La guerre en Ukraine dure maintenant depuis plus de deux mois. Et le front uni des hauts gradés de l’armée et des services secrets russes derrière le président Vladimir Poutine semble s’effriter. Mais pas forcément de la manière dont on pourrait s’y attendre.
En effet, comme l’écrit «Focus», pour certains d’entre eux, les décisions prises par le président russe sont… trop molles. La frustration s’installe lentement mais sûrement chez les «siloviki», les représentants de haut rang de l’armée et des services de renseignement.
Les siloviki veulent une guerre totale contre l'OTAN
Ils estiment que, face aux livraisons d’armes occidentales, les objectifs actuels — concentrés sur l’est de l'Ukraine —, sont trop modestes. Ils réclament une guerre totale. Car pour une partie des siloviki, l'ennemi n'est pas l'armée ukrainienne, mais bien l'OTAN tout entière.
C’est ce que montrent les recherches du Centre d’analyse de la politique étrangère européen (Cepa), qui publie des rapports critiques sur les milieux des services secrets russes. Les siloviki estiment que le plan de Poutine, visant à concentrer la guerre sur l’est et le sud du pays et à couper l’Ukraine de ses accès maritimes, est une erreur fatale.
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Poutine a fait le ménage au sein du FSB
D’autant plus que Vladimir Poutine a été pendant longtemps mal informé au sujet de la situation sur le terrain. Le FSB, les services de renseignement russes, alimentait le chef du Kremlin avec des données et des mises à jour incorrectes, notamment pour ne pas le froisser.
Le président russe a fini par s’en rendre compte et a réagi avec une grande purge au sein de ses services: 150 collaborateurs des services secrets ont été licenciés ou arrêtés.
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«Cher Vladimir, décide-toi»
Les siloviki ne s’étaient encore jamais opposés aussi clairement à leur président. Lors de l’annexion de la Crimée par la Russie en 2014, tant l’armée que les services secrets étaient unis derrière Poutine. Aujourd’hui, les hauts représentants semblent pour la première fois prendre leurs distances avec le président russe.
Mais il n’y a pas que chez les siloviki que l’ambiance commence à se dégrader. Le mécontentement se répand au sein de certaines strates de la société civile russe. Ainsi, le blogueur russe et ancien collaborateur des services secrets Alexander Arutyunov a demandé dans une vidéo d’étendre massivement la guerre en Ukraine. «Cher Vladimir, décide-toi, assène-t-il. C’est une guerre: est-ce que nous allons nous battre ou bien est-ce que c’est un jeu?»
Les généraux poussent-ils à la guerre nucléaire?
Sur un canal Telegram de l’armée de l’air russe, les choses deviennent plus concrètes: on y annonce que de nouvelles victoires ukrainiennes entraîneront «presque assurément l’utilisation d’armes nucléaires» contre des cibles en Ukraine.
Le ministre des Affaires étrangères Sergueï Lavrov avait mis en garde dans la nuit de lundi à mardi contre une guerre nucléaire. Pour la première fois, il a publiquement fait remarquer que le risque d’une troisième guerre mondiale était «réel».
(Adaptation par Alexandre Cudré)