En couple avec une Sri-lankaise
L'orientation sexuelle d'Alice Weidel place l'AfD dans un dilemme politique

L'AfD l'a réaffirmé lors de son congrès: une famille doit être composée d'un «père, d'une mère et de leurs enfants». Le parti d'extrême droite se retrouve ainsi dans l'embarras, puisque la candidate à la chancellerie, Alice Weidel, est ouvertement lesbienne.
Publié: 14:02 heures
Alice Weidel vit avec sa partenaire suisse, Sarah Bossard. En 2023, elles ont participé à la fête de l'UDC zurichoise de l’Albisgüetli.
Photo: keystone-sda.ch
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Guido Felder

Samedi, dans la petite ville allemande de Riesa, l'AfD a élu sa cheffe, Alice Weidel, comme candidate à la chancellerie, avec une standing ovation. Pourtant, tous les membres du parti d'extrême droite ne la soutiennent pas totalement. Un point en particulier a fait – et fera – probablement encore parler de lui. L'AfD promeut une image traditionnelle de la famille et s'en prend principalement aux étrangers, les accusant d'être les parasites de l'Europe. Paradoxe: Alice Weidel est en couple avec une femme originaire du Sri Lanka.

La plupart des thèmes du programme électoral du parti n'ont pas été contestés lors de son congrès, qui a duré deux jours. En font partie:

  • L'interdiction des minarets et des appels à la prière du muezzin

  • L'interdiction du port du foulard dans les établissements publics, notamment les écoles

  • L'allocation citoyenne (prestation minimale pour les chômeurs) pour les étrangers, seulement après dix ans de travail

  • Le remplacement de l'OTAN par une alliance militaire européenne

  • La reprise des importations de gaz russe

  • La «remigration» des étrangers

  • La construction de nouvelles centrales nucléaires

  • L'introduction du service militaire obligatoire

Pour une «famille traditionnelle»

Dans leur programme de base, les membres de l'AfD critiquent violemment l'homosexualité ainsi que la transidentité et s'opposent à la «sexualisation précoce» et à l'inclusion «à tout prix». L'AfD défend la «famille traditionnelle», bien qu'il y ait un désaccord sur le terme «traditionnel». Lors du congrès du parti, la commission des motions l'a défini de manière relativement ouverte, à savoir qu'une famille est généralement synonyme de «sécurité, confiance, soins mutuels, protection et soutien».

Une formulation qui pourrait alors être adaptée au modèle familial d'Alice Weidel. Alice Weidel vit en partenariat enregistré avec sa compagne Sarah Bossard, originaire du Sri Lanka et directrice de production de films et de télévision en Suisse. Elles élèvent ensemble deux fils.

«Le seul parti à protéger les homosexuels contre les migrants»

Mais ce modèle familial ne convient pas à tous les membres du parti. Alors que le groupe parlementaire de l'AfD au Bundestag se bat pour l'abolition du mariage pour les couples de même sexe. Deux motions allant dans le même sens ont également été adoptées lors du congrès du parti: une famille doit être composée «d'un père, d'une mère et d'enfants». 

La critique de l'orientation sexuelle d'Alice Weidel n'a jusqu'à présent jamais été exprimée publiquement. Le dilemme n'est abordé qu'indirectement. Tino Chrupalla, co-chef de l'AfD, l'a qualifiée de «femme traditionnelle» lors d'une interview avec RTL et N-TV. Il n'a toutefois pas répondu à la question de savoir pourquoi elle correspondait au programme de l'AfD, malgré son homosexualité.

«
Il ne faut pas se laisser berner par une candidate lesbienne, même si elle est de premier plan
Association pour la diversité queer (LSVD)
»

Alice Weidel elle-même s'est exprimée sur le sujet, lors d'un discours de campagne électorale il y a sept ans. Elle avait alors déclaré que c'était justement à cause de son homosexualité qu'elle avait rejoint l'AfD. En effet, l'AfD serait selon elle «le seul parti à protéger les homosexuels contre les agressions et le harcèlement des migrants». De telles déclarations suscitent l'incompréhension totale de l'Association pour la diversité queer (Verband Queere Vielfalt - LSVD). Elle écrit que malgré la présence d'Alice Weidel au sein de l'AfD, le parti ne se détourne pas de son programme homophobe et qu'il ne faut pas «se laisser berner par une candidate lesbienne, même si elle est de premier plan».

Le dilemme demeure. Ainsi, le délégué de l'AfD à Hambourg, Krzysztof Walczak, a déclaré, en faisant référence à Alice Weidel, que la promotion d'un modèle familial n'impliquait pas forcément le rejet d'autres modèles. Les membres de l'AfD pourrait même faire de ce dilemme un argument pour écarter d'office les accusations d'homophobie, de racisme ou de misogynie. 

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