Benjamin Netanyahu n’est pas dans une position facile ces jours-ci. Le Premier ministre n’était déjà pas très apprécié du peuple israélien en raison de la réforme controversée de la justice. Après l’attaque du Hamas le 7 octobre, son image a été encore davantage ternie du fait qu’il n’a pas pu garantir la sécurité nationale: les services secrets et l’armée ont largement sous-estimé les préparatifs de l’organisation palestinienne.
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Les Israéliens sont en colère. Ce week-end, des manifestants ont tenté de pénétrer dans une propriété de Benjamin Netanyahu. Ils avaient auparavant exigé sa démission. Trois personnes ont été arrêtées. Comme si cela ne suffisait pas, deux anciens Premiers ministres du pays s’immiscent désormais dans le débat sur l’offensive dans la bande de Gaza.
Netanyahu manque de temps
Ehud Olmert, Premier ministre israélien d’avril 2006 à mars 2009, part du principe que Benjamin Netanyahu a fait un mauvais calcul. L’actuel premier ministre serait au bord de la «dépression nerveuse, a avancé son prédécesseur dans un entretien avec Politico. Il est émotionnellement détruit, c’est certain.» Il se montre critique quant à la gestion de la crise: «Chaque minute avec lui comme Premier ministre est un danger pour Israël. Je le pense vraiment.»
Ehud Olmert n’est pas convaincu par le projet de Benjamin Netanyahu qui vise à reprendre le contrôle le territoire palestinien. «Il n’est pas dans l’intérêt d’Israël de superviser la sécurité de Gaza», a constaté l’ex-chef du gouvernement. Et même si cet objectif est atteint, il n’y a pas de plan pour la suite, souligne l’ancien homme d’État. La patience des alliés occidentaux est à bout, selon lui.
La protection des civils doit être la priorité
C’est également l’avis d’Ehud Barak, à la tête du pays entre 1999 et 2001. Il part du principe qu’Israël n’a plus que quelques semaines pour éliminer le Hamas. L’opinion publique – notamment aux Etats-Unis – changera si ce n’est pas le cas, a-t-il également soutenu dans un entretien avec Politico.
En effet, le président américain Joe Biden a souligné la semaine dernière la nécessité d’une «pause humanitaire». Dans le même sens, le secrétaire d’État américain Antony Blinken a exhorté Benjamin Netanyahu à mettre la priorité sur la protection des civils dans la bande de Gaza.
Netanyahu n’est plus populaire
Selon Ehud Barak, le soutien de l’Occident s’affaiblit de plus en plus en raison du nombre de victimes civiles dans la bande de Gaza et de la crainte d’un élargissement du conflit au Proche-Orient. De plus en plus de voix s’élèvent pour réclamer un cessez-le-feu. «Nous chutons dans l’opinion publique en Europe, et dans une semaine ou deux, nous commencerons à perdre le soutien de gouvernements européens», prédit Ehud Barak.
La cote de popularité de Netanyahu est au plus bas depuis l’attaque du Hamas. Avec son offensive, il tente de redorer son image, analyse Ehud Olmert. Mais il ne pourra pas ignorer éternellement les appels à un cessez-le-feu. Le conflit pourrait finir par lui coûter son poste s’il ne prend pas la bonne décision.