Cette élection présidentielle américaine n’aurait pas du avoir lieu. Du moins pas comme ça. Et peut-être pas entre les deux candidats qui s’affrontent dans les urnes ce 5 novembre: Donald Trump et Kamala Harris. Retour sur une incroyable série de ratés qui ont précipité les Etats-Unis dans une crise politique sans précédent. Question: ce scrutin va-t-il permettre d’en sortir? Ou va-t-il l’aggraver?
Le raté de Joe Biden
Donald Trump a sans doute cru, un instant, que l’affaire était entendue et que cette élection présidentielle ne pouvait plus lui échapper. Nous sommes le 27 juin 2024 devant les caméras de la chaîne NBC News. Joe Biden a jusque-là promis de «finir le job» lors d’un second mandat.
Chaque matin jusqu’à la mi-novembre, je prends pour vous le pouls de l’Amérique. Un rendez-vous écrit sur le terrain, là où se joue le duel entre Donald Trump et Kamala Harris.
Et pas n’importe quel terrain: d’ici au 5 novembre, date de l’élection présidentielle, c’est sur les routes, entre Chicago, où Kamala Harris a été investie par la convention démocrate à la mi-août, et Mar-a-Lago, le fief de Donald Trump en Floride, que je rédigerai ces chroniques matinales en cinq points. En plus: une série de reportages à ne pas manquer et des vidéos et photos de mon collègue Pierre Ballenegger.
Vous faites partie de ceux qui pensent que notre avenir se joue aussi le 5 novembre, de l’autre côté de l’Atlantique? Alors ne ratez pas ces chroniques. Partagez-les. Et réagissez!
Chaque matin jusqu’à la mi-novembre, je prends pour vous le pouls de l’Amérique. Un rendez-vous écrit sur le terrain, là où se joue le duel entre Donald Trump et Kamala Harris.
Et pas n’importe quel terrain: d’ici au 5 novembre, date de l’élection présidentielle, c’est sur les routes, entre Chicago, où Kamala Harris a été investie par la convention démocrate à la mi-août, et Mar-a-Lago, le fief de Donald Trump en Floride, que je rédigerai ces chroniques matinales en cinq points. En plus: une série de reportages à ne pas manquer et des vidéos et photos de mon collègue Pierre Ballenegger.
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Dès le 12 mars, soit bien avant la fin des primaires du parti démocrate le 8 juin, le locataire de la Maison-Blanche a obtenu le soutien de son camp malgré son âge, 81 ans, et sa fatigue de plus en plus apparente lors de ses déplacements officiels. Jusqu'à ce que tout s’écroule en direct.
Ce 27 juin, Joe Biden bafouille, cherche ses mots, tourne ses yeux dans le vide. Trump jubile. Ses coups ont porté. Biden est à terre. Il ne se relèvera pas. Son retrait intervient le 21 juillet, via une lettre adressée à ses concitoyens.
Le raté des primaires démocrates
L’image est forte. Elle a, à coup sûr, fait douter Donald Trump, investi par le Parti républicain lors de la convention de Milwaukee, le 18 juillet, soit trois jours avant le retrait de Joe Biden. Un mois plus tard, à la mi-août, Kamala Harris est portée aux nues par le parti démocrate lors de la convention de Chicago.
Un triomphe. Sauf que le compte démocratique n’y est pas. Les primaires du parti n’ont pas pu avoir lieu, puisqu’il y a eu changement de candidat. Le gouverneur de Californie Gavin Newsom, qui aurait sans doute eu sa chance face à Kamala Harris, cache mal son amertume.
Le couple Obama fait grise mine. Et ce faisant, les républicains ont trouvé un argument massue pour répondre à ceux qui reprochent à Trump de ne pas être un démocrate: lui, au moins, a gagné haut la main les primaires de son parti.
Le raté de Trump à New-York
Donald Trump et les siens sont allés trop loin. Devant 20'000 fans réunis au Madison Square Garden, temple de sa ville de New-York, l’ancien président pulvérise toutes les limites de la décence politique le 27 octobre. Les insultes fusent. Un comique trumpiste traite Porto Rico «d’île remplie d’ordures».
Une fois n’est pas coutume, Trump fera d’ailleurs machine arrière, sans aller toutefois jusqu’à présenter des excuses. Quelques jours plus tôt, le journaliste Bob Woodward a révélé dans son dernier livre «War» que l’ex-chef de l'Etat avait vanté la «loyauté» des généraux d’Hitler devant ses propres généraux. Bien plus qu’une caricature.
Le raté de Jill Stein
Qui est Jill Stein, 74 ans? Beaucoup d’entre vous n’ont sans doute jamais entendu parler d’elle.
La candidate écologiste à la présidentielle américaine a pourtant déjà concouru deux fois pour la Maison-Blanche: en 2012 et surtout en 2016, lorsque Donald Trump a battu Hillary Clinton par 304 grands électeurs contre 227 (bien que celle-ci ait remporté le vote populaire avec plus de trois millions de voix).
Or Jill Stein est sur les bulletins de vote dans la plupart des Etats américains en 2024. Au total, les Etats où sa candidature a été retenue comptent pour 437 voix sur 538 au collège électoral qui élit le président.
Jill Stein est en lice dans six des sept États clés (sauf le Nevada). Si Kamala Harris est battue sur le fil par Trump, le nombre de ses voix sera aussitôt dans le viseur des démocrates.
Le raté de Mélania Trump
Melania Trump a sorti un livre de mémoires au début du mois d’octobre. L’épouse du candidat républicain, née en Slovénie, y défend le droit à l’avortement que son mari se vante d’avoir considérablement restreint au niveau fédéral, puisque ce sont désormais aux Etats de décider. Imaginez ce qui se serait passé si Melania était allée plus loin, confrontant publiquement son milliardaire de mari?
Beaucoup de femmes américaines, enregistrées comme électrices républicaines, auraient sans doute surfé sur cette prise de parole pour prendre leurs distances avec le candidat de leur parti. Seulement voilà, Mélania s’est tue. Et elle était présente aux côtés de son époux lors de son meeting au Madison Square Garden.
Restent ses phrases, écrites et publiées: «Il est impératif de garantir que les femmes puissent décider en toute autonomie d’avoir des enfants, en fonction de leurs propres convictions, sans intervention ni pression du gouvernement. Pourquoi quelqu’un d’autre que la femme elle-même devrait-il avoir le pouvoir de déterminer ce qu’elle fait de son propre corps?»