Les forces armées ukrainiennes se trouvent actuellement dans leur situation la plus difficile depuis le début de la guerre en février 2022. Les stocks d'armes et de munitions s'épuisent lentement mais sûrement. Il ne faut toutefois pas s'attendre à de nouvelles livraisons d'armes de la part des Etats-Unis et le manque ne peut de loin pas être compensé par les partenaires européens.
La perte de motivation comme risque de défaite
Même la contre-offensive tant vantée des Ukrainiens l'année dernière s'est finalement révélée peu efficace pour chasser la Russie des territoires qu'elle avait conquis. Une grande amertume pour Kiev. Le Kremlin semble désormais planifier une offensive de même ampleur pour l'été prochain.
Face à ces énormes menaces pour l'Ukraine, de plus en plus de voix prédisent un avenir difficile sur le champ de bataille pour l'Ukraine. C'est notamment le cas de l'ancien chef du Strategic Command des forces armées britanniques, le général Richard Barrons, qui a récemment déclaré à la BBC qu'il existait «un risque sérieux» que l'Ukraine perde la guerre cette année.
Ce cas de figure menace surtout car «l'Ukraine pourrait avoir le sentiment de ne pas pouvoir gagner, selon l'expert. Si c'est le cas, pourquoi les gens voudraient-ils se battre et mourir plus longtemps, juste pour défendre l'indéfendable?»
L'offensive estivale russe pourrait être décisive
Certes, l'ancien général souligne que l'Ukraine n'en est pas encore là pour le moment. On peut déduire des paroles de Richard Barrons qu'il ne devrait plus y avoir trop d'obstacles à une baisse de motivation imminente.
C'est surtout l'issue de l'offensive d'été qui pourrait en décider. «La forme de l'offensive russe à venir est assez claire. Nous voyons la Russie frapper sur la ligne de front, en utilisant un avantage de cinq pour un en matière d'artillerie et de munitions, ainsi qu'un surplus d'hommes, renforcé par l'utilisation d'armes plus récentes.» Il n'est donc pas exclu que les forces armées russes parviennent à percer la ligne ukrainienne dans un avenir proche.
Jack Watling, Senior Research Fellow pour la conduite de la guerre terrestre au think tank Whitehall Royal United Service Institute, regarde lui aussi avec inquiétude les mois à venir. «L'un des défis pour l'Ukraine est que les Russes peuvent choisir où déployer leurs troupes. Il s'agit d'une très longue ligne de front et les Ukrainiens doivent être en mesure de la défendre dans son intégralité», explique-t-il à la BBC.
«Kharkiv est certainement vulnérable».
Jack Watling et Richard Barrons mettent particulièrement l'accent sur un objectif où la guerre devrait s'intensifier. «Kharkiv est certainement vulnérable.» En tant que deuxième plus grande ville d'Ukraine et dangereusement proche de la frontière russe, Kharkiv est une cible tentante pour le Kremlin. L'ex-général Richard Barrons est du même avis. «Je pense que le premier objectif de l'offensive de cette année sera de sortir du Donbass.» Dans ce contexte, les yeux de la Russie seront avant tout tournés vers Kharkiv.
Si la ville devait effectivement tomber, ce serait, selon les deux experts, un coup catastrophique pour le moral et l'économie de l'Ukraine. Il n'est donc pas exclu que l'objectif stratégique de la Russie cette année soit uniquement de nature territoriale.
Créer un sentiment de désespoir
Il pourrait plutôt s'agir pour le Kremlin de briser définitivement l'esprit combatif de l'Ukraine et de créer un sentiment de désespoir. Toutefois, «l'offensive russe ne mettra pas fin au conflit de manière décisive, quelle qu'en soit l'issue pour les deux parties», affirme Richard Barrons avec certitude.
«Je pense que le scénario le plus probable sera que les Russes réussiront à faire des progrès, mais qu'ils ne perceront pas complètement.» L'offensive de cette année devrait néanmoins être plus fructueuse que celle de l'année dernière. «La guerre aura tourné à l'avantage de la Russie.»