Une tactique de bombardements dits «conventionnels» est actuellement en train de faire des dégâts aussi bien sur le champ de batailles que parmi les civils. Tel que le décrit 20minutes.fr, son but est aussi simple. Et surtout vicieux: frapper une cible une première fois, laisser le temps aux secours, aux militaires d’arriver sur place, puis lancer un second missile pour maximiser les dégâts et le nombre de victimes. Les stratèges militaires appellent cette technique la «double frappe».
Illustration? Mi-mars, un bombardement sur Odessa a fait 20 morts et 73 blessés après qu'un missile balistique est tombé vers 10 heures du matin sur un quartier résidentiel. Quinze minutes plus tard, un second missile s’est abattu au même endroit, tuant ou blessant pompiers et ambulanciers.
«Le but était clairement de faire le plus de victimes possible»
«La double frappe, c’est quasiment une règle pour les attentats à la bombe. L'usage de cette technique est tellement connu que les services de secours sont même théoriquement formés à prendre en compte ce risque dans leurs protocoles d’intervention» explique Alain Rodier à 20minutes.fr.
Le directeur de recherche au Centre Français de Recherche sur le Renseignement de la revue «Raids» ajoute: «On peut presque dire que ce sont les terroristes qui l’ont inventée.» Ce fut en effet le cas lors de l’attentat perpétré par Daesh en Iran lors de la cérémonie en hommage au général Soleimani. Deux bombes avaient alors explosé à seulement dix minutes d’intervalle, la seconde faisant encore plus de morts.
La communauté internationale dénonce aujourd'hui ce type de bombardements, parfois qualifiés de crimes de guerre: «La double frappe n’est pas directement mentionnée dans les conventions, mais plutôt ce qu’il y a derrière», explique de son côté le colonel Michel-William Drapeau, ancien militaire de l’armée canadienne et spécialiste en droit militaire. Il ajoute: «Ce qui peut être qualifié de crime de guerre, c’est la volonté de toucher directement et de manière délibérée des vies civiles en opérant de telles frappes.»
Et pas question de parler d'accident ou de mauvaises évaluations de trajectoires: «Les systèmes de visés actuels laissent peu de place à l’erreur lorsque l’on cherche à détruire un objectif» martèle Michel-William Drapeau. Pour cet expert, les intentions de destruction sont donc indiscutables.