«Prenez nos vies au sérieux!» Les mots disent l’inquiétude ambiante dans le camp démocrate. Ils sont de Michelle Obama, l’épouse de l’ancien président, venue soutenir Kamala Harris ce samedi 26 octobre à Kalamazoo dans le Michigan, l’un des sept Etats clés dont l’issue électorale décidera du résultat de la présidentielle du 5 novembre.
Nos vies? Celles des femmes américaines bien sûr, dont le droit à disposer de leur corps est remis en cause par Donald Trump et le parti Républicain, pour qui le droit à l’avortement doit être du ressort des Etats et non un droit fédéral, sur l’ensemble du territoire des Etats-Unis, comme en avait décidé le 22 janvier 1973, la promulgation de l’arrêt «Roe vs Wade» de la Cour Suprême.
Chaque matin jusqu’à la mi-novembre, je prends pour vous le pouls de l’Amérique. Un rendez-vous écrit sur le terrain, là où se joue le duel entre Donald Trump et Kamala Harris.
Et pas n’importe quel terrain: d’ici au 5 novembre, date de l’élection présidentielle, c’est sur les routes, entre Chicago, où Kamala Harris a été investie par la convention démocrate à la mi-août, et Mar-a-Lago, le fief de Donald Trump en Floride, que je rédigerai ces chroniques matinales en cinq points. En plus: une série de reportages à ne pas manquer et des vidéos et photos de mon collègue Pierre Ballenegger.
Vous faites partie de ceux qui pensent que notre avenir se joue aussi le 5 novembre, de l’autre côté de l’Atlantique? Alors ne ratez pas ces chroniques. Partagez-les. Et réagissez!
Chaque matin jusqu’à la mi-novembre, je prends pour vous le pouls de l’Amérique. Un rendez-vous écrit sur le terrain, là où se joue le duel entre Donald Trump et Kamala Harris.
Et pas n’importe quel terrain: d’ici au 5 novembre, date de l’élection présidentielle, c’est sur les routes, entre Chicago, où Kamala Harris a été investie par la convention démocrate à la mi-août, et Mar-a-Lago, le fief de Donald Trump en Floride, que je rédigerai ces chroniques matinales en cinq points. En plus: une série de reportages à ne pas manquer et des vidéos et photos de mon collègue Pierre Ballenegger.
Vous faites partie de ceux qui pensent que notre avenir se joue aussi le 5 novembre, de l’autre côté de l’Atlantique? Alors ne ratez pas ces chroniques. Partagez-les. Et réagissez!
Être une femme noire, candidate à la présidence de la première puissance mondiale: et si tel était, à une semaine de l’échéance du 5 novembre, le principal obstacle pour Kamala Harris, qui vient de fêter ses soixante ans? La réponse est probablement oui. Et ce, pour cinq raisons qui pèseront lourd dans les urnes.
Une femme présidente? Le fantôme d’Hillary
Nous sommes le 28 juillet 2016. Aux côtés de Bill, son mari qui fut président des Etats-Unis de 1993 à 2001, Hillary Rodham Clinton, 69 ans, accepte la nomination du parti démocrate, qui a choisi de l’investir. On connaît la suite: donnée ultra-favorite par les sondages face à Donald Trump – alors outsider – l’ancienne sénatrice de New York (2001-2009), devenue secrétaire d'Etat sous la première présidence de Barack Obama, trébuche au final devant le collège électoral.
Pas moins de 306 grands électeurs pour Trump, contre 232 pour celle qui a pourtant remporté le vote populaire avec 2,9 millions de voix d’avance (65,8 millions contre 62,9 millions). Un redoutable précédent pour Kamala Harris qui, pour l'heure, serait légèrement distancée dans les enquêtes d'opinion chez les hommes (53% pour Trump) et chez les Blancs (51%) selon Pew research.
Une femme présidente? Une cible pour Trump
Donald Trump ne s’est jusque-là jamais attaqué au sexe de Kamala Harris. Et ce pour une raison simple: le candidat républicain a, lui aussi, grandement besoin du vote des femmes pour se faire élire le 5 novembre.
Mais à chaque fois qu’il le peut, l’ancien président américain fustige le «caractère» de son adversaire. Trump est même allé jusqu'à dire que Harris ne disposait pas du quotient intellectuel (QI) nécessaire pour diriger le pays.
Trump a aussi moqué la couleur de la peau de Kamala Harris, estimant qu’elle a toujours été «indienne» (l’Inde est le pays de sa mère) et qu'elle est «devenue noire». Des comités de campagne républicains ont, eux, ouvertement mis en garde contre le risque «d’instabilité psychologique» d’une femme présidente.
Une femme présidente? Des sondages inquiétants
Preuve de l’importance de la question féminine, la BBC vient de publier une enquête à ce sujet. Selon la chaîne britannique, «Donald Trump jouit d’une avance considérable parmi les hommes, tandis que les femmes disent aux sondeurs qu’elles préfèrent Kamala Harris.» Et d'ajouter: «L’écart entre les hommes et les femmes reflète une décennie de bouleversements sociaux et pourrait décider de l’issue des élections américaines.»
Résultat: «Pour la première femme de couleur à obtenir une nomination présidentielle, Kamala Harris se donne beaucoup de mal pour ne pas mettre en avant son identité.» La BBC conclut: «La campagne de Kamala Harris ne le dira pas publiquement, mais beaucoup redoutent un «sexisme caché» qui dissuaderait certaines personnes de voter pour une femme à l’élection présidentielle.»
La question de l’avortement fracture bien sûr l’opinion. Selon l’Institut Pew research, 63% des femmes américaines sont pour l’interruption volontaire de grossesse, tandis que 33% y sont opposées.
Une femme présidente? Oui, mais noire…
Kamala Harris doit, pour être élue le 5 novembre, réaliser une double prouesse. D'une part, elle doit convaincre les 260 millions d’électeurs américains de plus de 18 ans (dont 41 millions votent en 2024 pour la première fois) qu’une femme peut diriger le pays pour la première fois depuis la déclaration d’indépendance du 4 juillet 1776.
D'autre part, elle doit persuader toutes les communautés qu’elle sera le «Commandant en chef» de tous. Ce quelle que soit la couleur de leur peau et leur origine.
Une victoire de l’actuelle vice-présidente le 5 novembre, alors qu’elle a été désignée candidate qu’à la suite du retrait de Joe Biden à la fin juillet, serait donc une performance sans précédent. Sa défaite, en revanche, laisserait sans doute des blessures entre communautés, surtout en raison du soutien dont bénéficie Donald Trump chez les Américains d’origine hispanique et asiatique.
Une femme présidente? La rébellion masculine
Les activistes du parti démocrate que nous avons rencontrés sur notre route depuis Chicago nous l’ont tous confirmé, et Michelle Obama l’a redit lors de son meeting commun à Kalamazoo ce samedi, avec Kamala Harris: il faut impérativement que leur candidate obtienne le soutien des hommes noirs américains, et celui des femmes républicaines modérées, défenseures du droit à l’avortement.
Or souvent, les hommes rechignent. La rhétorique virile et masculiniste de Trump paie au sein d’un public peu éduqué. Le candidat républicain est allé jusqu’à se moquer de Tim Walz, le colistier de Kamala Harris, pour avoir obligé les écoles publiques à fournir des tampons hygiéniques à leurs élèves filles. Il lui a donné un surnom: «Tampon Tim». Autant dire que tout est permis.