Rahma Saqallah avait fui Gaza-ville, bombardée par l'armée israélienne vers le sud, avec son mari et ses quatre enfants. Elle y est retournée jeudi avec sa fille seulement. Les autres ont péri dans une frappe contre une maison dans laquelle ils se croyaient en sécurité. «Où qu'on aille, on mourra», a lâché Rahma Saqallah, 40 ans, en s'apprêtant à quitter la région de Khan Younès, dans le sud, pour retourner dans la ville de Gaza.
Elle fait partie de quelque 600'000 Palestiniens, selon l'ONU, à avoir quitté le nord de la bande de Gaza vers le sud à partir du 13 octobre après que l'armée israélienne a sommé les civils de s'en aller «pour leur propre sécurité» dans des tracts largués du ciel. Les bombardements israéliens, déclenchés le 7 octobre en représailles à une attaque sanglante du Hamas en Israël, se concentraient les premiers jours sur Gaza-ville, même si aucune zone ne semble épargnée.
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«Netanyahu est un menteur»
Mais d'après l'ONU, quelque 30'000 déplacés ont regagné ces derniers jours le nord du territoire «en raison de bombardements incessants dans le sud et les difficultés à trouver un abri adéquat». «Mon mari, Fadel Saqallah, et mes trois fils, Daoud, Mohammad et Majed, sont tombés en martyrs mardi à l'aube», a affirmé Rahma Saqallah, rencontrée mercredi avant son départ de Khan Younès et qui a confirmé jeudi par téléphone avoir regagné la ville de Gaza.
Son mari avait 47 ans, son fils Majed 9, et Daoud 18, alors que Mohammad «devait fêter son 15ème anniversaire» mercredi, selon elle. La frappe a «détruit les deuxième et troisième étages» d'un immeuble dans lequel plusieurs familles, au total une soixantaine de personnes, s'étaient abritées.
Le bombardement a tué, selon elle, onze membres de la famille Saqallah, dont son mari et ses trois enfants, «et 26 personnes d'autres familles». «De ma famille, il ne reste que moi et ma fille Raghad (17 ans). Nous sommes en vie, mais je ne peux pas dire que nous allons bien», a-t-elle confié. «Ils ont réduit Gaza en ruines, ils veulent la transformer en cimetière.» Le Premier ministre israélien Benjamin «Netanyahu est un menteur. Ils nous ont appelés à partir vers le sud et ils nous ont tués», a-t-elle ajouté.
Mourir chez soi plutôt qu'ailleurs
Plus de 7000 personnes sont mortes dans la bande de Gaza, dont de nombreux enfants, selon le Hamas. Après s'être réfugiés dans un hôpital à Deir el-Balah, plus au sud, Abdallah Ayyad, sa femme et leurs cinq filles se sont serrés dans la remorque d'un triporteur, prenant le chemin du nord pour retourner à Gaza-ville.
«Nous y retournons pour mourir dans nos maisons. Ce sera plus digne», a affirmé le père, sur un ton mêlant dégoût et résignation. «Nous vivons dans des conditions humiliantes ici. Rien à manger, rien à boire, pas de toilettes et pour couronner le tout, il y a des bombardements tout autour», a-t-il déploré.
Entassés dans un hôpital
Certains ont quitté le sud mais, incapables d'atteindre leurs maisons dans le nord en raison d'intenses bombardements, ils se sont résignés à se réfugier à al-Chifa, le principal hôpital de la ville de Gaza. Des familles entières s'entassent sous des bâches en toile accrochées contre les murs et les piliers en béton en guise de tentes.
«Moi, ma femme, mes enfants et mes beaux-frères, à peu près 40 personnes au total, on se (relaie pour dormir) dans une tente d'à peine trois mètres carrés. C'est indigne même pour du bétail», a affirmé l'un des déplacés, Mohammad Abou al-Nahel.
«On arrive difficilement à utiliser les toilettes en raison de la surpopulation. On voit arriver en permanence des martyrs et des blessés. Nous n'avons pas d'eau potable à boire et les enfants sont malades à cause du froid», confie une autre déplacée qui a quitté le sud pour s'abriter à l'hôpital, Mennah al-Bahtiti.
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La coordinatrice des affaires humanitaires de l'ONU pour les territoires palestiniens, Lynn Hastings, a prévenu jeudi qu'«aucun endroit n'est sûr (dans la bande de) Gaza», en raison des bombardements israéliens.
Interrogée par l'AFP au sujet de ses frappes dans le sud après avoir sommé les civils du nord de s'y diriger pour leur propre sécurité, l'armée israélienne n'a pas réagi dans l'immédiat.
(AFP)