D'abord étonné, le conseiller national du Centre Andreas Meier s'est ensuite inquiété. La raison? La société Artionis GmbH, centre officiel russe de demande de visa, est installée à côté du siège de l'armée de l'air suisse à la Bolligenstrasse à Berne. L'entreprise travaille donc en étroite collaboration avec l'ambassade de Russie.
«Cela m'inquiète un peu», commente le politicien de sécurité Andreas Meier à Blick. Il ne peut bien sûr pas évaluer le risque concret, «mais nous devons partir du principe qu'Artionis défend des intérêts russes, informe-t-il. «Nous ne devons pas être naïfs à ce sujet.»
Des mesures sont prises
Selon lui, les possibilités modernes de surveillance et d'écoute sont aujourd'hui très développées. «Il pourrait y avoir un risque que des données sensibles tombent entre de mauvaises mains», craint le politicien de la sécurité.
En réponse à la demande d'Andreas Meier, le Département de la défense (DDPS) de la conseillère fédérale et collègue de parti Viola Amherd reste courtois: l'armée et le Service de renseignement de la Confédération (SRC) sont au courant des faits décrits. Les deux autorités prendraient toutes les mesures nécessaires pour identifier, empêcher et combattre d'éventuelles activités d'espionnage interdites.
Ne pas prendre la situation à la légère
Le conseiller national a été informé de ce voisinage potentiellement risqué par une personne «qui s'y connaît dans le métier des services de renseignement et qui est bien disposée à l'égard de la Suisse», précise-t-il. Il ne veut pas en dire plus. Mais cette indication pourrait laisser penser que la situation ne doit pas être prise à la légère.
Pour le conseiller national Andreas Meier, la réponse du DDPS est «plutôt mince». «Que peuvent-ils dire d'autre, sinon qu'ils ont tout sous contrôle, estime-t-il. Pour moi, la situation est tout de même problématique.» On a l'impression qu'il manque encore la sensibilité nécessaire pour la nouvelle situation de menace en Europe. «Je serais en tout cas plus à l'aise si l'on évitait de telles constellations délicates.»
La menace est élevée
Toujours est-il que l'activité d'espionnage de la Russie a augmenté depuis le début de la guerre en Ukraine. La Suisse est considérée comme un «havre de paix» pour les agents russes. En effet, alors que l'Allemagne, la France ou l'Italie ont entre-temps mis à la porte de nombreux diplomates, le Conseil fédéral est resté très discret.
Pourtant, dans son dernier rapport de situation, le SRC estime que la menace de l'espionnage russe et chinois est élevée. En chiffres, 221 personnes sont accréditées diplomatiquement auprès des représentations russes. Le SRC part du principe qu'une bonne personne sur trois est active en tant qu'espion, soit 70 à 80 personnes. La cyberattaque contre l'entreprise informatique Xplain montre également à quel point le danger et la menace pour la Confédération sont importants.
La Commission de politique extérieure du Conseil national exige donc une approche plus ferme. Si le Parlement donne son accord, le Conseil fédéral devra expulser systématiquement du pays toutes les personnes étrangères qui, en tant qu'espions, mettent en danger la sécurité de la Suisse. Et ce, même s'ils ne peuvent être poursuivis pénalement en raison de leur statut diplomatique.