Fin du procès Kadhafi-Sarkozy
A nouveau la prison ferme pour Sarkozy? Réponse le 25 septembre

Dernier jour ce mardi 8 avril pour le procès des présumés fonds libyens versés à Sarkozy pour sa campagne présidentielle de 2007. L'ancien président français a clamé son innocence. Problème: il a déjà été déclaré coupable de corruption. Jugement le 25 septembre.
Publié: 08.04.2025 à 18:42 heures
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Dernière mise à jour: 09.04.2025 à 17:47 heures
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Nicolas Sarkozy salue les policiers en faction devant la salle du tribunal correctionnel de Paris.
Photo: keystone-sda.ch
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Richard WerlyJournaliste Blick

Nicolas Sarkozy a eu toutes les peines du monde à surmonter l'assaut judiciaire qui s'est achevé ce mardi 8 avril avec les plaidoiries de ses avocats, dans le procès des fonds libyens soupçonnés d'avoir servi à financer sa campagne présidentielle victorieuse de 2012. L'ancien président français regarde droit devant lui. Il scrute les trois juges du tribunal correctionnel de Paris. Il sait que s'il rate cette marche-là, tout s'écroulera. Le mythe «Sarko», sauveur de la droite et de la France, sera en ruines. 

Comment convaincre de son innocence lorsque l'on a été condamné en appel, quelques semaines plus tôt, à porter un bracelet électronique en guise de peine de prison ferme pour «corruption et trafic d'influence»? Certes, son jugement définitif dans l'affaire des «écoutes téléphoniques» – dans laquelle sa culpabilité a été confirmée en février 2025 par la Cour de cassation – n'a rien à voir avec le procès fleuve qui se termine. D'un côté, une tentative de soudoyer un magistrat pour obtenir des informations confidentielles sur une affaire en cours. De l'autre, une valse de millions d'euros entre La Libye, l'Arabie saoudite, la Suisse et la France.

Aucune trace de l'argent

Nicolas Sarkoy l'affirme: aucune trace d'argent libyen ne l'incrimine. Ce procès des fonds libyens, ouvert le 6 janvier 2025, est bâti sur un écran de fumée pour aboutir à un «naufrage de l'accusation». Laquelle a pourtant requis contre l'ex-chef de l'Etat une très lourde peine: sept ans de prison, 300'000 euros d'amende et 5 ans d'ineligibilité. La décision du tribunal sera rendue le 25 septembre.

Qu'en penser? Comment éviter de s'attarder sur ce bas de pantalon qui masque le fameux bracelet, preuve ambulante de sa culpabilité aux yeux de la justice? Pour l'ultime journée de ce procès dont le jugement sera mis en délibéré, les arguments de «Sarko» ont de nouveau été égrenés par ses avocats.


Argument 1: La charge féroce du Parquet National Financier (PNF) repose sur une «présomption de culpabilité». Pas de preuves, genre bordereaux ou reçus pour les sommes en liquide qui ont bien quitté Tripoli, où le colonel Kadhafi se comportait en maitre-corrupteur. «Nous touchons là le cœur de ce procès: le plausible» a lancé l'avocat de l'ancien ministre Eric Woerth. «Les accusations sont plausibles, possibles, envisageables, mais ce qui est envisageable n’est pas démontré.» Or la justice doit, selon l'ancien président, se baser sur des faits.

Argument 2: Aucun des co-accusés présents dans le box, parmi lesquels plusieurs de ses ex-collaborateurs, n'a craqué devant les juges pendant les trois mois d'audience. Aucun ne l'a désigné comme le commanditaire – ou le récipiendaire – de ce «pacte de corruption inconcevable, inouï, indécent» noué selon le PNF par Sarkozy et ses proches. «Cette chose peut vous paraître ridicule, mais lorsque Brice Hortefeux – ancien ministre de l'Intérieur – va en Libye, Nicolas Sarkozy n’est pas au courant. Il n’était pas informé» a asséné l'avocat de celui qui est aussi un ami de longue date. Sarko n'a pas été «protégé» par les siens. Il est juste innocent.

Argument 3: Les circuits financiers démontés par le PNF durant le procès, avec de nombreux détours par la Suisse, étaient le fruit d'intermédiaires problématiques, escrocs professionnels et corrupteurs patentés nommés Ziad Takieddine (en fuite, absent du procès) ou Alexandre Djouhri. Tous deux avaient leurs entrées à Tripoli. Le premier est connu pour avoir énormément menti. Le second, familier de l'Elysée sous Sarkozy, a largement profité à titre personnel de la manne libyenne. Il a aussi été celui qui a donné à l'austère Claude Guéant, ex-secrétaire général de la présidence, le goût de l'argent et des montages occultes. «Est-ce que le compte 'Cactus' a été ouvert pour recevoir l’argent de Nicolas Sarkozy? a questionné l'avocat de Thierry Gaubert, soupçonné d'avoir été l'un des receleurs. Non. L’objectif de ce compte, c’est la fraude fiscale.»

Rien à se reprocher

Nicolas Sarkozy n'a donc rien à se reprocher. Rien. La justice a enquêté, instruit et mené les débats à charge, s'appuyant, entre autres, sur des carnets d'officiels libyens connus pour être des manipulateurs professionnels. «Mes avocats ont parlé et bien parlé, et le contexte médiatique et politique est détestable» a-t-il lancé en conclusion, faisant référence aux charges répétées du Rassemblement national contre la justice, après le jugement rendu contre Marine Le Pen le 31 mars. «J'aurais eu envie de répondre à un réquisitoire politique et violent. Je ne le ferai pas, parce que je veux la vérité».

Et le bracelet électronique à la cheville de l'ancien président? Il est, selon lui, également le résultat d'une erreur judiciaire. La preuve: ce dernier a saisi, à ce sujet, la Cour européenne des droits de l'Homme.

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