L'aéroport congestionné à Kaboul et l'impossibilité pour les personnes concernées de quitter le pays conduit à un retard du vol de rapatriement de personnes à destination de la Suisse.
Le Département fédéral des affaires étrangères (DFAE) a indiqué samedi matin que le vol charter, annoncé par la Confédération vendredi, était reporté «à court terme». Les avions civils ne peuvent pas atterrir à Kaboul. La capitale ouzbèke est l'une des étapes du pont aérien.
Dimanche des milliers de gens tentaient toujours de fuir l'Afghanistan tandis que les opérations d'évacuation continuaient dans des conditions extrêmes. Sept Afghans sont morts dans la cohue, a indiqué dimanche le ministère britannique de la Défense. Près de 6000 militaires américains contrôlent l'aéroport mais les talibans patrouillent dans les rues alentour, empêchant beaucoup d'Afghans d'atteindre l'aéroport.
En savoir plus sur le sujet
Seules quelques personnes peuvent actuellement être transportées par avion de Kaboul à Tachkent, a constaté samedi le DFAE. Il a ajouté qu'il n'y avait aucun besoin d'évacuation à partir de Tachkent, raison laquelle le vol n'avait toujours pas du lieu dimanche. Contacté par Keystone-ATS dimanche, il a à nouveau qualifié la situation en Afghanistan d'instable. Il a précisé que les autorités suisses n'avaient aucun contact avec les talibans pour le moment.
La grande priorité du Conseil fédéral est d'évacuer les ressortissants suisses, les travailleurs de la coopération au développement de la Confédération et leur famille proche, soit environ 230 personnes.
Politique d'accueil défendue
En Suisse, les autorités ont à nouveau défendu samedi leur politique d'accueil des réfugiés afghans. Le Conseil fédéral a annoncé mercredi ne pas accepter de quotas de réfugiés en provenance d'Afghanistan.»Il n'y a pas à l'heure actuelle de déplacements massifs» hors d'Afghanistan, a expliqué samedi la conseillère fédérale, Karin Keller-Sutter, interrogée par les journaux CH Media.
En savoir plus sur le sujet
La Suisse veut s'engager pour l'aide humanitaire sur place et dans les pays voisins de l'Afghanistan, relève la ministre de la justice. Le gouvernement suisse adopte la même position que de nombreux autres Etats de l'Union européenne.
Selon la conseillère fédérale, environ trois millions de réfugiés afghans vivent en Iran, 2,5 millions au Pakistan et, selon les estimations, 200'000 à 600'000 en Turquie.
La Direction du développement de la coopération (DDC) considère l'Afghanistan comme un des pays prioritaires de la coopération internationale. Depuis dimanche 15 août, le DFAE a temporairement fermé son bureau de coopération à Kaboul. La DDC examine quand et sous quelle forme elle pourra reprendre son travail à Kaboul, a indiqué le DFAE dimanche à Keystone-ATS. Au total, la Suisse a consacré 33 millions de francs à l'entraide en Afghanistan en 2020.
10'000 réfugiés
La gauche et des oeuvres d'entraide ont pour leur part demandé l'admission de 10'000 réfugiés vulnérables. Les personnes particulièrement vulnérables devraient bénéficier d'un accès rapide aux visas humanitaires, selon un appel signé par quelque 38'000 personnes.
Pour M. Gattiker, secrétaire d'État aux migrations, de tels visas pour les parents d'Afghans vivant en Suisse ne seraient pas la bonne réponse. Les facilités de visa pendant la crise syrienne visaient à permettre à une petite communauté syrienne en Suisse de faire venir les proches, notamment les grands-parents, les tantes et les frères, a-t-il déclaré samedi.
«Si vous les faisiez aujourd'hui, nous aurions des dizaines de milliers de membres de la communauté d'Afghans qui s'est développée en Suisse», a-t-il poursuivi. Selon lui, de nombreux parents d'Afghans vivant en Suisse ne sont plus en Afghanistan, mais au Pakistan ou en Iran.