A une semaine de l’élection présidentielle américaine, le «New York Times» fait une révélation qui ne manquera pas de faire réagir outre-Atlantique. Une note circulant parmi au moins une demi-douzaine de conseillers de l’ancien président Donald Trump recommanderait au milliardaire, en cas de nouvelle élection, de passer outre les vérifications traditionnelles des antécédents par les forces de l’ordre. Avant d’accorder immédiatement des habilitations de sécurité à un grand nombre de personnes nommées par ses soins.
Cette proposition serait défendue par un petit groupe influent comprenant Boris Epshteyn, l’un des principaux conseillers juridiques de l’ancien président républicain. Celui-ci aurait joué un rôle important dans son élaboration, avancent en substance nos confrères, citant trois sources.
S’il n’est pas certain que Donald Trump ait pris connaissance de cette suggestion ou qu’il soit enclin à l’adopter, cette dernière lui permettrait néanmoins d’installer rapidement des fidèles à des postes sensibles sans les soumettre aux vérifications longues et intrusives des antécédents par le FBI. Un modus operandi, s’il devait être entériné, qui augmenterait potentiellement les risques que des personnes ayant des antécédents problématiques ou des liens avec d’autres pays se voient confier des rôles décisifs à la Maison Blanche.
Contourner les obstacles
Pour mémoire, ces fameuses vérifications avaient fait échouer les habilitations d’un certain nombre d’assistants pendant la présidence de Donald Trump. À commencer par celle de son gendre, Jared Kushner, mais aussi celle de Boris Epshteyn lui-même.
Dans les faits, la note soufflerait d’utiliser des enquêteurs du secteur privé pour vérifier les antécédents des personnes nommées par Donald Trump pendant la période de transition, en supprimant le rôle traditionnellement joué par les agents du FBI. Ensuite, une fois que l’homme d’affaires aura prêté serment, il devrait approuver sommairement l’accès des individus promus aux secrets classifiés.
Le «New York Times» a confronté à ces éléments Steven Cheung, porte-parole de la campagne du camp conservateur. Le communicant répond en attaquant la vice-présidente Kamala Harris, affirmant qu’elle et les démocrates «ont utilisé le ministère de la Justice comme une arme pour attaquer le président Trump et ses partisans» et que Donald Trump utiliserait «les pleins pouvoirs de la présidence» pour mettre en place son administration à partir du jour de l’investiture.
Vives inquiétudes
Toujours selon nos confrères, un certain nombre de conseillers de Donald Trump — et l’ancien président lui-même — se méfient des vérifications d’antécédents pour les habilitations de sécurité. Tous estimeraient que le processus est conçu pour rendre difficile la contestation des résultats et que les éléments d’information personnels fournis au cours de l’enquête risquent d’être diffusés ultérieurement avec son lot de conséquences néfastes. Donald Trump dénonce depuis longtemps le FBI comme faisant partie d’une conspiration de l'«Etat profond» visant à lui nuire.
La messe est dite? «Un changement qui permettrait à un président ayant déjà bafoué les normes et les règles relatives à la manipulation de documents classifiés de contourner encore davantage les garde-fous existants soulèverait de nouvelles questions quant à l’adéquation du système de protection des secrets de la sécurité nationale», avertit le quotidien américain de référence.