Nulle part ailleurs, ou presque, ne s'accumulent autant de mines qu'en Ukraine. Selon les données du gouvernement de Kiev, les troupes du président russe Vladimir Poutine ont miné près de 30% du pays. Un simple pas peut être fatal.
Pourtant, les troupes ukrainiennes doivent avancer chaque jour si elles souhaitent reprendre du terrain. La tâche des démineurs ukrainiens n'est pas simple: elle consiste à trouver et à désamorcer les mines avant que les unités militaires arrivent sur le champ de bataille. Leur tâche est mortelle, mais primordial puisqu'elle sauve la vie de nombreux combattants.
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A Zaporijjia et à Donetsk, l'armée russe a mis en place des positions de défense. C'est d'ailleurs là que se déroulent les combats les plus violents de la contre-offensive. «Les Russes savent tout simplement très bien poser les mines», explique un démineur au «Spiegel».
Un véritable piège
Mais les engins explosifs ne sont pas les seuls à poser problème. L'armée russe dispose d'un système de défense composé de tranchées antichars, de barrages, de barbelés, de clôtures et de bunkers. Et parfois, ce sont même des tronçons de 16 kilomètres qui sont minés. Les démineurs sont confrontés à des «ceintures de mines antichars, antipersonnel et directionnelles», écrit le «Spiegel». Si les soldats détectent plusieurs mines empilées les unes sur les autres, ils n'ont aucune chance de les désamorcer.
Les troupes russes attendent patiemment que des Ukrainiens se retrouvent piégés dans les champs de mines. S'ils sont pris dans une embuscade, ils se retrouvent sous le feu des chasseurs-bombardiers et des drones kamikazes. Les Russes peuvent également tirer des mines antichars et antipersonnel à distance sur les champs qui auraient été déminés.
«La Russie dispose de réserves presque inépuisables de mines», a rapporté Alexey Melnik, expert du centre de sondage Razumkov, en juillet. Il sait que «dans certaines régions, il y a jusqu'à un millier et demi de mines par kilomètre carré».
Cette situation complique passablement l'avancée de l'armée ukrainienne. «Nous ne pouvons plus opérer avec des chars parce que les champs de mines sont tout simplement trop étendus», a récemment déclaré le général ukrainien Valeri Zaloujny au «Washington Post». L'armée tente, tant bien que mal, d'éviter les zones minées ou de faire appel à des hommes pour sécuriser le terrain.
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Chasse aux machines occidentales
Et même si l'Occident fournit des engins qui peuvent permettre un déminage efficace, ils n'ont qu'une utilité limitée, car lorsqu'ils entrent dans une zone de combat, ils sont la cible de tirs. «Ces grosses machines sont rapidement repérées par les Russes qui les chassent efficacement», explique le soldat.
Ils n'ont pas d'autres choix que de se rendre à pied sur les terrains vagues. Tous les dix mètres, les démineurs perforent la terre avec des tiges métalliques pour localiser les explosifs et désamorcer les mines simples. Ils sont attentifs aux traces, aux branches cassées ou à la terre aplatie.
Chaque pas les rapproche de la mort
Chaque pas augmente le danger de mort. «Les mines posées directement devant les positions russes sont particulièrement nombreuses», explique le démineur. Les enlever est laborieux. «Vu le nombre de mines et de munitions non explosées déjà présentes sur le sol ukrainien, cela prendra des décennies de débarrasser les champs», poursuit Alexey Melnik. Mais pour que la contre-offensive soit couronnée de succès, il y a urgence.
«Nous disposons de pionniers expérimentés et d'équipements modernes, mais ils ne suffisent pas à couvrir les kilomètres de front à l'est et au sud de l'Ukraine», a souligné Oleksiy Reznikov ce dimanche au «Guardian». Vladimir Poutine l'a d'ailleurs bien compris, et a fait des mines son arme la plus redoutable.
Source vidéo: Arthur de Poortere, reporter franco-belge pour TV5 Monde