Début mars, une vidéo est sortie sur la toile. On y voit 7 jeunes hommes indiens demander de l'aide à leur gouvernement en expliquant avoir été incités, sans le vouloir, à faire leur service militaire en Russie. Ils auraient été piégés et engagés dans la guerre d'Ukraine contre leur volonté, affirment-ils.
La vidéo a notamment été rapportée par la chaîne de télévision indienne NDTV. Selon le journal «The Hindu», cinq des hommes sont originaires de la région indienne du Pendjab. Les deux autres sont de l'Haryana. Les images montrent ces hommes en uniforme militaire russe. On ne sait pas vraiment où a eu lieu la prise de vue.
Sur la guerre en Ukraine
10 ans de prison ou la guerre
Selon les rapports indiens, les hommes s'étaient rendus en Russie le 27 décembre pour fêter le Nouvel An. Ils disposaient alors d'un visa de 90 jours. Par la suite, les vacanciers auraient rencontré un prétendu guide touristique qui les aurait emmenés en Biélorussie pour un tour. Mais c'est là que les choses se compliquent: les Indiens n'avaient pas de visa pour se rendre dans cette zone.
Pris en flagrant délit, les hommes ont fait face à un dilemme des plus inattendus. «La police nous a attrapés et nous a remis aux autorités russes, qui nous ont forcés à signer des documents», explique l'un des hommes dans la vidéo. Le frère de l'un d'entre eux explique à NDTV que les documents indiquaient que les hommes devaient soit accepter une peine de prison de 10 ans, soit rejoindre l'armée russe.
«Nous ne sommes pas nourris du tout»
La chaîne de télévision allemande ZDF s'est entretenue par téléphone avec Gurpreet Singh, l'un des hommes apparaissant dans la vidéo. L'Indien ne va pas bien, et sa situation ne risque pas de s'arranger. «Je suis rentré aujourd'hui d'une journée passée sur la ligne de front. Et on va nous y renvoyer bientôt.»
L'Indien désormais engagé raconte son quotidien et les conditions déplorables de vie au front. «Nous ne sommes pas nourris du tout. Nous tombons tous malades. Il y a des morts partout. Nous étions dix-sept, dix-huit garçons de base: seuls trois ou quatre sont revenus. Les autres sont morts. Je ne sais pas où sont leurs corps», se désole le soldat.
Gurpreet Singh est stationné dans le village de Sadove, près de la ville de Tokmak dans l'oblast de Zaporijjia. Lorsqu'on lui demande si on lui laisse le choix d'aller au front, sa réponse est sans équivoque: «Non, ils nous contraignent à aller nous battre! Ils nous poussent et nous donnent des coups de pied. Si quelqu'un ne veut pas participer, il se fait tabasser.»
Le nombre total d'Indiens mobilisés n'est pas clair
Un collaborateur du ministère russe de la Défense d'origine indienne, dont l'identité n'a pas été révélée, a déclaré en février à «The Hindu» qu'une centaine d'Indiens avaient été recrutés l'année dernière comme aides militaires dans le centre de recrutement de Moscou.
Le porte-parole du ministère indien des Affaires étrangères, Randhir Jaiswal, a déclaré qu'une vingtaine d'Indiens travaillant comme personnel de soutien dans l'armée russe avaient demandé de l'aide aux autorités indiennes. Ils sont en contact avec les autorités russes. Il n'a pas précisé le nombre total d'Indiens travaillant pour l'armée russe.