L’état de santé de Vladimir Poutine et l’avenir de la Russie sont sujets à moult spéculations. Robert Thornton, maître de conférences à l’université de King’s College à Londres, affirme dans une interview accordée au média britannique «The Sun» que le président russe pourrait bien dans un avenir proche être assassiné par des généraux mécontents de sa stratégie militaire en Ukraine. Ces derniers pourraient alors déguiser son assassinat en le faisant passer pour une crise cardiaque, avance l’expert dans le quotidien.
Les hauts gradés militaires de Moscou seraient en train de «perdre patience avec Poutine» et voudraient «le voir partir», ajoute Robert Thornton. L’un des principaux points de discorde serait la perte de l’étau militaire russe autour de Kiev, la capitale ukrainienne, ainsi que de Kharkiv au profit d’une concentration des troupes dans le Donbass, à l’est du pays. L’un des militaires les plus respectés de Russie, le général Gueorgui Shpak, confirme l’insatisfaction générale dans les rangs de l’armée vis-à-vis de Vladimir Poutine.
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La «propagande anti-russe» sous-estimée
Le vétéran de 78 ans a déjà servi en Afghanistan et en Tchétchénie. Il a été pendant longtemps le commandant en chef des troupes aériennes russes. Plus récemment, il a accordé une interview plutôt franche à la «Komsomolskaïa Pravda», l’un des principaux journaux russes, où il critique la conduite militaire de la guerre en Ukraine de Vladimir Poutine – sans nommer ce dernier.
Le militaire y fait également part de sa surprise quant à l’accueil des troupes russes en Ukraine. Il s’étonne que ces dernières n’aient pas été saluées en grande pompe et accueillies avec joie. Il précise qu’il ne s’attendait «pas à des chants et à des drapeaux», mais souligne que Moscou n’avait pas tenu compte de la «très forte propagande anti-russe […] et ne s’attendait pas à une si forte résistance».
Des frappes militaires contre la livraison d’armes occidentales
Gueorgui Shpak avoue être particulièrement étonné que les troupes russes se soient d’abord précipitées à Kiev et Kharkiv, pour ensuite se retirer dans le Donbass. «Même pour moi, en tant que professionnel, cette stratégie est incompréhensible. Peut-être certains politiciens qui souhaitaient un 'processus de négociation' sont-ils intervenus ici», suppose le gradé dans le quotidien russe.
L’ancien général en vient même à supputer que la Russie a pu être victime de sa propre propagande de guerre. D’après des sources militaires officielles russes, l’ensemble de l’armée de l’air ukrainienne aurait déjà été détruite à deux reprises. Or, dans les faits, elle est toujours en activité. «Il y a de l’exagération des deux côtés, reconnaît Gueorgui Shpak. C’est le cas dans toute guerre.»
Sur la question de la réaction russe à l’approvisionnement en armes occidentales de l’Ukraine, le vétéran russe a une position très claire. Il estime qu’il faut d’abord déterminer les itinéraires de transport et les lieux de déchargement de ces armes, pour procéder ensuite à des frappes militaires. «Il est absolument nécessaire de stopper les livraisons d’équipements militaires occidentaux à l’Ukraine», préconise Gueorgui Shpak dans son interview.
«Même la mobilisation générale ne nous aidera pas»
La Russie aurait déjà laissé passer l’envoi de 90 obusiers blindés américains M777 en Ukraine. Le général tique en invitant à «découvrir d’urgence» comment une «cargaison d’équipement aussi énorme a pu entrer en Ukraine». Il voudrait que «dès que les armes traversent la frontière, [les] forces aériennes et de missiles interviennent immédiatement.»
Quant à une mobilisation générale pour soulager les troupes qui se battent en Ukraine, Gueorgui Shpak ne la considère pas urgente. «La Russie compte environ un million de soldats, explique le vétéran. Environ 100’000 d’entre eux sont impliqués dans l’opération ukrainienne. Nous devons ménager nos ressources.»
Une éventuelle mobilisation générale serait décidée au plus haut niveau du Conseil de sécurité russe. Cette dernière ne sera pas indispensable «si l’opération en Ukraine est menée correctement, assure Gueorgui Shpak. C'est-à-dire si aucun train transportant des armes de l’OTAN n’y est toléré, si toutes les routes sont fermées et si tous les trains sont détruits. Mais si des avions, des chars et des armes sont livrés gratuitement de l’Ouest à l’Ukraine, même la mobilisation générale ne nous aidera pas.»