Eau contaminée, manque de nourriture et maladies contagieuses... la situation humanitaire dans la bande de Gaza est catastrophique. Après l'attaque surprise du Hamas contre Israël le 7 octobre, l'approvisionnement en eau a été coupé dans l'enclave. La nourriture et le carburant sont aussi devenus introuvables. Les Gazaouis dépendent des convois humanitaires qui ont repris ce week-end, a un très faible flux.
S'ajoute à cette crise, la propagation de maladies infectieuses. C'est ce qu'ont rapporté les organisations de santé actives dans la région, a fait savoir dimanche le bureau d'aide d'urgence de l'ONU (OCHA). Ces maladies peuvent représenter un grand danger pour la population civile si les soins ne reprennent pas rapidement, peut-on y lire. Les experts mettent particulièrement en garde contre les maladies suivantes:
Le choléra
Adam Levine, directeur de la médecine d'urgence mondiale à l'université Brown de Providence (États-Unis), déclare à NBC News: «Nous savons que dans les conflits du monde entier, que ce soit en Afrique, au Moyen-Orient ou en Asie du Sud, les maladies infectieuses tuent plus de civils que les bombes ou les balles.»
Sans accès à l'eau potable et aux installations sanitaires, la population est sans défense face aux virus et aux bactéries, poursuit l'expert. «Les gens sont obligés de boire de l'eau avariée ou de l'utiliser pour cuisiner.» Selon lui, il est probable que l'eau soit tellement contaminée qu'elle provoque de graves maladies intestinales comme le choléra.
Selon les médecins, les enfants sont les plus menacés, car ils disposent d'un volume sanguin beaucoup plus faible que les adultes. Ils se déshydratent donc plus rapidement. Une épidémie de choléra ou d'autres maladies diarrhéiques peut avoir un impact particulièrement important sur la population de la bande de Gaza, dont près de la moitié est âgée de 18 ans ou moins.
La grippe et le Covid-19
Outre les maladies diarrhéiques, les infections respiratoires sont également en augmentation. Les gens vivent dans un espace restreint à cause de l'exode imposée par Israël. Cela permet une contagion mutuelle et une propagation rapide. Ahmad Moghrabi, responsable de la chirurgie plastique à l'hôpital Nasser dans la ville de Khan Younès, au sud de la bande de Gaza, observe de plus en plus de cas de grippe. Ce n'est qu'une question de temps avant que des cas de Covid-19 n'apparaissent. Il n'existe cependant pas de possibilités de test ou de vaccination, explique le chirurgien: «C'est impossible à l'heure actuelle.»
La gale
Les espaces restreints favorisent aussi l'apparition de la gale. Cette maladie de peau provoque des éruptions cutanées qui démangent et qui, à leur tour, provoquent des abcès. Selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS), cette maladie touche les populations les plus défavorisées du monde, notamment les personnes vivant dans des zones surpeuplées et appauvries. Les conditions similaires à celles des camps, tels qu'ils existent actuellement dans le sud de la bande de Gaza, font également partie des facteurs de risque.
La varicelle
La varicelle est également en train de gagner du terrain dans la bande de Gaza. Cette maladie aiguë et très contagieuse se propage particulièrement vite dans les grands rassemblements de personnes. La varicelle provoque une éruption cutanée qui démange et qui commence généralement sur le cuir chevelu et le visage avant de se propager.
La transmission se fait par gouttelettes, aérosols ou contact direct avec les salives respiratoires et entraîne presque toujours la maladie chez les personnes prédisposées. Comme les personnes vivant dans des conditions précaires présentent souvent un système immunitaire plus faible, il faut s'attendre à des taux d'épidémie très élevée tant que la guerre continue.
La rougeole
Les médecins de la région craignent de plus en plus la rougeole. En effet, selon l'OMS, ce virus très contagieux est réapparu pour la première fois dans la bande de Gaza en 2020, car le taux de vaccination a baissé. Si aucun nouveau cas n'est apparu jusqu'à présent, il suffit, selon les médecins, d'un seul cas dans un logement surpeuplé pour qu'une vague de contagion se déclenche.
Selon le coordinateur de l'aide d'urgence de l'ONU Martin Griffiths, au moins 100 camions de matériel de secours sont nécessaires chaque jour pour approvisionner la population civile en détresse dans la bande de Gaza. L'ONU salue le premier convoi d'aide humanitaire qui a pu se rendre samedi dans la bande de Gaza, soumise à des bombardements incessants. Mais ce n'est qu'une part insignifiante de ce qu'il faudrait pour aider durablement la population.