Il ne parlera plus en public
Comment vit le condamné Nicolas Sarkozy avec son bracelet électronique

L'ancien président français a annoncé qu'il met «entre parenthèses» sa vie publique après la pose de son bracelet électronique. Son quotidien? Se défendre dans le procès des fonds libyens, dont le déroulement ne lui est guère favorable.
Publié: 09.02.2025 à 16:28 heures
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Dernière mise à jour: 09.02.2025 à 18:15 heures
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Nicolas Sarkozy porte désormais un bracelet électronique après sa condamnation en appel par la justice francaise.
Photo: AFP
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Richard WerlyJournaliste Blick

Nicolas Sarkozy n’est plus l’ancien président de la République française toujours prêt à commenter l’actualité et à pousser ses pions dans son camp politique: celui de la droite et du parti «Les Républicains». Samedi 8 février, l’ex-chef de l’Etat a tiré le rideau, du moins provisoirement, avec sa décision de mettre sa vie publique «entre parenthèses».

Plus d’entretiens à la presse. Plus d’interventions appuyées auprès d’Emmanuel Macron, qu’il conseillait ces dernières années. «Sarko» se replie sur sa famille, avec son épouse Carla Bruni et son fils Louis, de plus en plus visible dans les médias. La cause: le port d’un «bracelet électronique» imposé par la justice, après le rejet de son pourvoi par la Cour de cassation le 18 décembre, à un an de prison ferme aménagée sous bracelet électronique dans l’affaire dite des écoutes téléphoniques «pour corruption de magistrat et trafic d’influence par une personne dépositaire de l’autorité publique».

Finie la saga Sarkozy?

Finie donc, la saga «Sarkozy» qui, depuis les années 1990, alimente la vie politique hexagonale et en particulier la droite et son héritage gaulliste? Pas sûr. Se mettre en retrait «entre parenthèses» ne veut pas dire que l’ancien président se murera dans le silence, comme le fit l’ancien Premier ministre socialiste Lionel Jospin après sa défaite au premier tour de la présidentielle d’avril 2002.

La vérité est que Nicolas Sarkozy doit adopter une vie de condamné, ce qu’il est, même s’il continue de crier son innocence dans les différentes affaires pour laquelle il est poursuivi en justice. Il peut sortir de chez lui entre 8h et 20h, avec une permission jusqu’à 21h30 les lundis, mercredis et jeudis, jour des audiences dans l’actuel procès des fonds libyens supposés avoir alimenté sa campagne présidentielle victorieuse de 2007 contre Ségolène Royal. Un procès à très hauts risques pour lui, qui s’achèvera le 10 avril.

Ceux qui connaissent bien Nicolas Sarkozy, avocat de profession, ont donné une version de sa nouvelle vie. L’ancien président est, disent-ils, entièrement absorbé par sa défense sur au moins deux fronts. Le premier est le recours devant la Cour européenne des droits de l’Homme – dont il a souvent contesté la légitimité dans les dossiers des droits des migrants par exemple – qu’il a déposé pour contester sa condamnation à trois ans de prison, dont un an ferme (matérialisé par le port du bracelet). Le second est sa présence assidue aux audiences du procès libyen, dans lequel il est accusé d’avoir conclu un «pacte de corruption» avec le défunt dictateur libyen Mouammar Kadhafi.

Coaccusés déstabilisés

Or ce procès ne se déroule pas bien. Plus il avance, plus les témoignages des coaccusés, ex-proches de Nicolas Sarkozy vacillent, et plus leurs alibis pour justifier le transit de fonds libyens peinent à convaincre. L’un des plus vulnérables devant les questions des magistrats est l’ancien bras droit du président Claude Guéant, qui fut Secrétaire général de l’Elysée puis ministre de l’Intérieur. Difficile dans ces conditions pour «Sarko» d’apparaître en public. Cela explique pourquoi il a renoncé à «tous ses engagements internationaux ou de représentations», notamment liées à son statut d’ancien président de la République. Il n’assistera pas aux cérémonies officielles comme les festivités de la fête nationale du 14 juillet (même si c’est en journée pendant ses heures autorisées de sortie). Il s’est accordé une seule exception: d’éventuelles funérailles où il devrait se rendre.

Le bracelet électronique a été posé à sa cheville le vendredi 7 février en début d’après-midi par les équipes du parquet de Paris. Celui-ci a confirmé «la décision de la cour de faire exécuter la partie ferme sous le régime de la détention à domicile sous surveillance électronique». Attention toutefois: l’ex-chef de l’Etat va pouvoir demander sans délai à bénéficier d’une libération conditionnelle sous certaines conditions, comme le permet la loi pour les plus de 70 ans, âge qu’il a depuis le 28 janvier, jour de sa convocation devant le juge de l’application des peines.

D’ici là, la bataille judiciaire continue pour celui qui occupe désormais un triste rôle dans l’histoire de la République: celui de premier président français définitivement condamné à une peine de prison ferme.

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