Avec leurs trois enfants, Ibrahim Alagha et sa femme Hamida Alagha ont passé leurs vacances dans la bande de Gaza. Comme leurs enfants sont nés en Irlande, les parents voulaient leur faire connaître leurs origines palestiniennes, pour qu'ils apprennent la langue et la culture. Ils ont donc rendu visite à leur famille. Le séjour s'est vite transformé en horreur: «C'était... des bombardements constants, des bombardements, des bombardements et la maison tremblait», raconte Ibrahim.
Et pour cause, après que l'attaque du Hamas le 7 octobre, qui a causé la mort de près de 1400 personnes selon les données israéliennes, l'Etat hébreu a lancé une contre-attaque brutale qui a tué jusqu'à présent 3500 Palestiniens, selon les données de l'autorité sanitaire.
La famille accueille des amis et des proches
Il y a quelques jours, l'armée israélienne a demandé à plus d'un million de personnes de quitter le nord de la bande de Gaza et d'évacuer vers le sud. C'est ainsi qu'Ibrahim Alagha et sa famille ont quitté leur appartement et se sont mis en route pour Khan Younès dans le sud. Là, ils ont trouvé refuge dans la maison de ses parents, comme le rapporte la «BBC». D'autres proches, fuyant les bombardements incessants de l'armée israélienne, ont trouvé refuge dans la maison des parents d'Ibrahim Alagha. Ainsi, 90 personnes se sont retrouvées sous le même toit, vivant dans quatre chambres seulement.
Mais le manque de place n'est pas le seul problème auquel sont confrontés les Palestiniens. «Il n'y a pas de nourriture, très peu d'eau et nous n'avons pas d'électricité. Juste une petite installation solaire pour recharger notre téléphone», explique l'homme de 38 ans à la chaîne irlandaise RTE.
Le groupe dort par équipes et fait des tournus, toujours deux personnes par matelas. La nuit, ils entendent les missiles et les bombes exploser autour d'eux. Pour éviter tout risque supplémentaire, la famille a enlevé les fenêtres pour éviter que les débris de verres ne blessent quelqu'un en cas de bombardements. «C'est extrêmement angoissant. Est-ce mon dernier jour? Vais-je vivre un jour de plus? C'est simple, du moment où nous nous réveillons jusqu'au moment où nous dormons, nous essayons simplement de survivre», se confie le père de famille.
«Nous avons peur pour notre vie»
Lors de son entretien avec la radio britannique, Ibrahim Alagha raconte la lutte quotidienne pour obtenir de la nourriture dans des boîtes de conserve. Ils peuvent certes faire du pain dans le four à bois d'un voisin, mais leurs réserves de farine et d'eau s'amenuisent. De toute manière, il n'y en a pas assez pour plus d'un repas par jour. «Nous, les adultes, on peut supporter, un peu, le manque de nourriture. On peut avoir faim, mais quand les enfants demandent à manger, on ne peut pas leur dire non», avoue Ibrahim Alagha.
Le binational a tout simplement peur que ses enfants meurent de faim. «Aujourd'hui, ils ont fait la queue pendant plus de cinq heures juste pour obtenir quelques conserves et un peu de riz. Des choses très simples qui nous permettraient de rester en vie, juste pour aujourd'hui au moins», explique le père de famille.
Sur les 30 enfants que compte actuellement la maison, dix ont moins de cinq ans. Et pour eux, c'est particulièrement difficile d'autant plus que certains «comprennent ce qu'il se passe et sont vraiment inquiets», assure Ibrahim Alagha. Sans compter que le groupe est également composé d'une femme enceinte et d'un homme âgé diabétique qui sera bientôt à court de médicaments. De toute manière, si quelqu’un tombe malade, il ne pourra pas être amené à l’hôpital.
«Je commence à perdre espoir»
En attendant, l'Irlandais fait tout son possible pour retourner à Dublin. La famille est en contact avec l'ambassade d'Irlande pour faciliter l'évacuation. Samedi dernier, ils se sont aventurés au passage de la frontière égyptienne. Une fois sur place, ils ont toutefois été priés par l'ambassade de rentrer, rapporte la BBC. «Je commence à perdre espoir», avoue Ibrahim Alagha. Il s'inquiète d'autant plus qu'il ne sait pas s'il aura assez de carburant pour atteindre une nouvelle fois le poste-frontière à Rafah.
Après l'explosion survenue mardi à l'hôpital Al-Ahli de la ville de Gaza, l'ambiance est encore plus tendue. «Nous avons vraiment peur pour nos vies. Il n'y a aucune limite... n'importe qui, n'importe où... tout le monde peut être pris pour cible. Et les choses empirent chaque jour», conclut le Palestinien, désespéré.