Une famille perd ses prestations complémentaires
«Tous les mois, nous finissons dans le rouge»

Alors que son budget était déjà serré, la famille B. reçoit désormais 683 francs en moins par mois. En cause, la révision de la loi sur les prestations complémentaires. La famille vit à quatre dans 3,5 pièces. Le père raconte sa situation.
Publié: 13.05.2024 à 11:34 heures
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Dernière mise à jour: 13.05.2024 à 12:24 heures
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La famille B. a vu ses prestations complémentaires réduites de moitié au début de l'année. (image symbolique)
Photo: imago/photothek
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Sarah Frattaroli

Chaque mois, Marco B.* (52 ans) doit choisir entre les factures qu'il pourra payer et celles qu'il devra reporter. «Nous finissons à chaque fois dans le rouge, il y a toujours un imprévu», explique cet habitant de Suisse centrale. Les prestations complémentaires (PC) de la famille B. ont été réduites de plus de la moitié, du jour au lendemain.

«J'envisage de chercher un deuxième emploi», nous explique Marco. Mais ce n'est pas si simple puisqu'il est déjà employé à 100%. Son épouse est bénéficiaire de l'AI. À la suite d'une crise d'épilepsie dans sa petite enfance, elle a des difficultés d'apprentissage et est trop lente pour le marché du travail régulier.

683 francs de moins par mois

Marco gagne moins de 4000 francs nets par mois. Malgré la rente AI de sa femme, son salaire ne suffit pas à entretenir sa famille, composée de deux enfants qui ne sont pas encore scolarisés. Il touche certes des prestations complémentaires. Mais celles-ci ont été massivement réduites au début de l'année, alors que sa situation financière n'a, pour sa part, pas changé. 

En cause, la réforme des PC 2021 qui, comme son nom l'indique, est entrée en vigueur cette année-là. Mais une période de transition de trois ans était prévue. Pendant ce créneau, les bénéficiaires de PC ont reçu le tarif le plus élevé pour eux. Ce sursis est désormais terminé. Depuis le 1er janvier de cette année, la nouvelle base de calcul s'applique sans exception.

La famille B. s'est donc appauvrie d'un coup de 683 francs par mois. Et ce, pour un budget familial déjà très serré. Blick dispose des feuilles de calcul de la caisse de compensation compétente, qui prouvent le cas.

Leurs amis n'en savent rien

Les parents et les deux enfants vivent à quatre dans un appartement de 3,5 pièces. «Un appartement de 4 pièces n'est pas envisageable», tranche Marco. La famille possède une vieille voiture. «Je ne l'utilise que lorsque je ne peux plus rentrer du travail en train tard le soir.»

Pour garantir l'anonymat de la famille, Blick ne révèle ni leur nom, ni leur lieu de résidence, ni l'âge des enfants, ni le travail de Marco. Car dans l'entourage privé et professionnel de la famille, personne ne sait ce qu'il en est de leur budget.

Pourquoi ne pas demander de l'aide? «La famille de mon côté est dans le même cas que moi, ils s'en sortent à peine», argumente Marco. L'argent est un sujet tabou. «Ils ne pourraient de toute façon pas m'aider et je subirais alors des remarques.» L'homme ne veut pas que l'on s'apitoie sur son sort et il ne veut être un fardeau pour personne.

Isolement social

Les difficultés financières de la famille la conduisent de plus en plus à l'isolement. «Mes amis veulent manger, boire ou faire la fête», soupire Marco. Lui n'a pas l'argent pour cela: il se retire et n'entretient que quelques amitiés via les réseaux sociaux. 

«Je me fais beaucoup de soucis, j'ai des angoisses existentielles», poursuit-il. D'autant plus que ses charges augmentent avec l'âge des enfants. «Aujourd'hui déjà, ils nous demandent parfois si nous ne pouvons pas aller au McDonald's de temps en temps. Nous leur disons alors que nous n'avons pas les moyens. Ils le comprennent.»

«Les enfants sont joyeux»

Les vacances ne sont plus à l'ordre du jour non plus depuis les réductions. Marco s'autorise quelques fois un petit luxe personnel: «De temps en temps, je joue au loto. Si je gagnais, cela résoudrait tous mes problèmes.» Mais il le sait, les chances sont infimes: «Je ne joue que rarement», précise-t-il, comme pour revenir à la réalité. 

Marco est conscient que d'autres familles doivent encore davantage se serrer la ceinture. «Les enfants sont en bonne santé et joyeux, cela vaut plus que l'argent!», relativise-t-il. 

*Nom modifié par la rédaction

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