Vladimir Poutine célèbre son anniversaire au moment où l'académie des prix Nobel a récompensé vendredi le militant biélorusse emprisonné Ales Beliatski et un centre ukrainien de défense des libertés, un prix hautement symbolique en pleine offensive russe en Ukraine.
En Russie, les membres de l'élite russe se sont succédé pour multiplier les déclarations laudatrices et dithyrambiques sur Vladimir Poutine, sans jamais faire référence aux récentes défaites militaires russes sur le front ukrainien ou l'isolement croissant de Moscou, visé par une pluie de sanctions.
«Dieu vous a placé au pouvoir pour que vous puissiez effectuer une mission d'une importance particulière et d'une grande responsabilité pour le sort du pays et de son peuple», s'est enthousiasmé le patriarche Kirill, appelant à des prières pour la santé du président russe. Il a salué un «dirigeant national, loyal à sa Patrie», alors que Vladimir Poutine a revendiqué la semaine dernière l'annexion de quatre régions ukrainienne occupées au moins en partie par les troupes russes.
«Que l'aide de Dieu vous soit grande», a conclu Kirill, en souhaitant à Vladimir Poutine, au pouvoir depuis plus de 22 ans et qui peut se maintenir jusqu'en 2036, «des forces physiques et morales pour beaucoup d'années». Le patriarche Kirill, chef des orthodoxes russes depuis 2009, a mis son Eglise au service du pouvoir de Vladimir Poutine et l'avait déjà qualifié en 2012 de «miracle».
Une des personnalités les plus influentes
Si Vladimir Poutine a l'habitude pour son anniversaire d'aller cueillir des champignons et de se promener dans la taïga avec son ministre de la Défense Sergueï Choïgou, cette année, le conflit en Ukraine semble avoir tiré un trait sur ces plans.
Dans l'après-midi, Vladimir Poutine doit réunir les dirigeants de la Communauté des Etats indépendants, une organisation qui rassemble plusieurs pays d'ex-URSS, dans un palais de Saint-Pétersbourg, sa ville natale, pour un «sommet informel», selon le Kremlin. Avant cette rencontre, les responsables russes se sont empressés de féliciter Vladimir Poutine.
L'autoritaire dirigeant tchétchène Ramzan Kadyrov a publié un message sur Telegram félicitant le «dirigeant de tout un peuple» et «l'une des personnalités les plus influentes et exceptionnelles de l'époque contemporaine».
Ramzan Kadyrov, allié turbulent de Vladimir Poutine, accusé de multiples exactions en Tchétchénie, a été promus général de l'armée russe mercredi par Vladimir Poutine, le jour de son propre anniversaire. Vladimir Poutine «a transformé la Russie en l'une des puissances mondiales les plus fortes. Ni l'Occident collectif, ni l'Europe, ni d'autant plus l'Ukraine ne peuvent aujourd'hui contester ce fait évident», a poursuivi en éloges Ramzan Kadyrov.
Le président de la chambre basse du Parlement, Viatcheslav Volodine, a lui publié sur Telegram un portrait dessiné du président russe en proclamant: «s'il y a Poutine, il y a la Russie». Les dirigeants des territoires ukrainiens annexés par Moscou y sont aussi allé de leur compliment, le dirigeant séparatiste Denis Pouchiline exprimant son «immense gratitude» pour l'offensive en Ukraine et souhaitant «de nouvelles victoires au nom de la grande Russie».
Mécontentement de l'élite russe
Le chef de l'occupation russe à Zaporijjia, Evguéni Balitski, s'est lui félicité d'un «avenir stable et sûr pour nos enfants», malgré les combats qui battent leur plein. Si les responsables russes ne critiquent par principe jamais Vladimir Poutine, des signes de mécontentement sont récemment apparus au sein de l'élite russe face aux défaites en Ukraine.
Ramzan Kadyrov a ainsi critiqué le commandement militaire après la perte du noeud logistique de Lyman dans l'Est et un haut responsable parlementaire Andreï Kartapolov, a appelé publiquement l'armée à «arrêter de mentir» sur ses revers.
Plusieurs officiels et propagandistes ont aussi critiqué la manière chaotique et aléatoire dont est menée la mobilisation partielle décrétée par Vladimir Poutine, mais ici aussi sans s'en toutefois prendre au chef de l'Etat. Cette mobilisation a poussé des dizaines de milliers de Russes vers l'exil.
Selon l'institut indépendant Levada, 77% des Russes approuvaient l'action de Vladimir Poutine en septembre, soit une baisse sensible de 6 points par rapport au mois précédent.
(AFP)