Les Russes ne s'attendaient vraiment pas à cela. Alors que Vladimir Poutine a fait descendre ses réservistes à toute vitesse du Donbass vers la région de Zaporijia pour y stopper l'avancée ukrainienne autour de Robotyne, l'Ukraine a frappé comme si de rien n'était aux portes de Donetsk, ville d'un million et demi d'habitants occupée par les Russes depuis 2015.
A lire aussi
En début de semaine, les combattants de Volodymyr Zelensky se sont emparés de la moitié nord de la localité d'Opytne, à quelques encablures seulement de l'aéroport occupé de Donetsk. Des sources ukrainiennes et russes ont confirmé cette avancée fulgurante. Mais ce qui s'est passé ensuite est encore plus surprenant.
Lors de leur retraite vers le sud, les soldats russes pris au dépourvu sont soudain pris sous un feu d'artillerie nourri. Le bilan est lourd: 27 hommes ont perdu la vie, 34 ont été grièvement blessés. Et pourtant ce ne sont pas les troupes ukrainiennes qui ont mené cette attaque, mais les russes eux-mêmes! Plus précisément, ce sont les troupes présentes sur le site occupé de l'aéroport de Donetsk.
L'incident déstabilise les Russes au plus haut point
Ceux-ci étaient convaincus que les hommes qui se précipitaient sur eux étaient des assaillants ukrainiens. «Chaotique, presque pris de panique», le retrait des Russes d'Opytne s'est déroulé de façon confuse selon un témoin oculaire qui s'est confié au blog militaire «WarGonzo», proche des services secrets russes. «C'est effrayant. Personne ne comprend comment cela a pu se passer.»
L'incident montre à quel point la communication entre les différentes unités sur le front russe est catastrophique. Au lieu de garder une vue d'ensemble, on tire sur tout ce qui bouge – et on facilite donc parfois le sale boulot pour les forces armées ukrainiennes.
Ces derniers jours, des représentants du groupe de mercenaires russes «Roussitsch» se sont aussi plaints, via le service de messagerie Telegram, de la mauvaise qualité des liaisons radio du front. Sans communication claire, toute mission de guerre est vouée à l'échec.
Reconquête historique des territoires occupés en 2015
En parlant de communication: les Ukrainiens ont réussi un autre coup historique contre les agresseurs russes fin août. Les forces spéciales ukrainiennes ont capturé plusieurs plateformes de forage connues sous le nom de «tours Boyko», entre Odessa et la Crimée.
Depuis 2015, les Russes utilisaient ces plates-formes comme héliports et sites pour des radars militaires. Les Ukrainiens ont désormais retiré ces appareils de surveillance au service de Moscou. Ils ont retiré les «yeux et les oreilles russes» dans la région, a expliqué un stratège de guerre de Kiev.
Avec l'attaque des tours Boyko, les Ukrainiens ont réussi pour la toute première fois à reconquérir un territoire occupé par la Russie depuis 2015. Une nouvelle victoire partielle historique. Et un indice supplémentaire de la lassitude russe face à la mission meurtrière qui lui est imposée depuis plus d'un an.
Poutine veut recruter encore 140'000 hommes
Comme l'a rapporté le ministère britannique de la Défense en début de semaine, Poutine veut recruter encore 140'000 soldats pour sa mission d'ici à la fin de l'année – en plus des 280'000 qui ont déjà reçu un ordre de marche. Si les recrues inexpérimentées continuent à se tirer dans le dos sur le front à cause d'un manque de formation et de moyens nécessaires à un échange d'informations efficace, les 140'000 nouveaux venus dans les rangs de Poutine ne pourront pas suffire à satisfaire son fantasme de grande puissance.