, le mari de Nancy Pelosi, présidente de la Chambre des représentants et du coup 3e citoyenne des Etats-Unis, s’est fait violemment agresser à son domicile de San Fransisco. Les motivations du suspect, placé en garde à vue, faisaient l’objet d’investigations, ce vendredi 28 octobre dans l’après-midi.
A l’aube des élections de mi-mandat (ou midterms) du 8 novembre, les observateurs s’attendent depuis quelque temps à des éclats de violence de la part de l’extrême-droite. Mardi, lors d’une rencontre virtuelle organisée par la Conférence des maires des Etats-Unis, l’ancienne procureure du Ministère de la Justice, Mary McCord, tirait ainsi la sonnette d’alarme, rapporte le média Bloomberg.
Selon elle, les Proud Boys et les Three Percenters, «mouvement patriote» qui compte des milices armées, pourraient par exemple s’en prendre à des cibles plus locales que le Capitole, en référence à ce désormais tristement fameux 6 janvier 2021. Les Proud Boys — groupe néofasciste qui soutient Donald Trump — ont d’ailleurs affirmé que «le temps est venu pour un combat mortel».
«Ils diront qu’ils recueillent des preuves de fraude électorale»
Avec l’ouverture des premiers bureaux de vote et le début du vote anticipé, des frissons. Postés aux entrées, des militants en tenue de camouflage intimident les électeurs ou les filment, comme en Arizona. D’autres tentent de s’infiltrer en se faisant passer pour des fonctionnaires. Des actes illégaux, a martelé Mary McCord, également directrice de l’Institute for Constitutional Advocacy and Protection, organisation qui défend les droits constitutionnels et les institutions.
«Ce comportement est très inquiétant et fait partie d’une stratégie qui ne se limite pas à l’Arizona, a-t-elle déploré. Ils diront qu’ils recueillent des preuves de fraude électorale.» Un narratif qui rappelle celui utilisé par Donald Trump et ses supporters lors de — et après — la présidentielle de novembre 2020.
Un Suisse inquiet
Des bureaux commencent déjà à durcir leur dispositif de sécurité. A Tallahassee, en Floride, les murs ont été renforcés à l’aide de kevlar, matériau utilisé dans les gilets pare-balles. Dans ce même Etat, qui avait voté Trump en 2020, d’autres locaux se sont équipés de vitres blindées. Et des fonctionnaires ont été formés à faire usage d’une arme à feu. A Phoenix, la plus grande ville d’Arizona, une clôture entoure le bureau de vote.
«La menace est réelle dans certains Etats», confirme le démocrate Vinz Koller, double national américain et suisse installé en Californie depuis 1986. Contacté par Blick, il confie: «La situation est difficile pour les autorités locales. Elles sont tiraillées. D’un côté, il y a le droit de porter une arme. De l’autre, celui de se rendre aux urnes sans subir de pression.»
Le résultat sera serré
La démocratie étasunienne pourrait donc à nouveau être mise à l’épreuve, à l’heure où plusieurs partisans de la thèse de l’élection présidentielle volée, défendue par Donald Trump, briguent un siège. «En cas de défaite, ces personnes ne reconnaîtront probablement pas non plus les résultats de ces midterms», s’avance Vinz Koller.
La tension est extrême, l’enjeu est immense et les résultats s’annoncent serrés. Alors que l’inflation ne faiblit pas, la population décidera si elle souhaite un retour au trumpisme ou si elle soutient le président actuel, le démocrate Joe Biden, qui vole au secours de l’Ukraine à coups de dizaines de milliards de dollars.
Selon les sondages, les démocrates devraient pouvoir conserver leur très mince avantage au Sénat (actuellement, c’est la voix de la vice-présidente des Etats-Unis, Kamala Harris, qui fait pencher la balance de leur côté). En revanche, les républicains seraient en passe de reprendre la main à la Chambre des représentants. Composé de ces deux chambres, le Congrès pourrait donc bien tomber dans l’escarcelle des conservateurs. D’un cheveu, peut-être.