Les politiques sont sceptiques
Ruag dépose une demande pour vendre des chars Leopard 1 à l'Ukraine

Ruag a déposé auprès du SECO une demande officielle d'exportation pour les 96 chars Leopard 1 achetés en 2016 à l'Italie, a indiqué jeudi la porte-parole du groupe d'armement à la SRF. La société allemande Rheinmetall veut les acquérir pour les livrer à l'Ukraine.
Publié: 01.06.2023 à 14:22 heures
Les chars Leopard 1 rachetés par Ruag se trouvent en Italie (archives).
Photo: Bettina Berger

Le Secrétariat d'Etat à l'économie (SECO) a reçu une demande qui ne fait l'unanimité sous la Coupole. Le groupe Ruag a déposé une demande officielle d'exportation pour les 96 chars Leopard 1 achetés en 2016 à l'Italie, a indiqué jeudi la porte-parole du groupe d'armement à la SRF. La société allemande Rheinmetall souhaite les acquérir pour les livrer à l'Ukraine.

A la mi-mars, la ministre de la Défense Viola Amherd avait indiqué devant le Parlement que le SECO avait rejeté une demande préalable de Ruag. La conseillère fédérale avait rappelé que les activités du groupe suisse étaient soumises au droit de la neutralité et à celui sur le matériel de guerre.

En déposant une demande officielle, Ruag espère obtenir des éclaircissements du SECO, a expliqué sur les ondes de radio-télévision suisse alémanique (SRF) sa porte-parole Kirsten Hammerich. «Nous aimerions avoir une décision officielle du SECO afin de pouvoir mieux évaluer les options commerciales.»

Ruag a racheté en 2016 les 96 Leopard 1 usagés et non opérationnels à une agence du ministère italien de la défense. Le groupe d'armement avait l'intention de les remettre en état pour d'éventuels acheteurs ou d'en vendre des pièces de rechange. Les chars d'assaut se trouvent toujours en Italie.

Circonspection ministérielle

Le président de la Confédération Alain Berset s'est montré prudent face à cette requête, en marge du Sommet de la communauté politique européenne en Moldavie. «Il faut en discuter au sein du Conseil fédéral», a-t-il dit.

La «guerre de la Russie en Ukraine constitue une atteinte au droit international, mais on ne peut pas d'un côté exiger le respect des règles internationales et ne pas s'y tenir soi-même», a ajouté le conseiller fédéral. Cela ne signifie toutefois pas que rien ne puisse changer.»

L'UDC est également critique à l'endroit de Ruag. «A mon avis, la requête n'est pas possible car cela reviendrait à avantager l'Ukraine», estime le conseiller aux Etats bernois Werner Salzmann. La demande contrevient selon lui au droit de la neutralité.

(ATS)

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