Le rouble devient-il une monnaie de pacotille? Il a en tout cas perdu de sa valeur. Pour un franc, on obtient actuellement 110 roubles. Il vaut donc un tiers de moins que la moyenne à long terme. La monnaie de référence russe a également perdu beaucoup de sa valeur par rapport au dollar et à l'euro.
Depuis le début de la guerre en Ukraine, le rouble a d'abord fortement chuté, avant de se stabiliser, puis de repartir à la baisse. Mardi, la banque centrale russe est intervenue et a radicalement augmenté le taux directeur, le faisant passer de 8,5 à 12%. Cela a permis au rouble de se redresser. Mais les chiffres concernant l'inflation sont aussi préoccupants du côté de Moscou. Où en est vraiment l'économie russe? Blick fait le point.
Les prix des matières premières mettent la Russie sous pression
La faiblesse actuelle du rouble réside dans les matières premières. Les prix de celles-ci sont nettement plus bas que dans les mois qui ont suivi le début de la guerre. La Russie gagne par conséquent moins d'argent avec le pétrole et le gaz, ce qui affaiblit son économie nationale et, logiquement, sa monnaie. La dette publique continue donc d'augmenter, cependant à un niveau relativement bas.
La Chine produit moins
Autre raison qui explique la faiblesse du rouble, les dernières données économiques de la Chine, qui n'augurent rien de bon pour la Russie. La demande et les exportations de la deuxième économie mondiale sont moins bonnes que prévu par les experts. Si la Chine réduit sa production, elle a également moins besoin de pétrole russe. Comme le rouble a perdu 14% par rapport au renminbi, la monnaie chinoise, entre lundi et mardi, l'exportation de pétrole vers la Chine rapporte en outre nettement moins d'argent au Kremlin.
L'inflation repart à la hausse
L'année dernière, le taux d'inflation mensuel en Russie était encore supérieur à 12%. En avril et en mars 2023, il est soudainement tombé à 2,5%, voire moins. Mais ce n'était qu'un bref répit. Ce net recul était avant tout lié au fait que l'inflation était extrême au printemps dernier. Aujourd'hui, l'inflation repart à la hausse. En juillet, elle était de 4,3% et la faiblesse du rouble va continuer à la faire grimper.
Le rouble pèse sur les prévisions
Jusqu'à présent, l'économie russe s'est montrée bien plus résistante que ce que les économistes pensaient après le début de la guerre. Selon les estimations, le produit intérieur brut n'a baissé que de 2,1% l'année dernière. Le Kremlin fait preuve d'un grand optimisme pour l'année en cours et prévoit même une croissance. Il faut dire que l'industrie de guerre est un moteur important.
Malgré tout, la banque centrale finlandaise s'attend quant à elle à une contraction de 2%. La faiblesse du rouble pourrait être à l'origine de cette prévision, car elle fait baisser les recettes à l'étranger. Jusqu'à présent, la Russie a perdu un tiers de ses recettes d'exportation.
Le rouble pèse sur la classe moyenne
Malgré les sanctions, l'économie russe continue d'importer des produits occidentaux via des chaînes d'approvisionnement nouvellement mises en place, mais à des prix bien plus élevés. Un rouble faible va désormais renchérir l'importation de biens tels que les smartphones. Cela va se ressentir dans le porte-monnaie de la population, et principalement dans celui de la classe moyenne, déjà en première ligne face aux sanctions. Pour cette part des Russes, il est n'est plus possible de passer des vacances en Europe et certains produits ne sont disponibles que de manière limitée.
Les régions pauvres en profitent
En revanche, la situation économique s'est en partie améliorée pour les habitants des régions plus pauvres. En Russie, il y a une pénurie de main-d'œuvre en raison de la mobilisation. C'est pourquoi les salaires ont nettement augmenté dans ces régions, davantage encore que l'inflation. De plus, les hommes issus des régions pauvres gagnent plus d'argent dans l'armée, ce qui pèse positivement sur la consommation privée.