Sa présidente Maia Sandu révèle
La Moldavie veut entrer dans l'UE dès que possible face à la «menace russe»

La présidente de la Moldavie Maia Sandu a déclaré ce jeudi à l'AFP que son pays voulait rejoindre l'UE «dès que possible». En cause: la menace russe, selon la cheffe d'Etat.
Publié: 18.05.2023 à 11:16 heures
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Dernière mise à jour: 28.05.2023 à 09:59 heures
La présidente de la Moldavie Maia Sandu a révélé que son pays souhaitait rejoindre l'UE.
Photo: keystone-sda.ch

La Moldavie veut entrer «dès que possible» dans l’Union européenne pour se protéger de la «menace russe» et espère une décision «dans les prochains mois» sur l’ouverture des négociations d’adhésion, a déclaré sa présidente dans un entretien à l’AFP.

«Bien sûr, rien n’est comparable à ce qui se passe en Ukraine, mais nous voyons le risque et nous pensons que nous ne pouvons sauver notre démocratie qu’en faisant partie de l’UE», a déclaré Maia Sandu, à quelques jours d’une manifestation proeuropéenne puis d’un sommet européen inédit à Chisinau.

Assurance de ne pas être une prochaine cible

L’ex-république soviétique de 2,6 millions d’habitants voit son entrée dans l’UE comme la seule assurance de ne pas être une prochaine cible de la Russie, après l’invasion de son grand voisin ukrainien.

«La Russie va continuer à être une grande source d’instabilité dans les années à venir et nous devons nous protéger», a ajouté la dirigeante moldave de 50 ans en marge d’un sommet du Conseil de l’Europe qui s’est terminé mardi en Islande.

Fomentation d’un coup d’Etat

En février, Maia Sandu avait accusé la Russie de fomenter un coup d’Etat pour renverser le pouvoir en place à Chisinau. Au pouvoir depuis 2020, la dirigeante du pays le plus pauvre d’Europe a appelé à un grand rassemblement pro-UE dimanche, destiné à montrer le soutien des Moldaves à une adhésion européenne.

«La guerre en Ukraine a mis les choses en noir et blanc: on voit très clairement maintenant ce que le monde libre veut dire et ce que signifie le monde autoritaire pour nous tous», a affirmé la première femme à diriger le petit pays, dont une région entière, la Transnistrie, est de facto sous contrôle russe.

L’invasion de l’Ukraine a réveillé l’hypothèse jusque-là très improbable d’une adhésion de Kiev et de Chisinau à moyen terme. «Nous pensons que (l’adhésion) est un projet réaliste et nous nous réjouissons que cela arrive dès que possible», a dit à l’AFP la présidente moldave, espérant «avoir une décision sur l’ouverture de négociations dans les prochains mois».

Candidat officiel à l’adhésion

En juin 2022, l’UE a accordé à l’Ukraine et à la Moldavie le statut de candidat officiel à l’adhésion. Si la petite Moldavie, frontalière de la Roumanie membre de l’UE, serait sans doute plus facile à intégrer en raison de sa taille, de nombreux obstacles demeurent à son entrée dans l’Union, promettant un processus qui durerait au moins jusqu’aux années 2030.

Outre sa fragilité économique et ses problèmes lancinants de corruption, la Moldavie doit aussi trouver une solution à la Transnistrie sécessionniste, région pro-russe de 300.000 habitants dans l’est du pays.

Conflit gelé depuis 1992

Non reconnue par la communauté internationale, cette zone a fait sécession en 1990 après une brève guerre civile dans la foulée de l’effondrement de l’Union soviétique. Le conflit est gelé depuis 1992.

«Nous avons encore des choses à faire, mais nous travaillons très dur et c’est notre principal objectif désormais», a insisté Maia Sandu, dont le pays a amorcé son retrait de la Communauté des Etats indépendants (CEI) dont la Russie est la cheffe de file.

«Nous voulons continuer à faire partie du monde libre. Nous voyons ce qui se passe en Ukraine, nous voyons que la Russie essaie d’empêcher les pays de la région de devenir démocratiques».

Si l’Ukraine veut également rentrer dans l’OTAN, cette carte est difficile à jouer pour Chisinau, la Moldavie étant constitutionnellement neutre. «Nous respectons (la neutralité). Nous respectons la volonté du peuple. Mais il y a des discussions dans notre société pour savoir si la neutralité nous protège, et si à un moment donné les gens changeaient d’avis, bien sûr nous reconsidérerions cette décision», a souligné Maia Sandu.

«Nous ne sommes pas seuls»

La volonté de l’Ukraine d’entrer dans l’OTAN a été une des raisons invoquées par la Russie pour déclencher son invasion, Moscou accusant les Occidentaux de s’étendre à ses frontières loin dans son ancienne zone d’influence de l’ère soviétique.

Dans ce contexte pesant, l’organisation du sommet de la Communauté politique européenne (CPE), qui regroupe de façon informelle la plupart des pays européens dont les candidats à l’entrée dans l’UE, est vue par Chisinau comme une garantie pour sa sécurité.

«C’est important, car nous voyons que nous ne sommes pas seuls, que nous avons beaucoup d’amis, et que nos amis nous font confiance pour organiser un évènement si important», a dit Maia Sandu, nouvelle coqueluche de la scène européenne qui est notamment proche du président français Emmanuel Macron.

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