Une femme de loi face à un dilemme
Cette avocate ukrainienne défend les criminels de guerre russes

Les criminels de guerre ont eux aussi le droit d'être défendus devant un tribunal lorsqu'ils sont jugés. C'est précisément ce que fait cette avocate ukrainienne pour les prisonniers russes. Khrystyna Vrashchuk raconte le dilemme éthique auquel elle doit faire face.
Publié: 04.04.2024 à 19:41 heures
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L'avocate ukrainienne Khrystyna Vrashchuk défend des criminels de guerre russes présumés.
Photo: REUTERS/Dan Peleschuk

Viols, tortures, exécutions: tant de crimes de guerre perpétués à son peuple. Et pourtant, Khrystyna Vrashchuk défend les coupables de ces atrocités présumées devant le tribunal. Cette avocate ukrainienne fait partie des plus de 200 avocats qui défendent les criminels de guerre russes accusés et leurs collaborateurs locaux.

Un sacré dilemme moral pour elle et ses collègues. Alors que les actes des combattants russes sont toujours plus cruels, l'Ukraine veut tout de même assurer un procès équitable aux accusés et préserver les valeurs de son État de droit. Une tâche loin d'être facile.

Empêcher le témoignage de la famille

Un cas en particulier a marqué Khrystyna Vrashchuk à vie, raconte-t-elle à l'agence de presse Reuters. La femme de loi a défendu trois soldats russes accusés d'avoir torturé à mort deux hommes près de Kiev en 2022. L'épouse et la sœur des défunts voulaient témoigner devant le tribunal.

Mais à cause de Khrystyna Vrashchuk, la parole des proches n'a pas été considérée comme valable dans la procédure. La raison? La sœur du défunt n'a pas suffisamment prouvé qu'elle avait un véritable lien de parenté avec les soldats déchus. «Je voulais rentrer chez moi le plus vite possible et simplement me laver à l'eau chaude», se rappelle Khrystyna Vrashchuk. Finalement, l'épouse et la sœur ont pu être écoutées. Mais l'avocate n'a pas réussi à passer outre son sentiment de culpabilité.

Plus de 120'000 crimes de guerre présumés

Pendant ce temps, la Russie nie avoir commis des crimes de guerre en Ukraine et affirme que certains événements, comme l'exécution de civils ukrainiens dans la ville de Boutcha en 2022, ont été orchestrés par l'Ukraine.

De leur côté, les autorités de Kiev indiquent qu'elles enquêtent actuellement sur plus de 120'000 crimes de guerre présumés commis pendant la guerre en Ukraine.

Création d'un centre international

Fin février, le procureur général d'Ukraine Andriy Kostine a déclaré que les tribunaux du pays avaient jusqu'à présent prononcé au moins 81 condamnations, la plupart par contumace, et identifié plus de 500 suspects.

L'année dernière, une institution internationale a été créée pour poursuivre en justice l'invasion russe contre l'Ukraine. Le Centre international pour la poursuite du crime d'agression contre l'Ukraine réunit des procureurs d'Ukraine, de l'UE, des Etats-Unis et de la Cour pénale internationale (CPI) afin d'enquêter et de rassembler des preuves pour d'éventuelles procédures futures.

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