Donald Trump ne sera pas de nouveau président des Etats-Unis en novembre 2024. Être aussi affirmatif est évidemment risqué, voire aberrant. Mais il faut bien tirer des leçons de ce scrutin crucial des midterms, que l’ancien président américain a plus ou moins transformé en référendum sur sa personne, par candidats républicains interposés. Or la première leçon est que la fanatisation des électeurs conservateurs commence à trouver ses limites.
Le discours anti-élites a payé
Les politiques défendues par Donald Trump, sur le plan sociétal comme en matière économique, tiennent la corde au sein des partisans du «Grand Old Party», le surnom du parti républicain. Le discours anti-élites paie sur le plan électoral. Mais Donald Trump avait besoin de beaucoup plus qu’une victoire morale pour se réinstaller comme le candidat indiscutable à la Maison-Blanche dans deux ans. Il lui fallait une victoire éclatante. Problème: celle-ci vient de lui échapper.
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Il ne faut pas confondre le rapport de force futur au Congrès des Etats-Unis, issu de ces midterms dont le décompte n’est pas encore achevé, avec le destin personnel de Donald Trump. L’ancien promoteur new-yorkais est, en effet, tout sauf un candidat comme les autres. Seul un président américain a, jusque-là, réussi à avoir été élu pour deux mandats non consécutifs: Grover Cleveland (1885-1889 et 1893-1897).
Tourner les pages démocratiques
La raison? La politique, outre-atlantique, est une machine conçue pour tourner sans retour les pages démocratiques. Certains élus du Congrès sont des vétérans indéboulonnables. Le sénateur Chuck Grassley de l’Iowa, qui siège depuis 1981, vient ainsi d’être réélu à 89 ans!
Avant lui, un certain Joe Biden avait enchaîné sans interruption les mandats au Sénat depuis 1972. Mais pour ces exceptions, combien de disparitions? Et combien de surprises, telle celle créée, en 1992, par le jeune gouverneur démocrate de l’Arkansas Bill Clinton? Surgi de nulle part, celui-ci bouscula et fit mordre la poussière au sortant George Bush (père). L’Amérique aime le changement. Si possible drastique.
Notre série «Trump, roi des cow-boys»
Les deux défaites de Trump
Donald Trump a, dans cette perspective, perdu deux fois ce mardi 8 novembre. Sa première défaite est personnelle: il n’a pas mis K.O «Sleepy Joe», alias Joe Biden en langage moqueur trumpiste. Pire: son ennemie numéro un, Nancy Pelosi, l’élue démocrate octogénaire de Californie qu’il a qualifié «d’animal», est réélue. Le «tueur» Trump a raté ses cibles. La mobilisation démocrate a servi de bouclier.
La seconde défaite de l’ex POTUS (President of the United States) tient à la réussite de ses opposants au sein du parti Républicain. En Floride, l’État où Trump réside dans son golf de Mar-a Lago, le gouverneur sortant Ron deSantis est brillamment reconduit. Idem au Texas pour Greg Abbott. Dans l’Ohio, une star est née avec le nouveau sénateur J.D Vance, pro-Trump, mais qui pourrait se sentir pousser des ailes. Pas étonnant, dans ces conditions, que Donald Trump veuille déclarer sa candidature dans les jours à venir. Il veut tuer dans l’œuf les ambitions. Sauf que les urnes lui ont en partie échappé.
Sa soif de revanche est intacte
Donald Trump reste redoutable. Il peut nous faire mentir. Comme tout «caïd», il ne laissera rien entraver sa soif de revanche. Il va continuer de nier le résultat des élections pour délégitimer l’édifice démocratique. Mais face à l’offensive programmée de la justice, et suite aux révélations de la commission d’enquête parlementaire sur l’assaut du 6 janvier 2021 contre le Capitole, son statut de candidat déclaré ne sera guère protecteur si des alternatives se profilent au sein du parti républicain.
Dans le blockbuster «Make America Great Again» dont il estime être le héros incontournable, Donald Trump ne peut plus, après ces midterms, imposer son scénario. Ni son casting à visage unique: le sien.