L'Ukraine paie un lourd tribut en sang pour chaque mètre récupéré sur le front. C'est une guerre d'homme à homme. «Ni l'ennemi, ni nous, n'utilisons de grandes formations, des compagnies, des bataillons ou des brigades», explique le général de brigade Aleksander Tarnawski, qui dirige la contre-offensive de Kiev le long du front sud. «Nous utilisons des troupes d'assaut, des groupes de 10 à 15 hommes», explique le militaire lors d'un entretien avec CNN.
La mort menace les soldats à tout moment. Les soldats «accomplissent un travail gigantesque», poursuit le général. «Ils concentrent le feu ennemi sur eux et mettent tout en œuvre pour survivre.» Mais le général de brigade reconnaît que l'avancée n'est pas aussi rapide qu'espérée: ce n'est «pas comme dans les films sur la Seconde Guerre mondiale, avoue-t-il. «L'essentiel est que nous ne perdions pas l'initiative.»
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L'hiver dernier, les combats s'étaient calmés dans certaines zones. Les troupes des deux côtés creusaient des tranchées et des lignes de fortification. Elles tenaient leurs positions de front, tandis que Kiev manquait encore d'équipement de combat. Cet hiver, l'avancée ne devrait pas faiblir, affirment le commandement ukrainien.
Maintenir la pression sur la Russie
Le chef des services secrets Kyrylo Boudanov a, lui aussi, assuré dans une interview publiée le 22 septembre par «The War Zone» que l'offensive se poursuivrait l'hiver. «Ce n'est pas un problème pour les deux parties de combattre en hiver», a déclaré l'Ukrainien. «Ce n'est pas une chose agréable, mais ce n'est pas non plus une grosse affaire.»
Il y a cependant «une nuance très importante qui fait la différence entre la conduite actuelle de la guerre et les périodes de combat précédentes. Actuellement, la plupart des combats sont menés à pied et sans utilisation de matériel».
Cette situation serait liée à la forte saturation des systèmes d'artillerie en première ligne et des armes antichars portables. Les conditions météorologiques saisonnières ralentiront les mouvements au sol et mettront à l'épreuve la logistique, mais ne figeront pas la contre-offensive.
Il faut avancer à pieds
C'est ce qu'affirme également le général de brigade Aleksander Tarnawski. La pression contre les Russes doit être maintenue même en plein hiver. Des pluies intenses en automne suffiraient à détremper le sol et à rendre difficile le déplacement d'engins lourds comme les chars.
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C'est pourquoi les forces armées ukrainiennes se déplacent le plus souvent à pied, en petits groupes. «Le temps peut être un sérieux obstacle à la progression, explique Aleksander Tarnawski. Si l'on considère la façon dont nous avançons, le plus souvent sans véhicules, je ne pense pas que l'hiver non plus aura une grande influence sur la contre-offensive.»
Kiev attend une «grande percée»
Certes, l'ennemi apprend vite et s'adapte à la tactique ukrainienne. Mais l'Ukraine a réalisé des percées, «et nous continuons à avancer». Aleksander Tarnawski est convaincu que la grande percée de la contre-offensive se produirait si l'Ukraine parvenait à prendre Tokmak, un centre stratégique pour la Russie.
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Les forces ukrainiennes se trouvent encore à une vingtaine de kilomètres de Tokmak et semblent avoir du mal à percer les multiples couches de défense russes. Le général de brigade Aleksander Tarnawski reste toutefois confiant: «Je pense que oui, il y aura une grande percée.»
Ce n'est que lorsque les forces ukrainiennes auront atteint la ville que les bases d'un succès ukrainien à long terme seront posées. «Tokmak est l'objectif minimum, a déclaré Aleksander Tarnawski. Notre véritable objectif est d'atteindre nos frontières nationales.»