«Nous sommes une famille spéciale. Ne serait-ce que par notre taille, mais aussi par notre façon de vivre», se confie Bea Hayoz, avec un rire accueillant. Il y a 14 ans, le «Beobachter» avait déjà fait le portrait de cette femme aujourd'hui âgée de 44 ans, de son mari Thomas et de leurs quatre enfants.
A l'époque, Thomas Hayoz venait de se mettre à son compte pour la deuxième fois. Bea s'occupait, en plus de ses propres enfants, de dix autres bambins à la maison et gagnait ainsi un complément de revenu. La famille vivait avec un budget relativement serré, mais avec beaucoup d'optimisme et d'assurance pour l'avenir: tout se passera bien.
Témoignages de familles en difficultés
Un cinquième enfant est né
Depuis, beaucoup de choses se sont passées: Thomas, 49 ans, a dû renoncer à son indépendance fin 2020. L'année de la pandémie, le couple a désiré avoir un autre enfant: leur petit dernier Linus est né il y a deux ans. Et il y a sept ans, ils ont hypothéqué leur maison de Siglistorf (AG) pour une troisième fois et ont ajouté un appartement indépendant à leur maison de huit pièces. Depuis, les parents de Thomas vivent sous le même toit.
«C'était mon souhait que nous puissions être là pour eux lorsqu'ils seront plus âgés. Il s'avère que ce nouveau foyer est un enrichissement pour nous tous», explique Bea Hayoz. Souvent, le couple et les enfants Ronja (22 ans), Tanja (bientôt 21 ans), Niels (19 ans), Monja (18 ans) et Linus (2 ans) se retrouvent autour d'un dîner avec mamie Ruth et papi Hannes. Les débats foisonnent et les avis divergent, mais toujours de manière harmonieuse.
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Vivre ensemble et aider les autres, voilà ce qui est important pour les Hayoz. «Notre maison est notre plaque tournante, et nous aimons être ensemble.» Tous les enfants y vivent encore. Et même pour les vacances, ils partent tous ensemble. «Nous remplissons notre bus, y accrochons la caravane... Et c'est parti», raconte Thomas.
Les enfants n'ont encore jamais pris l'avion. Les deux voitures électriques – l'électricité provient en partie du toit de la maison – pourraient être considérées comme un luxe, mais la famille en a besoin. «Quand on vit à la campagne, il faut toujours aller chercher quelqu'un quelque part», explique la mère.
Pas le droit à une bourse d'étude
La famille Hayoz fonctionne comme une sorte de communauté sur le plan financier: Thomas gagne la majeure partie du budget, Bea s'occupe de sa comptabilité. Ronja, assistante en pharmacie, et Niels, apprenti constructeur, donnent 20% de leur salaire à la maison. «Ces revenus couvrent à peu près l'argent de poche et les frais de transports publics des deux autres enfants qui sont encore en formation», précise Bea. Le loyer des parents de Thomas est également pris en compte dans le calcul global.
Le revenu imposable de la famille est estimé à 157'000 francs. «Mais ce revenu n'existe que sur le papier, car nous ne pouvons pas déduire de nombreux frais effectifs», explique Thomas Hayoz. Par exemple, les 16'000 francs annuels pour l'école de cinéma de Monja, 18 ans, car le canton ne reconnaît pas la formation.
Et la fille Tanja ne reçoit pas de bourse pour ses études à la haute école pédagogique, uniquement un prêt. Du côté des dépenses, outre les besoins du ménage (2000 francs par mois), les primes d'assurance maladie s'élèvent à 2200 francs par mois et l'électricité et l'eau à 5500 francs par an.
Les familles nombreuses sont souvent oubliées
Sur le plan financier, la famille est souvent à zéro à la fin du mois. Elle doit parfois demander un délai en cas de facture élevée. Certaines années, les Hayoz ne reçoivent des avantages que par le biais de la réduction des primes. L'argent pour de nouvelles lunettes ou des chaussures de ski doit être économisé ailleurs. «Mais ce n'est que de l'argent», se rassure Thomas. Les Hayoz n'ont pas peur de la pauvreté à l'âge de la retraite: «Nous ferons comme toujours: nous débrouiller d'une manière ou d'une autre», relativise Bea.
Le regard de son mari devient sérieux. «Une famille à partir de trois enfants passe sous les radars, on nous oublie souvent.» Il se caresse le ventre. «Mais tant que celui-ci est rond, nous nous portons extrêmement bien», rigole-t-il. Puis Bea de conclure: «Nous avons tout ce que nous avons toujours souhaité. Les enfants à qui nous pouvons offrir de bonnes formations, notre maison... tout cela est extrêmement beau!»