En visio-meeting avec l'AfD
Les cinq raisons de l'offensive allemande d'Elon Musk

Le milliardaire américain est intervenu samedi 25 janvier à distance lors d'un meeting de l'AfD, le parti d'extrême droite allemand. Une offensive très économique.
Publié: 26.01.2025 à 21:08 heures
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Dernière mise à jour: 09:57 heures
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Elon Musk est intervenu en visio-conférence samedi 25 janvier lors d'un grand meeting électoral de l'AFD.
Photo: AFP
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Richard WerlyJournaliste Blick

Il veut voir l'AfD (Alternative für Deutschland) au pouvoir en Allemagne. Plus de doute possible. En intervenant en direct, en visioconférence, lors du meeting électoral du parti d’extrême droite allemand, samedi 25 janvier, Elon Musk a signé ses actes.

Il ne s’agit plus de mettre en garde les électeurs allemands, qui voteront le 23 février pour des législatives anticipées. Il s’agit bien de propulser à la Chancellerie (ou à la vice-chancellerie dans une coalition) Alice Weidel, la dirigeante de l’AfD qui vit en Suisse avec son épouse suissesse d’origine sri-lankaise. Mais pourquoi le géant de la tech, désormais chargé par Donald Trump de réformer le gouvernement fédéral américain, mise tant sur la République fédérale? Voici les 5 réponses: 

Elon Musk parle à Donald Trump

C’est ironique, mais l’offensive allemande du milliardaire est largement destinée à son patron politique: le président des Etats-Unis. Donald Trump est issu d’une famille d’origine allemande, de Karlstadt, dans le Palatinat, une région située à l’est de Francfort. Et Trump n’a jamais supporté, durant son premier mandat, les affronts répétés que lui a fait subir celle qui dirigeait alors la République fédérale: Angela Merkel. Elon Musk, en bon chien de garde de Trump – ce qu’il est devenu pour le moment – joue donc un règlement de compte à distance. Ce qui permet au locataire de la Maison-Blanche, qui déteste les voitures allemandes importées, de demeurer discret. Les deux hommes sont persuadés que, comme aux Etats-Unis avec le parti républicain, la CDU chrétienne démocrate va finir par se fondre avec l'AfD. Tino Chrupalla, co-leader du parti d'extrême-droite, était officiellement invité à l’investiture présidentielle à Washington le 20 janvier.

Elon Musk redoute les anti Tesla

Elon Musk, on le sait, rime avec Tesla. Le constructeur de voitures électriques y a ouvert en octobre 2021 une gigafactory (une usine géante) dans le Brandebourg, à proximité de Berlin. Une usine de batteries destinées aux Tesla est aussi dans ses cartons depuis plusieurs années. Or ni le parti social-démocrate, actuellement à la tête de la coalition sortante, ni la CDU chrétienne-démocrate, ne sont de grands soutiens de la firme américaine. Friedrich Merz, le candidat de la CDU que beaucoup considèrent comme bien placé pour remplacer Olaf Scholz à la Chancellerie, a des liens étroits avec l’industrie automobile allemande. Il vient de Rhénanie du Nord-Westphalie, l’un des bastions du secteur métallurgique. Pour mémoire, environ 800 entreprises automobiles (sous traitants inclus), emploient environ 200'000 personnes dans cette région. Tesla dans tout ça? Un concurrent, pas un partenaire.

Elon Musk vise Von der Leyen

Le milliardaire joue, en apportant son support à l’AfD, une partie de billard à trois bandes. Première bande: il s’assure, si l’AfD devait l’emporter (ce qui paraît très improbable, avec des sondages qui cantonnent ce parti autour de 20% et un engagement des autres formations à ne pas l’inclure dans une coalition), d’un lien direct avec l’exécutif du pays le plus puissant d’Europe. Seconde bande: il sécuriserait ainsi les futurs investissements de Tesla, mais aussi des commandes allemandes probables pour des lancements futurs de satellite par ses fusées Starship. La troisième bande est toutefois la plus sensible: ébranler Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne. Celle-ci se trouverait en effet en grande difficulté si l’AfD l’emporte et Elon Musk serait alors aux portes de Bruxelles.

Elon Musk croit à l’effet MAGA

Le propriétaire de Space X fonctionne par analogie. Né en Afrique du Sud au temps de l’apartheid, arrivé au Canada à la fin de son adolescence, puis immigré aux Etats-Unis, Elon Musk ne connaît pas l’Europe. Pour lui, le Vieux Continent est la réplique vieillotte des Etats-Unis. Il suffit donc de surfer sur la vague pour obtenir les mêmes résultats. On le voit d’ailleurs dans ses slogans. 

Au lieu de MAGA, le fameux «Make America Great Again», Musk emploie maintenant MEGA, pour «Make Europe Great Again». Son pari est celui de l’uniformisation des électeurs et du mimétisme des partis de droite, dans un contexte de nouveau marqué en Allemagne par la montée de l'insécurité avec une nouvelle attaque au couteau le 22 janvier à Aschaffenbourg (perpétrée par un immigré expulsable). Le monde de Musk ignore les spécificités culturelles et historiques.

Elon Musk n’a pas honte du Troisième Reich

Il fallait quand même le faire: soutenir l’AfD, parti aux relents néonazis, deux jours avant la commémoration du 80e anniversaire de la libération par les alliés du camp d’extermination d’Auschwitz-Birkenau le lundi 27 janvier. Et bien, Elon Musk s’en moque. Est-ce un héritage de son histoire? Plusieurs enquêtes parues aux Etats-Unis ont ouvertement posé la question. 

Le magazine «The Atlantic» a pointé son grand-père canadien, Joshua Aldeman, le grand-père antisémite et partisan de l’apartheid d’Elon Musk. «Le milliardaire l’a décrit comme un aventurier qui prenait des risques. Une lecture plus attentive de l’histoire révèle quelque chose de bien plus sombre», écrivait en 2023 «The Atlantic», en insistant sur l’antisémitisme du personnage. «Lui et sa femme soutenaient Hitler et tout ce genre de choses», poursuit l'article. Après son bras tendu qui a tant fait réagir, Elon Musk a riposté sur X: «Les attaques «tout le monde est Hitler» sont fatigantes.» Vraiment si fatigantes?

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