L'armée ukrainienne continue d'avancer
«C'est officiel. La dé-occupation de la région de Lougansk a commencé»

Kiev a revendiqué de nouvelles victoires militaires sur l'armée russe, cette fois-ci dans l'est, tandis que le Kremlin assurait vouloir reconquérir le terrain perdu dans les régions ukrainiennes dont il revendique l'annexion malgré sa série de revers.
Publié: 05.10.2022 à 15:28 heures
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Des soldats ukrainiens sur un blindé près de Lyman, dans la région de Donetsk, le 4 octobre 2022
Photo: ANATOLII STEPANOV

Mercredi, le gouverneur ukrainien de la région de Lougansk (est), jusqu'ici sous le contrôle quasi-total de Moscou, a revendiqué une percée. «Maintenant, c'est officiel. La dé-occupation de la région de Lougansk a commencé. Plusieurs localités ont déjà été libérées de l'armée russe», a déclaré Sergiï Gaïdaï dans une vidéo postée sur Telegram, sans plus de précisions.

Mardi, l'Ukraine avait déjà revendiqué une percée dans le nord de la région méridionale de Kherson, tandis que la quasi-totalité de la région de Kharkiv (nord-est) apparaît désormais sous contrôle ukrainien, ouvrant la voie vers celle de Lougansk, bastion des séparatistes installées par Moscou depuis 2014.

Ces territoires resteront russes «pour toujours»

Après un mois de revers militaires et l'annonce de la mobilisation de centaines de milliers de réservistes russes, Vladimir Poutine a de son côté signé mercredi la loi actant l'annexion au sein de la Fédération de Russie, décidée formellement vendredi, des quatre régions de Donetsk, Lougansk, Kherson et Zaporijjia. Son porte-parole, Dmitri Peskov a assuré que ces territoires resteraient russes «pour toujours», et que Moscou allait regagner le terrain perdu à un rythme effréné depuis un mois. Ces territoires «seront repris», a-t-il assuré lors de son briefing quotidien.

Vladimir Poutine avait auparavant juré de tout faire pour défendre les zones annexées, quitte à utiliser des armes nucléaires, menace qui n'a arrêté ni la contre-offensive ukrainienne, ni les livraisons d'armes occidentales. L'armée russe avait reconnu à demi-mot des retraites mardi, en publiant des cartes des territoires qu'elle contrôle. Celles-ci montrent que Moscou a cédé toute une partie du nord de la région de Kherson et qu'elle avait quitté presque toute la rive orientale de la rivière Oskil, dernière zone de la région de Kharkiv qu'elle contrôlait encore.

Des dizaines de localités «libérées rien que cette semaine»

Un responsable des autorités d'occupation a cependant assuré que le repli russe dans le sud était tactique et temporaire. «Le regroupement sur le front dans les conditions actuelles permet de rassembler les forces et de porter un coup» aux troupes ukrainiennes, a affirmé ce responsable, Kirill Stremooussov, à l'agence russe Ria Novosti.

La veille, le président ukrainien Volodymyr Zelensky avait salué des avancées «puissantes», affirmant que des «dizaines de localités ont été libérées rien que cette semaine» dans les quatre régions dont Moscou revendique l'annexion. Dans l'est, la retraite de Kharkiv permet aux forces ukrainiennes de porter le combat plus à l'est, vers la région de Lougansk, par exemple en direction de la ville de Svatové.

Si les autorités russes ont dit le minimum sur ces revers, les correspondants de guerre de médias russes pro-pouvoir insistent sur leur ampleur. Nombre de commentateurs pro-Kremlin ont aussi critiqué l'armée russe. «C'est ainsi. Il n'y aura pas de bonnes nouvelles dans un avenir proche. Ni du côté du front de Kherson, ni désormais de celui de Lougansk», a commenté depuis Svatové mardi sur sa chaîne Telegram, Alexandre Kots, du journal Komsomolskaïa Pravda.

«On va les chasser»

Près de Lyman, noeud ferroviaire stratégique repris dans la région de Donetsk (est) le weekend passé, un parachutiste ukrainien croisé mardi par l'AFP a reconnu que lui et ses camarades étaient «très épuisés», mais déterminés à continuer. «On se repose un peu et on ira plus loin», a dit un jeune soldat barbu, «on va les chasser». Oleksandre, 31 ans, un para de la même unité, a expliqué que les combats avaient été «très durs», mais qu'il leur fallait «aller de l'avant».

Il a assuré ne pas craindre l'arrivée de renforts russes à la suite de la mobilisation de centaines de milliers de réservistes russes décrétée par Vladimir Poutine le 21 septembre pour tenter d'enrayer la spirale des défaites. «Leur mobilisation... Peu importe combien ils sont, ils n’ont pas vraiment très envie de nous combattre», a estimé le jeune militaire. Cette mobilisation s'est avérée chaotique, l'armée ayant choqué en convoquant des personnes inaptes, tandis que des foules de Russes ont préféré fuir le pays.

Joe Biden annonce un nouvel envoi américain d'équipements militaires

Sur le front diplomatique, le président américain Joe Biden a annoncé mardi un nouvel envoi américain d'équipements militaires, pour une valeur de 625 millions de dollars, dont quatre nouveaux systèmes de lance-roquette Himars, puissants et très appréciés par les Ukrainiens. De leur côté les Etats membres de l'Union européenne se sont mis d'accord mercredi sur une nouvelle série de sanctions contre des entités et des personnalités russes.

La Russie a elle réclamé mercredi de participer à l'enquête sur les fuites des gazoducs Nord Stream, la Suède, en charge des investigations, ayant bloqué l'accès à la zone de ce sabotage présumé située en mer Baltique. Moscou a sous-entendu que les Etats-Unis ont pu saboter ces tuyaux clés pour l'approvisionnement énergétique de l'Europe, quand les Occidentaux suspectent eux la Russie.

(AFP)

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