Pendant deux ans, Julia Mendel a été la porte-parole du président ukrainien Volodymyr Zelensky. Elle a quitté ses fonctions à l’été 2021. Elle se confie désormais sur son temps passé aux côtés de l’homme qui mène l’Ukraine à travers la guerre. Elle revient également sur l’unique rencontre entre son président et le chef du Kremlin. Julia Mendel était présente et connaît certains détails très secrets.
Les deux pays sont en guerre. Mais avant l’invasion russe de l’Ukraine, les deux dirigeants s’étaient rencontrés le 9 décembre 2019 à Paris, avec pour objectif des pourparlers de paix. La chancelière allemande de l’époque, Angela Merkel, et le président français Emmanuel Macron étaient aussi de la partie.
«Poutine s’est présenté comme un dictateur»
Julia Mendel se rappelle cette unique rencontre. «Poutine renvoyait une image d’homme fort, de dictateur, parce qu’il était au pouvoir depuis longtemps déjà. Mais lorsque je l’ai observé négocier, nous avons retenu notre souffle, car nous avions l’impression qu’il s’agissait du destin de l’Ukraine», raconte-t-elle à «Blid».
Il y a trois ans, le chef du Kremlin avait tout «d’un dictateur redoutable». Elle précise: «Il était mal à l’aise lors des négociations. Il répétait ses propres fake news, sa propre propagande. Lorsqu’il s’agissait de franchir des étapes logiques dans les négociations, il n’en était pas capable parce que personne ne l’avait contredit pendant 24 ans.»
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Zelensky s’est montré tenace
Au moment de l’entretien, Volodymyr Zelensky était en poste depuis six mois seulement. «Il n’était pas agressif, mais tenace. Il répétait diplomatiquement les mêmes points. Lorsque Vladimir Poutine insistait avec ses fake news ou de la propagande, Zelensky répondait: 'Peut-être que vous ne comprenez pas ce que je veux dire… Ou peut-être que je n’ai pas été clair. Permettez-moi de répéter'», décrit l’ancienne porte-parole.
«Je pense qu’après cela, Poutine n'a plus pu rencontrer Zelensky. Il n’était pas disposé à débattre. Il passait son temps à demander des informations à ses conseillers», précise-t-elle. Lors des négociations de paix de l’époque, il n’aurait cessé de répéter: «Nous n’avons pas ces informations, nous devons vérifier cela pour la prochaine fois.» Mais il n’y a jamais eu de prochaine fois.
L’ancienne porte-parole de Zelensky se souvient également de l’attitude de Poutine: «Il baissait les yeux, on voyait qu’il était mal à l’aise tout le temps.»