Sur les champs de bataille comme partout ailleurs, une règle demeure: sans une bonne préparation, la défaite est inévitable. Seuls les plans d'attaques planifiés avec précision permettent d'atteindre la victoire.
Un exemple récent? Les deux dernières nuits d'horreur pour les Russes en Crimée, région occupée depuis 2014. Pendant des mois, l'Ukraine a affaibli de manière déterminante les défenses russes en attaquant des ponts, des dépôts de munitions et, plus récemment, en démontant d'importants radars de surveillance russes avec un final enflammé.
Menace nucléaire?
Dans le port de la ville de Sébastopol en Crimée, des missiles ukrainiens ont détruit un sous-marin russe d'une valeur de 300 millions de dollars (la première frappe de sous-marin depuis le début de la guerre) et un autre navire de guerre. Et juste à côté, à Eupatoria, un système de défense aérienne d'un coût de 1,1 milliard de francs a pris feu. Une humiliation pour la Russie.
Ces différentes attaques devraient être une raison supplémentaire pour Vladimir Poutine de mettre sa menace à exécution: si l'Ukraine attaque la Crimée avec des armes occidentales, cela signifierait la guerre entre la Russie et l'OTAN. Mais Poutine semble avoir soudainement changé d'avis.
Une nuit «agitée»
Le ministère russe de la Défense a évoqué mercredi le fait que les attaques sur Sébastopol avaient été menées avec des missiles S-200 produits à l'époque soviétique. Mais des experts occidentaux confirment que plusieurs missiles Storm Shadow livrés par la Grande-Bretagne ont été utilisés. Et le chef de l'armée de l'air ukrainienne a sèchement fait remarquer, au vu des succès de ses projectiles Storm Shadow, que la flotte russe en Crimée avait passé une «nuit agitée».
L'événement pourrait-il suffire à provoquer l'ire du président Poutine? Finalement, l'Ukraine attaque bien le territoire russe avec des armes occidentales. Son ministre de la Défense, Sergueï Choïgou, a récemment confirmé que des armes occidentales contre la Crimée seraient synonymes d'une attaque occidentale contre la Russie.
La seule réaction de la Russie jusqu'à présent? La fermeture aux véhicules civils du pont de Crimée entre la péninsule occupée et la Russie continentale. Sans doute par crainte que tous les touristes russes en fuite n'encombrent la route et n'empêchent les véhicules militaires de passer.
Pas d'ultimatum pour l'Occident
Pour le reste, Moscou ne bouge pas. Au lieu de fixer un ultimatum à l'Occident, elle nie l'utilisation avérée de projectiles britanniques sur la Crimée. La Russie donne l'impression d'être une brute de la cour de récréation qui menace tout le monde de coups et qui, face à un adversaire plus fort, se fait soudain tout petit. En effet, le groupe de réflexion américain Center for Strategic and International Studies (CSIS) affirme que la guerre en Ukraine a réduit, à court terme, le danger russe pour l'Occident.
Gulnaz Partschefeld, présentatrice jusqu'en 2006 sur la chaîne d'Etat russe et aujourd'hui chargée de cours en histoire de la culture russe à l'université de Saint-Gall, déclare à Blick: «Je n'exclurais pas que Poutine ait recours à des armes nucléaires tactiques en cas de défaite militaire annoncée.» Soit pour détruire une région ou une ville ukrainienne, soit pour se créer une meilleure position de départ à la table des négociations.
«L'arsenal nucléaire actuel est toujours suffisant pour une escalade militaire», explique Gulnaz Partschefeld. La Russie possède toujours une estimation de 4489 têtes nucléaires. «Une attaque avec des armes radioactives serait toutefois le dernier acte de Poutine. Ce serait la fin de Poutine, et il le sait.»