Le président ukrainien Volodymyr Zelensky, invité surprise du sommet du G7 à Hiroshima (Japon), a déclaré ce dimanche qu'il ne «reste rien» de la ville ukrainienne de Bakhmout, théâtre de longs et sanglants combats et dont Moscou a revendiqué la prise ce samedi soir.
Interrogé par la presse sur le point de savoir si les forces ukrainiennes résistaient toujours ou si la Russie avait pris la ville, Volodymyr Zelensky a répondu de manière ambivalente, puis ajouté: «Vous devez comprendre qu'il n'y a rien là-bas. Aujourd'hui, Bakhmout n'est que dans nos cœurs.»
Théâtre de la bataille la plus longue et sanglante
Cette ville de l'est de l'Ukraine est l'épicentre des combats et le théâtre de la bataille la plus longue et sanglante dans le pays depuis l'invasion russe en février 2022.
«A la suite des actions offensives des unités d'assaut de Wagner, avec le soutien de l'artillerie et de l'aviation de l'unité 'sud', la libération de la ville d'Artemovsk est totale», a affirmé le ministère russe de la Défense, en utilisant le nom soviétique de Bakhmout.
La vice-ministre ukrainienne de la défense Ganna Maliar avait affirmé plus tôt sur Telegram que les défenseurs ukrainiens contrôlaient toujours «certaines installations industrielles et infrastructures» et immeubles d'habitation, bien que «la situation [soit] critique.»
L'annonce de Moscou fait suite à celle d'Evgueni Prigojine, patron du groupe paramilitaire russe Wagner, qui avait déjà revendiqué quelques heures plus tôt la capture de la ville.
Félicitations de Poutine
Le président russe Vladimir Poutine a, dans la foulée du communiqué de son ministère de la Défense, félicité Wagner et l'armée pour «l'achèvement de l'opération [ayant permis de] libérer Artemovsk», selon un communiqué du Kremlin repris par des agences de presse russes, dont TASS.
Si elle était confirmée, la prise de Bakhmout permettrait à la Russie d'afficher une victoire après une série de revers humiliants. Cette revendication survient pendant une visite surprise du président ukrainien Volodymyr Zelensky à Hiroshima, au Japon, pour le sommet du G7, où il doit rencontrer dimanche son homologue américain Joe Biden.
Dans l'après-midi, Evgueni Prigojine, en conflit avec la hiérarchie militaire à Moscou, avait souligné que la capture de la ville avait pris «224 jours» et qu'il n'y avait «que Wagner ici», pas de troupes régulières de l'armée russe. Selon lui, son groupe se retirera de la ville à partir du 25 mai et en laissera la défense à l'armée régulière, se tenant à disposition après rotation et entraînement pour des opérations futures de Moscou.
La Russie et l'Ukraine ont subi d'importantes pertes à Bakhmout, ville de quelque 70'000 habitants avant l'offensive russe, aujourd'hui en grande partie dévastée par les combats.
Contre-offensive ukrainienne
Les forces russes y ont progressé lentement tout en prenant des localités avoisinantes telles que Soledar plus au nord. Elles contrôlaient ces dernières semaines Bakhmout à plus de 90%. La résistance ukrainienne tenait une dernière poche dans la partie ouest.
L'Ukraine a cependant revendiqué cette semaine la prise de plus de vingt kilomètres carrés aux forces russes au nord et au sud de la ville, mettant en danger les flancs de Wagner, qui sont tenus par des troupes régulières de l'armée russe.
La Russie, qui a lancé ses troupes à l'assaut de l'Ukraine le 24 février 2022, a subi de sérieux revers sur le front, étant forcée de se retirer des environs de Kiev, puis de la région de Kharkiv (nord-est) et de la ville de Kherson (sud). Le front était essentiellement fixe tout au long de l'hiver, l'essentiel des combats se déroulant à Bakhmout.
Les deux camps sont désormais dans l'attente d'une contre-offensive d'ampleur annoncée par les autorités ukrainiennes, fortes des livraisons d'armes occidentales.
(ATS)